Polars en vrac (9)

Le début du printemps, c’est la saison des Quais du Polar, et donc le moment de lire quelques romans noirs ou policiers, genre vers lequel je reviens toujours volontiers, car le polar n’est pas tout à fait mort : clin d’œil au Bouquineur et son débat tout récent…
Commençons par des valeurs sûres. Le premier n’est pas du tout une nouveauté :

John Harvey, Les années perdues, éditions Rivages poche, 1998, traduction de Jean-Paul Gratias, 460 pages.
« Darren connaissait la prison. Ou les IJD, du moins. Les institutions pour jeunes délinquants. Des centres comme Glen Parva où, si on ne trouvait pas un moyen de se foutre en l’air pendant les premiers mois, on avait de bonnes chances d’apprendre toutes les ficelles pour accéder au grand banditisme. »

Dans ce tome de la série consacrée à Charlie Resnick, un duo de jeunes délinquants, un peu bras cassés, montent des braquages de plus en plus violents, alors que d’autres braqueurs plus organisés mettent en échec la police depuis plusieurs mois. Mais ce qui inquiète le policier, c’est la probable sortie de prison de Prior, qu’il a arrêté, plus de dix ans auparavant, et qui pourrait nourrir des idées de vengeance, notamment envers Ruth, la femme dont il pense qu’elle l’a dénoncé.
Ambiance très jazz pour ce polar situé à Nottingham, en deux époques, années 1992 et 1981… comme d’habitude, c’est à la fois bien écrit, avec un art parfait des dialogues et des portraits incisifs, et très prenant. Je ne m’en lasse pas !

Michael Connelly, Les ténèbres et la nuit, éditions Calmann-Lévy, 2022, traduction de Robert Pépin, 450 pages.
« On dit souvent que quiconque veut connaître Los Angeles doit parcourir Sunset Boulevard du centre-ville à la plage. C’est par cet itinéraire que le voyageur peut découvrir tout ce qui fait la ville : sa culture et ses gloires aussi bien que ses nombreux échecs et fissures. »

Le dernier en date des romans de Michael Connelly avec un Harry Bosch retraité mais toujours efficace pour seconder sa collègue Renée Ballard. Celle-ci occupe un poste de nuit et mène de front deux affaires : un mort par balle lors des tirs du Nouvel An, il avait la particularité, si l’on peut dire, d’avoir payé pour quitter ue organisation mafieuse. L’autre affaire est celle des « Hommes de minuit », violeurs en duo récidivistes. Leur dernière victime va peut-être pouvoir permettre de voir ce qui relie ces femmes, ou pas.
Ces deux affaires permettent aux deux policiers d’exercer leur sagacité, sur fond de crise du Covid, mais obligent Renée à aller contre les ordres de son supérieur direct.
Un bon polar, qui se dévore, mais j’avais pressenti l’une des résolutions avec un peu trop d’avance…

Carlo Lucarelli, Péché mortel, éditions Métailié, mars 2023, traduction de Serge Quadruppani, 256 pages.
« – Allez, dit-il, au point où on en est, jetons un coup d’œil. Cherchons une hache et une veste. Et une tête.
Ils ne trouvèrent rien, ni hache, ni veste, ni tête. »

Bologne, juillet 1943. Les unes du quotidien Il Resto del Carlino débutent chaque chapitre et situent bien ainsi les temps troublés et les événements qui se succèdent : débarquement en Sicile, chute de Mussolini, bombardements sur Bologne… Pourtant, le commissaire De Luca, contrairement à sa fiancée, reste assez imperméable à la politique et se concentre sur l’affaire d’un corps sans tête retrouvé dans une maison lors d’une perquisition. Sa ténacité lui permet d’avancer dans ses investigations, même contre l’avis de son supérieur, mais toujours pas de tête ! Et lorsqu’enfin, il en trouve une, elle ne correspond pas au corps.
J’avais déjà lu un roman de Carlo Lucarelli, de la série qui se passait au XIXème siècle en Erythrée, je découvre ce nouvel enquêteur avec le deuxième roman de la série, mais qui revient sur ses débuts. Le contexte historique et les personnages sont passionnants, je me suis peut-être un peu désintéressée de l’enquête à un certain moment, puisque deux semaines après avoir terminé, je ne me souviens plus de la résolution. Mais bon, c’est un polar solide et bien écrit, rien à redire.

Matt Wesolowski, Six versions Les orphelins du Mont Scarclaw, éditions Les Arènes, janvier 2023, traduction de Antoine Chainas, 315 pages.
« Bienvenue dans Six versions, je suis Scott King.
Durant six semaines, nous reviendrons sur la tragédie du Mont Scarclaw. Six manières de voir les choses, six versions différentes. »

Une toute nouvelle série venant d’Angleterre a attiré mon attention, avec les mots « nature sauvage », « cold case » et « podcast ». Vingt ans après la disparition d’un jeune de quinze ans lors d’un camp de vacances sur le Mont Scarclaw, en Ecosse, et la découverte d’un corps dans un marais un an plus tard, Scott King, réalisateur très connu du podcast « Six versions », donne la parole à six personnes qui ont connu ce drame de très près : organisateur du camp, habitants du village ou camarades de Tom Jeffries, ils racontent leurs souvenirs, se contredisent parfois, poussent l’imagination de l’auditeur vers telle ou telle piste. Les personnages ont de l’épaisseur et une légère dose de légende ajoute à la couleur locale. J’ai beaucoup aimé ce roman très original, intelligemment tourné et prenant, et je pense déjà à mettre le deuxième podcast, déjà paru, dans ma pile à lire !

Voilà pour aujourd’hui. Et vous, avez-vous fait des découvertes au rayon policier de votre librairie ?

Georges Simenon, Maigret chez le coroner

« Ce n’était pas un rêve. Il était bien éveillé. C’était bien lui, le commissaire Maigret, de la Police Judiciaire, qui était là, à plus de dix-mille kilomètres de Paris, à assister à l’enquête d’un coroner qui ne portait ni gilet ni veston et qui avait pourtant l’air sérieux et bien élevé d’un employé de banque. »

L’affaire se passe en 1949. Au sortir d’un bar de Tucson, Arizona, la jeune Bessy Mitchell, dix-sept ans et déjà mariée, se fait raccompagner par son cavalier, un militaire de la base aérienne toute proche, et les quatre camarades de celui-ci. Mais tous sont passablement éméchés et après une dispute, Bessy décide de rentrer à pied. Son corps est retrouvé le lendemain matin sur la voie de chemin de fer.
Le roman retrace toute l’enquête du coroner, enquête publique où un jury va devoir trancher. S’agit-il d’un accident, d’un suicide, de non-assistance ? S’il s’agit d’un crime, les suspects sont nombreux, un des cinq militaires, le mari de Bessy, une rencontre de hasard ? Les témoins se suivent et se contredisent, et plongent le commissaire Maigret, qui revient de jour en jour assister au procès, alors qu’il devrait suivre son homologue du FBI dans ses enquêtes sur le tout récent trafic de marijuana, dans la perplexité.

« C’était une misère que l’on comprenait, dont on pouvait retrouver l’origine et suivre la progression.
Ici, il soupçonnait l’existence d’une misère sans haillons, bien lavée, une misère avec salle de bains, qui lui paraissait plus dure, plus implacable, plus désespérée. »

Le hasard m’a fait prendre ce roman de Georges Simenon à la médiathèque, car pour préparer le mois belge, quoi de mieux que de retrouver cet auteur, avec son policier fétiche ou pas ?
Là, l’originalité du roman réside dans le fait que le commissaire Maigret est en stage d’observation avec un agent du FBI à Tucson, en Arizona. Voilà donc une sorte de Candide chez les Yankees, qui observe avec circonspection la manière de mener l’enquête devant un jury. Le jury en question devra décider s’il s’agit d’un crime ou d’un accident, et le cas échéant, mettre un suspect en examen. Cette manière de faire pose bien des questions à notre commissaire, heureusement assez doué en anglais pour suivre les débats. Il saura bien évidemment au moment opportun et en toute discrétion mettre son grain de sel pour désigner celui qu’il pense coupable.
La lecture d’une affaire menée par le commissaire Maigret est habituellement l’occasion d’une plongée dans la France des années 50, mais là, le dépaysement est des plus inattendus. Racontée avec un sens de la formule qui fait mouche et un talent d’observation inimitable, cette affaire se lit avec plaisir, enfin, sauf du point de vue de la malheureuse victime, qui manqué de chance ou bien fait une très mauvaise rencontre ce soir-là.

Maigret chez le coroner de Georges Simenon (1949) éditions du Livre de Poche, 2001, 189 pages.

Lecture pour le mois belge organisé par Anne.

Paul Colize, Un monde merveilleux

« La guerre évoluait bien ?
Comment peut-on proférer de telles énormités ?
Pour sa part, la guerre avait gagné la bataille de ses rêves d’enfant. Elle avait cinq ans lorsqu’elle avait éclaté, dix quand elle s’était terminée. L’intervalle entre l’insouciance et la honte. »

Nous sommes en 1973. Le maréchal des logis Daniel Sabre, instructeur en garnison en Allemagne, ne songerait pas à poser des questions lorsqu’on lui donne l’ordre de conduire une voiture avec un passager là où cette personne lui demandera d’aller, et à rendre compte chaque jour par téléphone des faits et gestes du passager.
Il s’avère qu’il doit conduire une femme élégante, et que, s’il apprend vite qu’elle est professeur de français dans un Athénée royal, il ne saura rien sur ce qu’elle veut faire. Pourtant, cette mission l’intrigue et, s’il ne lui vient pas à l’esprit de contrevenir aux ordres, plus le temps avance, plus il se demande s’il a raison d’obéir sans se poser de questions, comme il l’a appris. De plus, le huis-clos entre ces deux personnes très dissemblables obligées de partager l’habitacle d’une Mercedes tourne parfois à l’incompréhension, voire à la confrontation. C’est d’ailleurs ce versant psychologique qui est le plus riche et passionnant.

« Hormis quelques-uns, ses camarades lui avaient tourné le dos. Magnanime, il n’avait pas cherché à les retenir. Certains changent de cap pour garder leurs amis, certains changent d’amis pour garder leur cap. »

Je me rends compte que j’ai déjà lu cinq romans de Paul Colize avant celui-ci (à retrouver à l’aide de l’index ou la recherche). Je n’ai pas vérifié si c’était à chaque fois pour le mois belge, mais c’est bien possible. En tout cas, je n’ai pas eu de difficultés à trouver celui-ci, le dernier paru, à la médiathèque.
Dévoré en deux jours, je l’ai trouvé toujours très bien fait comme tous les romans de Paul Colize. L’auteur fait preuve d’originalité en insérant de courts chapitres sur des personnages historiques, avec un lien plus ou moins proche avec le périple de Sabre et sa passagère. Son thème, qui fait découvrir un pan peu connu de l’histoire de la Belgique, est fort intéressant, le tempo est enlevé et les personnages plaisants, mais il ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable. Une certaine lassitude, peut-être ? Parce que je n’ai vraiment rien à lui reprocher, et si j’avais découvert l’auteur avec ce titre, je l’aurais sans doute trouvé formidable.

Un monde merveilleux de Paul Colize, éditions Hervé Chopin, juin 2022, 313 pages.

Un autre avis chez Doudoumatous.
Lu pour le mois belge à retrouver chez Anne (Des mots et des notes)

Maryla Szymiczkowa, Madame Mohr a disparu

« Parfois, allongée sur le canapé, elle posait son livre sur sa poitrine, avec l’index comme marque-page, et songeait qu’à une autre époque elle aurait pu être davantage elle-même; elle se voyait conne Cléopâtre, Zénobie, ou encore Grazyna, ou peut-être Elizabeth l’Anglaise… (…)
En attendant, elle devait se contenter de donner ses recommandations à Franciszka, de planifier les repas pour la semaine à venir et de veiller à ce que la poularde fût retirée à temps du four. »

En 1893, à Cracovie, Zofia Turbotyńska, mariée à un professeur de médecine, s’occupe de son intérieur et de diriger ses domestiques, tout en souhaitant de tout cœur parvenir à intégrer la haute société de la ville. Cela consiste à organiser des dîners, à participer à tous les événements culturels et officiels, première d’opéra ou enterrement de personnage public, et aussi à s’engager dans des œuvres caritatives. Ce qui n’est pas simple, certaines étant jalousement gardées par d’autres bonnes dames. Elle réussit à s’engager auprès d’une maison de soins pour personnes âgées, la maison Helcel, juste au moment où une résidente disparaît, puis une autre est assassinée.
Mme Turbotyńska pense que la première dame retrouvée morte a été tuée aussi, et elle voit dans ces événements une occasion de mener une enquête, comme dans les romans policiers, genre nouveau qu’elle adore lire.

« Une chose était évidente à ses yeux : en aucun cas Ignacy ne devait deviner que sa femme, au lieu de se consacrer aux occupations propres à son sexe, à sa position et aux règles d’un mariage honnête, folâtrait dans des bâtiments d’utilité publique à la recherche d’un étrangleur-assassin. »

Je commence le mois de l’Europe de l’Est avec ce roman policier historique polonais, du genre « cosy mystery » (je traduirais bien par « enquête au coin du feu ») écrit à quatre mains par un couple de jeunes auteurs, Jacek Dehnel et Piotr Tarcczynski.
Ce qui est pour moi le plus réussi dans ce roman, c’est la reconstitution de l’ambiance de petite ville de province. Les auteurs montrent à la fois la Cracovie bourgeoise et l’aristocratie par laquelle Mme Turbotyńska aspire à être reconnue, et celle des petites gens, essentiellement les domestiques. Les personnages, à commencer par Zofia, son époux Ignacy, la bonne Franciszka ou la soeur Alojza à laquelle Zofia a affaire lors de ses enquêtes dans la maison Helcel, sont très bien décrits, leurs caractères bien plus qu’esquissés, sans caricature aucune.
C’est le gros point fort du roman, son côté très plaisant, plus que l’enquête qui n’en est pas vraiment une. On ne peut pas le reprocher aux auteurs, c’est dans la logique, une dame qui doit rester « à sa place » n’a pas beaucoup de latitude pour interroger ici ou là, voire même pour se déplacer.
J’ai donc trouvé ce roman très sympathique, mais un peu lent et long. Ce n’est que mon avis, Doudoumatous, Eva et Passage à l’est l’ont, elles, particulièrement apprécié, et liront sans doute rapidement le deuxième volume qui sort à la fin du mois.

Madame Mohr a disparu, (Tajemnica domu Helclów, 2015)de Maryla Szymiczkowa, éditions Agullo, août 2022, traduction de Marie Furman-Bouvard, 385 pages.

Première participation au mois de l’Europe de l’Est à retrouver ici.

Policiers et romans noirs en vrac (8)

Robert Galbraith, Le ver à soie, éditions Grasset, 2014, traduction de Florianne Vidal, 572 pages.
« Mais les écrivains sont une drôle d’engeance, Mr Strike. Si vous cherchez des amitiés sincères, généreuses et pérennes, engagez-vous dans l’armée et apprenez à tuer. Si vous préférez les liens éphémères avec des gens qui exercent le même métier que vous et se réjouiront de tous vos échecs, écrivez des romans. »

Dans ce deuxième tome de la série après L’appel du coucou (non chroniqué), Cormoran Strike, toujours avec l’aide de son assistante Robin, est mandaté par une femme pour retrouver son mari. Celui-ci, auteur à succès, a disparu depuis plusieurs jours, et l’affaire va se résoudre en deux temps. Tout d’abord, trouver où il a pu se cacher, ou être caché, et ensuite trouver qui est responsable de sa disparition. Le milieu de l’édition est l’occasion pour l’autrice de dresser des portraits féroces et par là même, une brochette de coupables potentiels. Mais le plus intéressant reste l’évolution des deux personnages récurrents, le détective et son adjointe.

Louise Mey, La deuxième femme, éditions du Masque, 2020, 340 pages.
« Elle n’a même plus besoin de consulter les conseils des experts en morphologie qui disent qu’en forme de huit il faut souligner la taille, qu’en forme de larme il faut accentuer le décolleté. Son corps à elle n’est jamais dans les magazines, il est en forme de débâcle et elle a appris lentement et douloureusement à sélectionner ce qui gommera au mieux ses défauts. »

Sandrine, jeune femme mal dans sa peau et solitaire, rencontre enfin un homme avec qui partager sa vie. Ce veuf éploré dont la femme a disparu l’émeut, et s’intéresse à elle. Ils en viennent à habiter ensemble, et, avec le petit Mathias, presque à former une famille. Mais lorsqu’une femme amnésique réapparaît, et que son compagnon reconnaît la mère de son enfant, la situation se dégrade rapidement pour Sandrine, qui devient « la deuxième femme ».
Je ne vous en dis pas trop sur le thème central, il ne manque pas de profondeur, et est fort bien traité. Il explique aussi certains choix stylistiques puisque c’est le point de vue de Sandrine qui est adopté. Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, un thriller domestique, mais plutôt un roman noir sur un sujet de société malheureusement toujours d’actualité.

M.T. Edvardsson, Ceux d’à côté, éditions Sonatine, 2022, traduction de Rémi Cassaigne, 416 pages.
« Les gens sont comme des devinettes, et je n’ai jamais aimé les devinettes. Les réponses sont toujours tirées par les cheveux et ridicules. »

Ce roman, par contre, est clairement du genre à faire peur avec des situations quotidiennes et communes à tous, à savoir le voisinage. Je retrouvais là M. T. Edvardsson, après Une famille presque normale, qui ne m’avait pas déplu. Dans ce nouveau roman, un jeune couple, Mikael et Bianca, emménage dans une maison d’un quartier résidentiel. Ils ne connaissent encore personne dans la petite ville, et font rapidement la connaissance de leurs voisins, un couple de retraités, un homme qui vit seul et une femme qui élève seul son fils adolescent. Un accident survient très vite, et la narration alterne entre des chapitres « avant l’accident » et « après l’accident ».
J’ai écouté ce roman en livre audio, enfin, la moitié seulement, car c’était long, si long, que je m’endormais à tous les coups. J’ai trouvé le nombre de personnages trop restreints pour apporter un suspense vraiment intéressant, et de plus, tous sont proches du cliché, l’ex-mannequin trop aguichante, les retraités rigides, l’ado asocial… Bref, à oublier !

Noëlle Renaude, Les abattus, éditions Rivages noir, 2020, 410 pages.
« … elle se contente de savoir que la crédulité vous fait prendre des escrocs pour des humanistes, des charlatans pour des savants, des petits malins pour des génies, du blanc pour du noir, des œufs de lump pour du caviar, la force de conviction, les mots, le besoin de croire étant les armes les plus redoutables et les plus folles que l’homme ait imaginées. »

Un petit garçon aux parents absents, sans cesse chahuté par ses frères aînés, devient un ado admiratif du camarade plus favorisé, puis un adulte assez solitaire. Mais autour de lui, sans rapport les uns avec les autres, se déroulent des événements dramatiques : un couple est assassiné, une jeune femme disparaît. Est-ce en lien avec son frère qui trafique dans des affaires louches ?
Avec les éditions Rivages noir, il n’est pas difficile de faire de bonnes, voire de très bonnes découvertes. Ce roman de Noëlle Renaude, pour moi inconnue jusqu’alors, ne déroge pas à cette règle. Le style original donne un rythme très personnel au roman et de nombreux personnages secondaires ajoutent de l’efficacité à l’intrigue, ainsi qu’un changement de point de vue inattendu. Ce roman rappelle les bons romans noirs américains. Les petites villes françaises sont aussi des cadres de choix pour des histoires bien sombres !

David Joy, Nos vies en flammes, éditions 10/18, 2023, traduction de Fabrice Pointeau, 336 pages.
« Il fallait le faire. Parce que c’était comme ça que cet endroit était parti en sucette, quand les gens bien qui avaient vu le bateau prendre l’eau avaient refusé de boucher les trous avec leurs doigts. Ils avaient été trop nombreux à se taire et à ne rien faire, à se tenir en retrait et à regarder le monde se casser la gueule. Raymond Mathis en avait marre de le regarder sombrer. »

L’histoire de Ray Mathis, retraité veuf et père d’un junkie depuis de longues années, tourne mal lorsque son fils, une fois de plus, vient lui quémander de l’argent. Il s’agit cette fois d’une très grosse somme que Ricky ne peut seul rembourser. Excédé, son père décide de prendre en main les choses, d’autant qu’il se rend compte qu’il ne peut pas compter sur la police locale.
Une fois encore, ce sont les Appalaches qui servent de cadre à David Joy, après le formidable Ce lien entre nous. Et lui aussi, comme son personnage, s’attaque à la drogue qui détruit nombre de jeunes, laissant leurs familles désemparées. Comme dans le roman de Noëlle Renaude, ce sont les invisibles, les abonnés aux galères, aux boulots précaires et aux « remontants » en tous genres, qui sont au centre du texte. Un roman parfaitement documenté, ce qui ne l’empêche de toucher au cœur !

Peut-être avez-vous lu un ou plusieurs de ces romans ? Sinon, j’espère vous avoir donné des idées.

Antonio Paolacci et Paola Ronco, Nuages baroques

« Personne, absolument personne, pas même les rares touristes, ne prêtait attention au panorama de carte postale qui se déployait derrière la mer : les armatures bleues des grues du port, pareilles à de gigantesques insectes préhistoriques, les couleurs contrastées des containers empilés sur les navires, la vue imprenable sur la Lanterne. »

Mes maigres publications du mois de novembre pourraient laisser penser que je n’ai lu que pour le mois allemand, il n’en est rien, j’ai même beaucoup lu, alternant nouveautés, policiers et pavés qui attendaient dans mes étagères. Le problème étant d’écrire des avis… ce qui fait que je laisse passer sans en parler de nombreux livres qu’on a déjà vu ici et là.
Je vais pourtant faire une exception pour ce polar, un premier roman à quatre mains venu d’Italie. Un joggeur matinal découvre sur le port de Gênes un tout jeune homme, vêtu d’un long manteau rose, agonisant. Andrea, étudiant en architecture, semblait venir d’une fête pour l’union civile pour tous qui s’était tenue non loin de là. Les collègues de Paolo Nigra, sous-préfet de police, pensent aussitôt à une agression homophobe, lui-même préfère explorer toutes les pistes possibles, et ne pas négliger de s’intéresser à l’entourage du jeune homme, ses amis ou un oncle, architecte très connu.

« Santamaria se faufila sous le ruban, se fraya un chemin parmi la foule et ouvrit le passage à l’homme, intimant aux curieux de le laisser avancer. Une fois à ses côtés, elle s’approcha tout près pour lui murmurer : « Dottò, il était temps, ceux-là partent en cacahuète. Si vous me passez l’expression. »

Le roman se passe en 2016. Paolo Nigra est homosexuel, ses collègues sont au courant, contrairement à l’entourage de son amoureux, acteur en plein tournage d’une série où il joue… un policier ! Cela peut créer des situations gênantes, surtout pour les autres, car Nigra prend souvent les choses avec humour, même les réactions les plus ouvertement discriminatoires.
Je sens que ce nouveau policier, épaulé par une équipe particulièrement haute en couleur, va devenir un de mes chouchous, comme Ricciardi à Naples ou Camilleri en Sicile, si toutefois l’éditeur continue à faire paraître les traductions suivantes. Je vote pour !
Le duo d’auteurs réussit aussi bien les dialogues que la trame policière, la peinture des caractères que l’évocation d’une ville peu mise en avant dans la littérature. Un sans-faute que je recommande vivement.

Nuages baroques de Antonio Paolacci et Paola Ronco, (Nuvole barocche, 2019) éditions Rivages, octobre 2022, traduction de Sophie Bajard, 350 pages.

François Médéline, Les larmes du Reich

« L’homme roule depuis un peu plus de neuf heures, dont trois sous le crachin. Il est parti à 7 heures pile. Il a séché dans la descente après Hauterives, à la fin des Terres froides. Bien qu’il ne maîtrise pas encore les subtilités du rétropédalage et qu’il soit trop grand pour faire un bon cycliste, il s’entête. »

Mars 1951. Un couple de paysans, les Delhomme, a été assassiné quelques semaines auparavant dans une ferme de la Drôme, et leur fillette de onze ans a disparu depuis. Crime de rôdeur ou vengeance d’un proche, d’un voisin ? Un inspecteur arrive de Lyon sur son vélo pour enquêter sur cette affaire. Étrange personnage que l’inspecteur Michel de la Brigade criminelle de Lyon, en tout cas, il est totalement investi dans sa recherche du coupable, et ne ménage pas sa peine pour trouver des témoins que la Gendarmerie a oubliés, recouper les informations, et accumuler les kilomètres à bicyclette.
On se rend vite compte que sa recherche est liée à des événements qui ont eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais je n’en dirai pas plus.

« L’inspecteur avance sous le tilleul, vers le cheval et l’embarcation. Puis il questionne et Marc Escoffier raconte à contrecœur, en plus, il a déjà tout balancé aux gendarmes. Il est méfiant, en dit le moins possible. »

Je suis entrée dans ce roman sans rien en savoir, et croyant avoir affaire à une suite de La sacrifiée du Vercors, que je n’ai pas lu, pas encore. Le style ne manque pas d’accrocher l’attention, de rares fois l’auteur en fait un peu trop, mais il est la plupart du temps parfaitement adapté au récit, sec, nerveux, sans fioritures, sans psychologie : des actions, des dialogues, de la concision. Le récit garde une part d’obscurité et de mystère jusqu’à un événement qui fait tout reconsidérer, et à relire les premières pages, on se rend compte que chaque mot compte, et que l’identité floue de l’inspecteur Michel n’est pas totalement occultée, bien au contraire. A ce moment, je me suis dit que pour que le roman fonctionne, il faudrait que la résolution finale soit à la hauteur, et heureusement c’est tout à fait le cas ici.
La Seconde Guerre mondiale étend ses répercussions jusqu’en ces années cinquante, et n’en finit pas d’occasionner des ravages dramatiques. Les personnages sont loin d’être aimables, mais l’histoire est bâtie de façon à rendre le livre vraiment difficile à quitter tant qu’on n’en a pas le fin mot.

Les larmes du Reich, de François Médéline, éditions 10/18, avril 2022, 198 pages.

Lectures américaines (septembre 2022)

La fin du mois se profilant, je regroupe mes lectures américaines d’août et de septembre pas encore commentées en un billet rapide. Vous n’en aurez pas fini pour autant avec mes avis sur des romans nord-américains puisque je suis revenue du festival America de Vincennes avec plein d’idées de livres à lire absolument !

Elizabeth Strout, Tout est possible, Livre de Poche, 2017, traduction de Pierre Brévignon, 288 pages

D’Elizabeth Strout, j’avais lu Olive Kitteridge, et je retrouve ici la même forme de roman, toujours intéressante, mais que tout le monde n’aimera pas : un roman qui ressemble à une suite de nouvelles, avec des connexions entre elles et des personnages en commun. En conséquence, les personnages sont nombreux, mais décrits avec attention et profondeur, et les thèmes très variés : la honte, le remords, la jalousie, le rapport au corps et à la sexualité, les blessures de l’enfance… Et le sujet du roman, alors ? Pour résumer en quelques lignes : les habitants de la petite ville d’Amgash, dans l’Illinois, viennent d’apprendre que Lucy Barton, autrice originaire de leur ville, publie un roman sur son enfance. Cela fait remonter bien des souvenirs en chacun, jusqu’à ce que Lucy en personne revienne dans sa ville natale…
J’ai passé un bon moment avec tous ces personnages, et avec l’écriture de l’autrice américaine, qui ne manque pas de piquant.
Aussi chez Keisha.

James Ellroy, Le dahlia noir, éditions Rivages, 1987, traduction de Freddy Michalski, 504 pages.

Je le savais, en tant qu’amatrice de romans noirs et de littérature américaine, c’était une grosse lacune de ne pas avoir lu James Ellroy, que pourtant j’ai déjà écouté avec plaisir aux Quais du Polar, en 2014
Me voici donc, retenant mon souffle, face au fameux Dahlia noir qui ouvre le « Quatuor de Los Angeles »
Avant d’en arriver à l’affaire du Dahlia noir proprement dite, il faut en passer, et c’est utile pour poser les personnages, par la rencontre entre deux flics boxeurs, Lee Blanchard et Dwight Bleichert, ce dernier étant le narrateur. Il faut voir naître l’amitié qui les unit et aussi la relation qu’ils entretiennent avec Kay, une jeune femme au passé trouble, comme celui des deux policiers. On arrive enfin à l’enquête sur une affaire d’envergure, le meurtre affreux d’une jeune femme de vingt-deux ans, Elizabeth Short.
Si j’ai craint un moment les clichés parmi les personnages des autres flics, pour servir de faire-valoir aux deux héros principaux, j’ai été vite rassurée. Certains d’entre eux sont arrivistes, d’autres ne sont pas des flèches, ce qui apporte des touches d’humour, mais l’ensemble compose un commissariat des plus crédibles, et bien ancré dans les années quarante.
Tout à fait convaincue par cette lecture, par moments très noire, et par le style du maître américain, j’ai déjà prévu de lire le deuxième livre du « quatuor ».
Coup de cœur de Violette.

Richard Powers, Sidérations, éditions Actes Sud, 2021, traduction de Serge Chauvin, 352 pages.

Je ne pouvais pas manquer de retrouver Richard Powers, dont j’ai adoré Le temps où nous chantions et L’arbre-monde. Tout m’encourageait à lire Sidérations, les bons avis, les thèmes de l’enfance « différente », de la sauvegarde de l’environnement, de l’astrobiologie… cela promettait un roman très riche, et c’est tout à fait ce qu’il est.
C’est une lecture dense et profonde du début jusqu’aux dernières pages, une lecture où l’immense intelligence de l’auteur ne laisse jamais le lecteur de côté, et qui pose merveilleusement le personnage de Robin, petit garçon à l’éco-anxiété exacerbée par la mort de sa mère. Theo, son père, va chercher par tous les moyens à apaiser le mal de vivre de son fils, jusqu’à une thérapie innovante, mais perturbante aussi… Un très beau roman !
Lire aussi l’avis de Sandrion.

Glendon Swarthout, 11h14, éditions Gallmeister, 2020, traduction de France-Marie Watkins, 336 pages.

Depuis ma lecture de Homesman, je me promettais de relire Glendon Swarthout, en voici l’occasion avec 11h14. Au croisement du western et du polar, ce roman se déroule en deux époques. Dans les années 70, Jimmy, un auteur de livres pour la jeunesse, prend la route de New York à Harding, au Nouveau-Mexique, à la demande de Tyler, son ex-femme, pour enquêter sur la mort suspecte de l’amant de celle-ci.
Cela va conduire Jimmy à se demander ce qui s’est passé dans cette ville, de 1901 à 1916, entre les deux grands-pères de Tyler…
Au départ, l’histoire est plutôt emberlificotée, mais toujours traitée d’une manière pleine d’humour. Les personnages ne manquent pas de relief, à commencer par Jimmy, avec sa voiture clinquante et ses costumes tape-à-l’œil, peu adaptés à une enquête dans la « cambrousse ». Et pourquoi 11h14 ? Je ne vais tout de même pas vous révéler ce point crucial ! Une lecture plaisante, mais sans doute pas inoubliable.
Repéré chez Electra.

James Sallis, Sarah Jane, éditions Rivages, 2021, traduction de Isabelle Maillet, 220 pages.

Sarah Jane est une jeune femme poursuivie par un passé compliqué, qui réussit à être engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr. Cal, son chef, fait tout son possible pour l’aider à prendre ses marques, lorsque tout à coup, il disparaît. Est-il mort ou vivant ? Pour le savoir, Sarah va devoir creuser loin, très loin, ce qui la ramène à sa propre histoire.
Le style de James Sallis, déjà rencontré dans Willnot, c’est la concision et l’ellipse élevées au rang d’art, ce qui a un léger inconvénient, de laisser une impression plus fugace que des romans plus denses et plus bavards.
Mais quelle force, cette écriture qui jamais ne vous perd, mais dit tellement en peu de mots ! Les dialogues sont aussi chargés de sens que la narration elle-même, qui prend la forme d’un journal personnel de Sarah.
Ajoutons l’empathie de l’auteur envers ces personnages cabossés, et vous saurez que j’ai aimé cette lecture, que je ne peux que vous recommander.
Un avis similaire chez Actu du noir.

Et vous, avez-vous lu certains de ces romans ?

Pauline Guéna, 18.3 Une année à la PJ

« Un soleil d’hiver, blanc, ras, aveuglant, pâlit les murs anciens et les pelouse gorgées d’eau. Palacio se gare dans une petite cour herbue à l’arrière du bâtiment. Le vent agite les têtes de quelques chardons entre les dalles de pierre.
La loi impose la présence d’un officier de police judiciaire durant la totalité de l’autopsie alors qu’il n’y sert à peu près à rien et que l’examen dure parfois cinq heures. »

C’est en entendant parler de La nuit du 12, film de Dominik Moll, que m’est venue l’idée de sortir de ma pile ce livre gagné il y a quelques mois à un concours. En effet, le film, sans reprendre tout le récit de Pauline Guéna, est inspiré par l’une des affaires qu’elle relate, celle d’une jeune fille retrouvée morte, son corps carbonisé. Le meurtre de Clara hante l’un des policiers de la PJ de Versailles où Pauline Guéna a passé un an en immersion. S’il s’agissait d’une fiction, le meurtrier aurait été confondu dans les dernières pages, malheureusement dans le quotidien d’une brigade, tout ne se passe pas forcément ainsi : il est constitué de longues heures de surveillance, d’écoute, d’enquêtes de proximité, assorties de peu de résultats. Et pourtant, c’est passionnant !

« Ludo prend la parole.
– Voilà comment se présente le buzin. Ouvrez vos esgourdes. Puisqu’on part de rien pour arriver nulle part, autant y aller vite. »

Pauline Guéna a pris, durant une longue période de 2015 à 2016, des notes dans plusieurs services, stupéfiants, brigade criminelle, grand banditisme. Les attentats de novembre 2015 prennent le devant de la scène au début du livre, obsèdent longtemps les enquêteurs, puis d’autres affaires leur sont attribuées : le meurtre d’un patron de magasin de bricolage, des trafics de drogue, la mort d’une jeune fille.
L’autrice, et c’est le gros point fort du livre, à mon avis, trouve le moyen d’allier le plus grand réalisme, avec des dialogues qui sonnent forcément juste puisqu’ils sont réels, et une langue joliment littéraire. J’ai trouvé cela remarquablement bien fait. On est à la fois loin du ton d’un reportage, fut-il écrit ou filmé, et loin d’un scénario de série policière. C’est la réalité d’un commissariat et plus que cela en même temps, et les presque 500 pages se dévorent, croyez-moi !
Bref, que vous ayez vu le film, l’intention de le voir, ou juste envie d’un très bon récit non fictionnel, alliant le drame à l’humour, ce livre est pour vous.
PS : 18.3 fait allusion à un article du code de procédure pénale qui précise les attributions de la PJ, notamment hors de leur juridiction.

18.3 Une année à la PJ de Pauline Guéna, éditions Folio, 2021, 490 pages.

Arnaldur Indriðason, Les roses de la nuit

« Nous sommes comme le cabillaud. En dessous d’un certain nombre d’individus, les bancs se dispersent puis disparaissent. Je crains que cela ne s’applique également à l’espèce humaine. Quand les gens quittent les villages comme le nôtre, la vie ralentit. D’ici peu, elle sera complètement éteinte. »

Un couple a eu l’idée saugrenue de trouver le calme dans un cimetière pour s’embrasser, lorsque la jeune femme aperçoit quelqu’un qui fuit et voit un corps sur la tombe d’un homme politique illustre, au milieu des fleurs. Personne ne reconnaît ou ne signale la disparition de la jeune fille de seize ans, visiblement droguée, dont le corps a été retrouvé. Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli ont chacun des idées bien arrêtées sur comment mener l’enquête, qui va les mener dans les fjords de l’Ouest, mais aussi dans le monde de la drogue. La fille d’Erlendur va accepter à contrecoeur de fournir quelques renseignements à son père. Pendant ce temps Sigurdur Oli tombe amoureux du principal témoin de l’affaire, ce qui pose un problème certain.

« Sigurdur Oli ronflait doucement , assis sur son fauteuil.
– C’est la télévision nationale, répondit Erlendur. Elle aurait le pouvoir d’assommer un troll. »

Solide sans être plus original ou enthousiasmant que d’autres romans de l’auteur, cet ouvrage vaut surtout pour son antériorité par rapport aux autres livres où apparaissent Erlendur et son collègue Sigurdur Oli. En effet, il est sorti avant La cité des jarres en Islande, et les personnages y sont encore relativement nouveaux pour les lecteurs puisqu’il s’agit du deuxième de la série, après Les fils de la poussière.
Voir ces personnages en devenir se confronter, réfléchir et évoluer se conjugue à une intrigue brassant beaucoup de sujets intéressants pour comprendre l’histoire récente de l’Islande. Sinon, les pistes suivies, entre trafic de drogue, désertification rurale et symbolique du héros national, permettent de maintenir le cap d’une enquête bien construite, aux dialogues non dépourvus d’ironie et aux nombreuses facettes.

Les roses de la nuit, d’Arnaldur Indriðason, (Dauðarósir, 1998), éditions Points, 2020, traduction d’Eric Boury, 288 pages.

Aifelle et Electra, tout comme Eva, ont été accrochées par cette histoire !