
« Tout le monde se souvenait de la nuit où Brandon Vanderkool avait survolé le champ de neige des Crawford et capturé le Prince et la Princesse de Nulle Part. Cette histoire était si insolite et elle fut répétée tant de fois de manière si vivante qu’elle s’incrusta dans les mémoires des deux côtés de la frontière, au point d’oublier qu’on n’en avait pas été témoin personnellement »
J’essaye de trouver chaque mois dans ma pile à lire un roman de chez Gallmeister, (je suis un challenge sur Instagram) mais pour le mois de février, je n’ai pas fait vraiment bonne pioche… Pourtant, j’avais beaucoup aimé Les grandes marées découvert en VO il y a bon nombre d’années et son personnage de jeune garçon fasciné par le monde marin. Je m’imaginais ici un peu la même chose avec un fou d’oiseaux !
Effectivement Brandon Vanderkool se passionne depuis son enfance pour l’ornithologie, il dessine des oiseaux, comptabilise les espèces qu’il croise à longueur de journée, se documente à fond sur tous les volatiles. Oui, mais Brandon doit aussi travailler pour venir en aide à son père dont l’exploitation laitière vivote difficilement. Il s’est donc engagé dans la Border patrol, puisqu’il vit à deux pas de la frontière canadienne, dans l’état de Washington. Et voilà que Brandon, brave garçon à la psychologie particulière, mais aussi géant de deux mètres de haut, se met à multiplier les arrestations, tant il a le don pour se trouver au bon endroit au bon moment (ou au mauvais, si on préfère).
« Norm se tourna face au Canada et lança un regard noir en direction des collines tape-à-l’oeil à l’est d’Abbotsford, où de gigantesques fenêtres scintillaient telles des piscines verticales. Là-bas, une maison sur trois cultivait de la marijuana à ce qu’on racontait. Vrai ou pas, ça correspondait au sentiment grandissant de Norm : l’économie marchait sur la tête. »
Ce roman m’aurait sans doute davantage plu s’il avait tourné seulement autour de la personnalité de Brandon, mais une foule de personnages sont venus s’y ajouter, des deux côtés de la ligne, et une affaire de trafic de drogue, et une autre d’éleveur au bout du rouleau, et une histoire d’amour naissante, et des querelles de voisinage, et que sais-je encore…
L’auteur dépeint tout cela avec beaucoup d’humour, et un poil de fantaisie, mais il ne se passe pas grand chose, cela s’apparente plutôt à une chronique villageoise, ce qui n’est pas mon genre de prédilection, c’est sûr. Le contexte « post-11 septembre » et la peur d’arrivée de terroristes par la frontière canadienne ajoutent une dimension de plus, mais pas trop exploitée.
Retrouvailles un peu ratées avec l’auteur, donc, et pas vraiment du nature writing comme je m’y attendais. Pour cela, je conseille plutôt Les grandes marées.
Le chant de la frontière de Jim Lynch (Borders songs, 2009), éditions Gallmeister, 2020, traduction de Jean Esch, 390 pages en poche.
Brize et Ingannmic sont plus enthousiastes que moi, Hélène un peu mitigée aussi.