Elizabeth George, Une chose à cacher

Je prends le rythme de croisière estival d’un billet par semaine, ce qui est mieux que rien, même si je lis plutôt deux ou trois livres dans le même temps… Voici pour aujourd’hui un retour vers une série que j’affectionnais il y a une quinzaine d’années, pour ses personnages récurrents et ses intrigues bien ficelées. Connaissez-vous l’inspecteur Lynley, ses adjoins Wilson Nkata et Barbara Havers ? Ce sont les personnages de l’américaine vivant à Londres, Elizabeth George, qui publie cette série depuis la fin des années 80.
Dans ce volume, on croise surtout Barbara, toujours aussi peu encline à manger sainement, ni à faire du sport :

« Barbara remarqua avec une pointe d’envie qu’elle avait des bras bronzés et incroyablement musclés, de même que ses épaules. A l’évidence , elle pratiquait une activité physique régulière et intense. Sans doute surveillait-elle aussi son régime alimentaire. Barbara en regretta presque d’avoir mangé des chips et des biscuits fourrés. Mais ce « presque » l’incita à penser que ces remords ne s’attarderaient pas plus que d’habitude. »

Elle enquête sur le meurtre d’une jeune policière d’origine nigériane, qui enquêtait sur les cliniques clandestines où sont pratiquées, en plein cœur de Londres, des excisions sur des fillettes dont les parents, certains d’entre eux, du moins, tiennent à garder ces coutumes cruelles d’Afrique de l’Ouest.

« Ce qu’on inflige à ces filles, c’est ancré dans leur culture, et c’est comme ça qu’ils le justifient. Les associations, la loi, les tribunaux… Rien ne les arrête. Vous savez ce qui se passe dans ce pays à l’heure actuelle ? La majorité des gamines sont excisées avant 5 ans. Une enfant aussi jeune n’a pas les mots pour raconter ce qu’on lui a fait ou ce qu’elle risque. Elle ne peut pas chercher de l’aide auprès d’un enseignant ou de la police. Son cerveau ne forme pas encore de souvenirs précis. »

Le thème qui tient à cœur à Elizabeth George dans ce roman, tout comme il obsédait Teo Bontempi, la policière assassinée, est celui des mutilations génitales faites aux petites filles. Le sujet est grave, dur, et l’autrice s’est donné les moyens de le traiter correctement et avec amplitude, par le biais de différents personnages, dont les plus touchants sont la famille Bankolé, la mère Monifa, le grand frère Tani, amoureux d’une jeune fille anglaise, et la mignonne petite Simi de huit ans, pour laquelle son père forme déjà des projets.
C’est un roman fort bien mené, riche de détails et d’exemples, passionnant dans le déroulement de l’enquête et toujours habilement nuancé de petites réflexions pleines d’humour, notamment par le biais des personnages récurrents. Certes, le grand nombre de personnages et les fils qui se croisent et s’entrecroisent sans cesse poussent à soupirer et à imaginer plus de concision dans l’écriture, mais l’ensemble se tient bien, fait plaisir à lire lorsqu’on connaît la série et éclaire sur des problèmes contemporains qui, une fois encore, montrent que le patriarcat n’en a pas fini d’imposer ses vues. Une lueur d’espoir apparaîtra toutefois…

Une chose à cacher d’Elizabeth George, (Something to hide, 2022) éditions Presses de la Cité, octobre 2022, traduction de Nathalie Serval, 688 pages.

Et un duo « pavé de l’été » et « épais de l’été » de plus !

24 commentaires sur « Elizabeth George, Une chose à cacher »

  1. J’ai fait connaissance de ces personnages dans les années 90 et j’ai suivi la série. Pourtant j’ai lâché à un moment, vraiment trop détaillés (je n’en pouvais plus de certaines longueurs), dommage, les intrigues sont très bien, dans les premiers le format était plus réduit.
    Comme toi, je réduis la voilure, mais pas la lecture!

    J’aime

    1. J’ai lâché aussi à un moment, mais y suis revenue uniquement pour ce dernier, à cause du sujet, et parce que j’avais entendu Elizabeth George en parler aux Quais du Polar.

      J’aime

  2. Bonjour Kathel. En faisant mes petites recherches, j’ai vu que cette auteure (qui a commencé comme prof) en est à son vingt-et-unième tome de la série Inspecteur Linley! Je n’en ai jamais lu, mais dasola m’a dit en avoir lu quelques-uns, et aussi qu’il existait des adaptations télévisuelles.
    Bravo pour cette troisième participation! Martine m’avait signalé avoir l’intention de le lire, mais son billet n’est pas encore paru sauf erreur de ma part (je vais aller vérifier tout de même…).
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

    J’aime

    1. J’en ai lu un certain nombre, mais je ne sais plus lesquels (c’était avant que je note sur mon blog) mais n’ai jamais vu d’adaptation télé… ça ne me tente pas de voir les personnages avec d’autres têtes que celles que j’ai imaginées !

      J’aime

  3. Ah, je croyais avoir épuisé cette série, mais cette intrigue ne me dit rien et je vais donc pouvoir retrouver ces enquêteurs très attachants. J’aime bien le sens du détail social d’Elizabeth George. Elle le pousse un peu à son extrême mais c’est fait de manière plutôt intelligente donc ca ne me rebute pas. L’adaptation TV ne m’attire pas du tout en revanche.

    J’aime

  4. Ma foi, je n’en ai pas raté un seul depuis que j’ai découvert la série et bingé les premiers volumes… et même si je lui en veux un peu pour ce qu’elle a fait à… non, je n’en parle pas pour celles et ceux qui ne sont pas encore arrivés au 13ème volume. C’est vrai qu’elle a tendance à rallonger un peu la sauce ces derniers temps mais ses sujets sont toujours très fouillés et tant qu’à attendre 2 ans ou 2 ans et demi autant en avoir une bonne dose 😉

    J’aime

    1. Je dois avoir arrêté la série au bout d’une dizaine… je n’ai pas noté, c’était avant le blog. J’étais curieuse de la retrouver après l’avoir vue et entendue aux Quais du Polar.

      J’aime

  5. J’ai suivi un peu Elizabeth George dans les années 90, moi aussi. Ensuite, je suis passée à autre chose (trop de tentations)

    J’aime

  6. Et bien moi, je n’ai jamais lu cette autrice … Et je suis assez preneuse de policiers bien ficelés et je pense que je vais faire connaissance avec ces personnages récurrents. Mais je commencerai par le premier de la série, ce qui fait que je ne suis pas prête à arriver au titre que tu présentes !

    J’aime

  7. Je n’ai toujours pas lu Elizabeth George même si à une époque, je voyais assez souvent ses livres en avant en librairie et que la curiosité était là. Ça m’a passé depuis, mais il faudrait que je la tente un jour.

    J’aime

  8. J’ai lu tous les premiers et comme beaucoup d’entre nous, je suis passée à autre chose. Je trouvais que les enquêtes étaient de plus en plus sombres et ça me gênait.

    J’aime

Et vous, qu'en pensez-vous ?