Rentrée littéraire 2023 (4)
« Elle s’éloigne lentement, de ce pas suspendu, quelque peu léthargique de la sortie d’hibernation. Malgré les restrictions alimentaires et la perte de poids qu’impose le demi-sommeil hivernal, elle lui semble toujours aussi grande, aussi puissante que la première fois qu’il l’a vue, un an plus tôt, sa grosse tête balançant au rythme de ses pas, du mouvement de ses épaules ourlées de fourrure. Les premières semaines de printemps, ils sont encore faibles, peu réactifs, lui a expliqué Marcel, c’est le bon moment pour s’en approcher sans risque – et des ours, il en a chassé, il a l’habitude, le vieux. »
Les Pyrénées centrales sont le domaine de l’ours brun, réintroduit il y a quelques décennies et qui s’y est développé. Une région encore assez sauvage, dès qu’on y prend de l’altitude. C’est là que Gaspard, jeune berger, va monter pour la quatrième fois pour l’estive avec plusieurs chiens et huit cent quarante brebis. C’est aussi dans ce décor qu’Alma vient étudier le comportement des ours. L’éthologie animale est son domaine, et elle compte bien apporter là un peu de ce qu’elle a appris en Alaska ou dans les Asturies. Entre la montée dans les pâturages d’altitude et la redescente, leurs chemins vont parfois se croiser, ou croiser ceux d’une ourse avec ses deux petits.
Par courts chapitres, alterne l’histoire d’un des derniers montreurs d’ours, les Ariégeois étant réputés dans le monde entier à la fin du XIXème siècle et au début du XXème dans ce domaine de l’exhibition avec des ours.
« Et Gaspard avait peu à peu compris qu’être berger n’était pas réductible à un métier, il s’agissait d’une façon de vivre qui mobilisait des connaissances botaniques, topographiques, météorologiques, vétérinaires et un moral à toute épreuve. Jean incarnait une sorte d’homme complet, un danseur qui crapahutait à flanc, un philosophe distillant entre deux jurons des vérités brutes, un marcheur infatigable. »
C’est donc en deux époques, pas traitées de façon égale, car la majeure partie se situe en 2022, que l’autrice s’emploie à montrer le rapport de l’homme au vivant, ou plutôt au monde sauvage. L’histoire avance au rythme de la quête de l’ours et avec la crainte d’un drame comme il s’en est passé la saison précédente, ce que l’on découvre progressivement. La tension va en augmentant sensiblement, portée par une très belle écriture. J’ai beaucoup aimé les descriptions de nature, les sensations produites par l’altitude, par l’isolement, par la météo capricieuse, par la présence des animaux, sauvages ou domestiques. A propos de l’écriture, j’ai apprécié l’emploi judicieux des mots par le narrateur, selon l’époque décrite.
J’ai pensé à Giono, peut-être parce que je venais de lire l’un de ses romans, alors que je n’ai pas l’impression de penser à lui à chaque fois qu’un roman laisse une grande place à la nature… Il y a un peu aussi de « Entre fauves », le polar de Colin Niel, dans ce roman, avec moins de suspense et plus de poésie, et avec, dans les deux cas, un solide fond scientifique.
Je laisserai découvrir à ceux qui se lanceront dans cette lecture d’où vient le très beau titre de ce roman que je recommande chaleureusement. Il devrait se faire une belle place parmi ceux qui traitent du monde sauvage.
Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud, éditions Actes Sud, août 2023, 380 pages.
Je suis en pleine lecture, je te lis en diagonale et je reviendrai quand je l’aurai terminé.
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Mais dis donc, on a les mêmes lectures, pour cette rentrée ! Je suis curieuse de ton avis.
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OKOK, si je le vois, je tente! Des thèmes qui me parlent bien.
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Sûr qu’ils vont te parler encore mieux avec les mots de l’autrice !
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Voilà un roman pour moi, qui suis à 200% dans la thématique nature en ce moment et pour longtemps. Merci pour ce titre que je n’avais pas vu passer.
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Il s’est fait un peu trop discret, dommage ! (un dommage collatéral de la rentrée littéraire, cette discrétion de certains titres pourtant très très recommandables)
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Le sujet est intéressant et j’ai beaucoup aimé « Entre fauve » de Colin Niel. Comme j’ai une grande liste de livres à lire en tête, cela dépendra de la disponibilité de celui-ci en bibliothèque. (je viens de découvrir que je peux télécharger des ebooks depuis le site Internet de ma bibli, ce qui va changer ma vie de lectrice).
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Oui, tu as bien de la chance ! Je peux télécharger sur le site de la bibliothèque de prêt départementale, mais bizarrement, ils ne s’ouvrent pas sur ma liseuse… serai-je obligée d’en changer ?
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J’ai été obligée de télécharger d’abord Adobe Acrobat Digital sur mon ordinateur sinon je ne pouvais pas non plus transférer le ebook sur ma liseuse. C’est pour les fameux DRM.
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C’est incroyable le nombre de romans qui ont pour sujet la nature, je ne suis pas très portée sur ce sujet mais je reconnais que cela donne souvent de très beaux livres.
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Il y a mille et une façons de traiter le sujet, dans le cas de ce roman, c’est très bien écrit, et bien documenté à la fois.
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Un livre sur la nature? Je ne peux que le noter! Je ne l’avais pas vu passer, merci pour la découverte.
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Je suis bien contente de faire un petit focus sur ce titre !
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Je l’ai noté celui-ci, tu confirmes.
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Je crois que tu devrais aimer cette immersion dans les montagnes pyrénéennes.
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L’écriture a l’air très belle comme le mentionne ton avis, mais comme le prouvent aussi les extraits choisis 🙂
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Les extraits sont représentatifs…
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Oh voilà qui donne envie !! Le dernier livre que j’ai lu sur le thème des ours (mais pas traité pareil bien sûr) c’est La grande Ourse de Maylis Adhémar, tu l’as lu ?
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Mais oui, c’est vrai, je l’avais repéré aussi, le roman de Maylis Adhémar… Il est à la médiathèque, je le lirai un jour ou l’autre.
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Je viens de le finir et je partage ton point de vue, quel beau roman !
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Bon, moi je ne suis pas trop thématique nature, quoique s’il y est question d’ours… Hmm à voir.
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Rien d’urgent, peut-être un jour… 😉
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Une belle découverte !
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Nous sommes d’accord ! (ce qui n’est pas une surprise)
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J’ai du mal avec les commentaires des blogs wordpress depuis quelques jours aujourd’hui ça fonctionne
j’ai noté ce livre qui me tente bien et ce que tu en dis me conforte dans mon choix
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J’ai vu que l’interface pour commenter avait changé… J’espère que ça ne va pas occasionner trop d’ennuis !
Je pense que ce roman te plairait.
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Celui-ci, il est repéré et tu confirmes mon envie de le lire !
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Et un de plus sur la liste !
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Je ne le lirai pas, mais je trouve le titre très beau.
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Je peux te le dire : c’est extrait d’un poème perse…
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Giono ? Par les thèmes, on s’en doute mais aussi par le style ?
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Par la place accordée à la nature, au « sauvage »… mais ce n’est qu’une impression, je suis loin d’être une spécialiste de Giono.
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Je n’avais pas encore repéré ce titre de la rentrée. Je ne sais pas si c’est un livre pour moi mais pourquoi pas. Il faut savoir sortir des sentiers battus de temps en temps.
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Mais oui, pourquoi pas ? Bien que spontanément, ce n’est pas à toi que je le recommanderais d’abord…
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Ce titre est déjà arrivé à ma bib, mais il faut que je lise d’abord un autre emprunt. En tout cas, tu donnes bien envie. Et j’ai aussi « Entre fauves » dans ma PAL !
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Ta bibli est réactive, tant mieux !
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Je l’ai vu quelques fois passer sur insta et toujours avec un avis très enthousiaste comme le tien, aussi je l’avais déjà noté – et ils l’ont à ma bibli, je me suis mis sur les rangs pour l’emprunter 🙂 Le titre est splendide
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