Lectures du mois (19) juin 2019

Entre les jours de canicule et ceux de vadrouille à droite et à gauche, je n’arrive pas à rédiger des billets complets. Voici donc, en bref, quelques lectures de juin… En avez-vous lu certains ?

derangequejesuisAli Zamir, Dérangé que je suis, éditions Le Tripode (2019), 192 pages
« La liberté, c’est comme une femme avec les jambes d’une gazelle. On l’aime à mourir mais on commet cette erreur de chercher aussi à s’en emparer. Il suffit de sentir son ombre faire jour. On court vers elle. On commence par lui conter fleurette avec toute sorte de singeries. On ne cesse point de tourner autour d’elle. »
Dérangé, c’est son surnom, est docker dans un port des Comores, il survit chichement, mais sa singularité et son absence de malice en font la victime d’un trio de dockers concurrents. Dérangé va-t-il accepter le défi qu’ils lui proposent ? Et comment va-t-il réagir face aux avances d’une superbe femme ?
Commençant par la fin, on sait déjà ce qu’il adviendra du docker, mais on est suspendu à son monologue. Quelle langue originale, mêlant les mots rares et les crudités naïves, parfois drôle, parfois pathétique ! C’est elle qui fait tout le charme du roman, plus que l’histoire elle-même.

couleursdelincendiePierre Lemaître, Couleurs de l’incendie, Livre de Poche, 2019, 541 pages
« Hortense avait tenu à être présente aux côtés de son époux. Cette femme brève de seins, de fesses et d’esprit considérait Charles comme un être prodigieux. »
Voici sortie en poche la suite de Au revoir là-haut... On retrouve en 1927 Madeleine Péricourt et son fils Paul. La crise, et surtout des aigrefins de haut vol vont mener l’héritière à la ruine. Commençant par une scène très forte et dramatique, particulièrement réussie, le roman peine à mon avis ensuite à égaler le précédent. Certes, l’agencement des intrigues est rigoureux, les personnages et l’époque bien décrits, le thème de la vengeance bien exploité. L’ensemble est agréable à lire, mais moins frappant que le premier roman.

unematerniterougeChristian Lax, Une maternité rouge, éditions Futuropolis, 2019, 144 pages
« Si tu parviens à la confier au Louvre, cette princesse sera bien traitée. Mais pour ce qui te concerne, par les temps qui courent, je suis loin d’avoir la même certitude. »
Alou n’est pas un migrant comme les autres. Le jeune chasseur de miel malien a trouvé une statuette au cœur d’un baobab. Pour la soustraire aux islamistes qui s’empresseraient de la détruire, il imagine la confier au Musée du Louvre, où se trouve déjà une statuette presque semblable.
Cette histoire, plus réaliste que mon résumé ne le suggère, alterne entre Paris et le Mali, puis la Libye, la traversée de la Méditerranée… Les planches sont toutes plus belles les unes que les autres, et rien n’est simplifié, ni caricaturé. Le lecteur se retrouve aux côtés des migrants, ou dans les entrailles du Louvre, là où sont radiographiées les œuvres.
Une bande dessinée vraiment superbe, dans une série, avec différents dessinateurs, qui a pour cadre le grand musée parisien.

septansPeter Stamm, Sept ans, éditions Christian Bourgois, 2010, traduit de l’allemand par Nicole Roethel, 273 pages
« Sa façon de se faire mousser était encore plus pitoyable que chez les autres, elle parlait avec une exubérance affectée et jouait l’intéressante comme une gamine. Tous les gens qu’elle rencontrait était des génies, tous les livres qu’elle lisait, des chefs-d’œuvre, toutes les musiques qu’elle écoutait ou jouait, grandioses. »
Voici un moment que ce roman, acheté surtout à cause de la peinture de Peter Doig en couverture, traînait dans ma pile à lire.
Le personnage principal, Alex, étudiant en architecture, se trouve balancer entre deux femmes que tout oppose : Sonia, architecte elle aussi, belle et de bonne famille, et Iwona, une Polonaise en situation irrégulière, peu attrayante et avec laquelle il a peu de points communs. Pourtant, elle le fascine sans qu’il comprenne pourquoi.
Mêlant de manière originale et intéressante les sentiments amoureux et l’attirance physique, et la construction d’une vie, au thème de l’architecture, ce roman m’a intriguée et ne m’a pas déçue.

masoeurserialOyinkan Braithwaite, Ma sœur serial killeuse, éditions Delcourt, 2019, traduit de l’anglais par Christine Barnaste, 244 pages
« 
Cela prend beaucoup plus de temps de se débarrasser d’un corps que de se débarrasser d’une âme, surtout quand on souhaite ne laisser aucune preuve du meurtre. » 
Premier roman d’une jeune auteure nigériane, Ma sœur serial killeuse joue sur le thème du tueur en série de manière originale : Korede, jeune infirmière sage, doit nettoyer et cacher les crimes commis par sa sœur, Ayoola, celle que tout le monde trouve tellement belle, mais qui ne peut s’empêcher de tuer ses amants. Mais voilà que Ayoola s’entiche de Tane, le beau médecin que sa sœur aime en secret.
L’idée de départ était séduisante, mais l’écriture et les dialogues un peu plats, les clichés comme le beau médecin, m’ont un peu laissée de marbre. C’est un premier roman, attendons le deuxième !

25 commentaires sur « Lectures du mois (19) juin 2019 »

  1. Un roman d’Ali Zamir m’attend aussi, il m’a été recommandé pour la langue, ton avis confirme. Quant à Une maternité rouge, ce fut un grand coup de coeur pour moi, je suis ravie de lire ton avis enthousiaste.

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  2. toujours pas lu la suite d’Au-revoir là-haut que pourtant j’avais adoré… très intéressée par le Christian Lax. J’aime beaucoup Futuropolis comme maison d’édition.

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    1. Flûte ! Mauvaise manip qui a validé le commentaire avant que je ne finisse ma phrase… Je disais, ça a l’air assez original pour que ça me plaise. Il faudra juste que je ne mette pas la barre trop haut quand je m’y mettrai.

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  3. Je prends les premiers liens pour l’objectif pal ce soir (bilan fin août) et je me dis que j’aurais craqué de la même manière pour le roman « sept ans », pitch et couverture.

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