Nicolas Delisle-L’Heureux, Un grand bruit de catastrophe

« Louise avait toujours pressenti que ses parents ne s’étaient pas appesantis de trois enfants par pur bonté d’âme, et l’irrévérence de Val Grégoire eut tôt fait de lui donner raison : les offices dévotieux des Fowley n’étaient jamais aussi fructueux que lorsque Lydia, Elisabeth et Louise servaient d’appâts inoffensifs. »

Louise, enfant adoptée par une famille de religieux rigides, pratiquant le prosélytisme, arrive enfant dans la petite ville de Val Grégoire, aux confins du Canada, près du Labrador. Elle ne se sent pas à sa place, ni en classe, ni dans sa famille, mais se lie vite d’amitié avec Laurence et Marco, deux garçons aussi dissemblables que possible. Laurence vit auprès d’une mère fantasque avec un grand frère violent et une petite sœur handicapée, Marco est issu d’une lignée de potentats locaux. Et pourtant, leur trio fonctionne, se fait remarquer et surtout bâtit des rêves d’avenir, loin de Val Grégoire. Car une sorte de malédiction semble peser sur les habitants de la ville, qui, tels des ouananiches, ces saumons qui vivent seulement en eau douce, même si l’accès à la mer ne leur est pas bloqué, ne réussissent jamais à quitter leur région.

« Plus de cinquante ans après l’inauguration de Val Grégoire, nos mères n’ont pas bougé et semblent désormais n’avoir pour seule fonction que de s’inquiéter pour nous, devenus adultes, et pour notre progéniture, sur le point de l’être. Les rues, le centre communautaire et les halls des écoles portent les noms de leurs maris, mais ce sont elles qui ont affronté les hivers du Nord et nos récidives canailles. »

Le roman est fort bien construit puisque partant d’un événement intrigant, quand Louise revient adulte, à Val Grégoire, il revient sur son enfance, puis, vers le milieu du roman, amorce une explication à ce qui s’est passé au début, avant, finalement, de dénouer le tout.
Les personnages sont forts, fascinants, et les lieux le sont tout autant. Mais ce qui est le plus remarquable, c’est la langue utilisée par l’auteur, pleine d’imagination, de couleurs et de fureur. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il nous régalera de nouveau de ses mots.

Un grand bruit de catastrophe de Nicolas Delisle-L’Heureux, éditions Les Avrils, janvier 2023, 320 pages.

L’avis de Nicole.

25 commentaires sur « Nicolas Delisle-L’Heureux, Un grand bruit de catastrophe »

  1. J’ai repéré récemment (mais pas encore lu) ce roman. L’auteur a en déjà écrit un autre me semble-t-il, mais son titre m’échappe…

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    1. J’avais cru d’abord que c’était un premier roman, mais non… il a écrit aussi Les pavés dans la mare. Par contre Les enfants de chienne est l’ancien titre de Un grand bruit…

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  2. Voilà qui est intrigant et je vois que c’est un auteur canadien. Raison de plus pour s’y pencher (côté langue, ils sont en général fort inventifs).

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    1. Le roman était dans la sélection du Prix Orange, c’est ce qui me l’a fait remarquer.
      Et oui, j’ai beaucoup aimé la langue plutôt « libre ».

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  3. Je viens tout juste de repérer ce roman sur Instagram où la page des Avril a posté une vidéo où l’auteur présente son roman. Ton enthousiasme confirme la bonne impression qu’il m’a faite.

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  4. Me voilà intriguée, et je le note d’autant plus volontiers que je cherchais justement un roman québécois avec des expressions typiques (je suppose qu’il y en a ?) pour un challenge.^^

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    1. Il y en a un peu, mais pas tant que ça, rien de forcé en tout cas. C’est surtout une certaine liberté dans le domaine de la langue qui est remarquable.

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