Tout d’abord, laissez-moi vous souhaiter une très bonne année, avec la réalisation de vos projets, la joie et la santé, et bien sûr, des lectures passionnantes.
Je vous présente aujourd’hui quelques romans graphiques qui m’ont séduite ces dernières semaines, auxquels il faudrait rajouter La dernière reine de Rochette, que j’ai aimé, mais lu sur ordinateur sur le site de ma bibliothèque, je ne l’ai plus entre les mains, et cela le rend plus difficile à résumer et à commenter.
Catherine Meurisse, La jeune femme et la mer, éditions Dargaud, 2021, 116 pages.
Après Les grands espaces ou La légèreté, Catherine Meurisse continue dans la veine d’autobiographie (ou autofiction?) dessinée qui lui va si bien. Elle arrive au Japon pour une résidence d’artiste. Son installation dans la région de Kyoto lui permet de rencontrer d’autres artistes, souvent en mal d’inspiration, d’échanger avec eux dans la mesure du possible, de découvrir aussi des paysages qui ne cessent de la surprendre.
Teinté d’une touche de fantastique, d’une bonne dose d’humour due aux incompréhensions culturelles, l’album m’a surtout émerveillée par ses paysages japonais somptueux en pleines pages. Décidément, j’aime tout ce que fait cette autrice et dessinatrice !
Wilfrid Lupano, La bibliomule de Cordoue, éditions Dargaud, 2021, 264 pages.
En Andalousie, au dixième siècle, le décès d’un calife amis des arts et de la culture, dont le fils est encore très jeune, entraîne une période trouble dominée par un vizir et sa cohorte de religieux radicaux. Ceux-ci veulent brûler tout ce que la bibliothèque de Cordoue compte de traités et de recherches de philosophes, de mathématiciens ou de scientifiques. C’est là qu’interviennent Tarid, un eunuque bibliothécaire, Lubna, une copiste noire, et Marwan, un apprenti bibliothécaire ayant mal tourné… sans oublier la mule, récalcitrante et grande dévoreuse de pages (au sens propre). Ce petit groupe va chercher à sauver une partie des ouvrages promis à l’autodafé, autant que la mule peut en porter, en direction d’une région échappant au vizir… L’histoire, alerte et contenant son lot de rebondissements, les dessins colorés et l’humour, sans oublier le fond historique bien documenté, tout concourt à en faire un roman graphique réjouissant et captivant à la fois.
Léonie Bischoff et Kathleen Karr, La longue marche des dindes, éditions Rue de Sèvres, 2022, 144 pages.
Encore une sorte de road-movie, après la traversée de l’Espagne avec une mule, voici celle de l’ouest des États-Unis avec mille dindes ! Nous sommes dans le Missouri, en 1860. Quittant l’école avec un maigre bagage, Simon, encouragé par son enseignante, se lance dans le projet un peu fou, d’aller vendre des dindes, dont personne ne veut dans sa région, à Denver, où elles valent bien davantage. Il lui faut recruter un conducteur de mules, prévoir son trajet qui comporte un passage sur les territoires des Indiens. Mais le danger ne vient pas forcément de là où on l’imagine…
Une bande dessinée destinée à la jeunesse qui m’a tout à fait séduite par son scénario, ses dessins et sa verve. Une réussite !
Elisa Shua Dusapin et Hélène Becquelin Le colibri, éditions La joie de Lire, 2022, 160 pages.
Célestin, quatorze ans, se sent un perdu depuis qu’il a déménagé du bord de mer jusqu’en ville. De sa fenêtre sur le toit, il observe les oiseaux, et parfois reçoit la visite de Célin, son grand frère explorateur des nuages. Il fait aussi la connaissance d’une jeune voisine de son âge, avec laquelle il observe un autre oiseau, un colibri apporté par Célin, colibri en état de torpeur.
Poétique et sensible, ce roman graphique raconte avec des mots tout simples le deuil, le passage d’un âge à un autre, la solitude, la naissance du sentiment amoureux.
J’ai trouvé ce récit parfois un peu trop elliptique et je me demande à quel lectorat il s’adresse. Si on en croit l’âge des personnages, il serait destiné à des adolescents ou préadolescents, mais je ne sais pas si beaucoup d’entre eux apprécieront autant qu’un adulte ce qui est à lire entre les images, et d’autre part s’ils aimeront ces tons très pastels. Mais il en faut pour tous les goûts, et certains jeunes lecteurs y trouveront un écho aux questions qu’ils se posent.