« Depuis qu’elle a eu son père au téléphone, Adriana sent un poids sur sa poitrine, formée d’angoisse, de nervosité et d’insécurité. Il y a des équations avec trop d’inconnues, un déséquilibre en vue. Il fragilise tout ce qu’elle s’est construit au cours des dernières années et qui lui est devenu si précieux : une petite vie structurée, prévisible, sans surprises, sous contrôle. Ha ! Sous contrôle… Comme si c’était possible. N’importe quoi. »
Adriana vit à Bruxelles où elle a fini par se trouver une vie qui lui convient, après des années difficiles, d’abord en Roumanie, puis à son arrivée en Belgique. Mais cela, on ne l’apprend que petit à petit. Adriana garde une petite fille chez un couple aisé venu d’Allemagne, elle fréquente Gaston, qui lui apporte de la quiétude. Mais voilà que les parents d’Adriana lui demandent de venir chercher Cosmin, son fils de onze ans, dont la grand-mère, immobilisée par une fracture, ne peut plus s’occuper. Et là, l’équilibre précaire de la vie d’Adriana va avoir bien du mal à tenir.
« Comme si souvent, Stefan est allé se coucher avant vingt-trois heures. Le sommeil est sa deuxième fixation après l’alimentation saine. Ah, Nina oubliait la condition physique, d’importance cruciale aussi. Il faut rester fit. Fit est l’un des mots préférés de Stefan. Nina par contre le déteste. »
Ce roman a un petit air de Chanson douce au début, en moins frontal, et je peux vous assurer que tout va y être différent, si ce n’est la description fine des rapports entre patrons et employée de maison, surtout lorsque cette dernière a en charge une grande partie des soins à l’enfant. Sous forme chorale, le roman présente des personnages immédiatement intéressants, que la plume acérée de Verena Hanf rend attachants ou bien odieux… puis elle nuance à plaisir cette première impression.
C’est vraiment bien observé et bien écrit à la fois, d’une lecture facile et prenante, mais sans facilités d’écriture ni clichés.
Une jolie découverte du mois belge, repérée chez Keisha et Yv qui ont tout deux lu ensuite plusieurs romans de Verena Hanf.
La fragilité de funambules de Verena Hanf, éditions F. deville, avril 2021, 290 pages.

Le mois belge, c’est chez Anne.