Magdalena Parys, 188 mètres sous Berlin

188metressousBerlinRentrée littéraire 2017 (4)
« Nous ne pouvions faire confiance qu’à nous-mêmes. Il s’agissait de la vie de plusieurs personnes. Creuser si près du but, ouvrir une brèche dans une cave, cela exigeait des nerfs d’acier. »
Le titre original de ce roman polonais est « Tunel », il se déroule sur plusieurs époques, avec différents narrateurs qui répondent aux questions de Peter. Cet enquêteur essaye de déterminer pourquoi un certain Klaus, passeur ayant participé au creusement d’un tunnel sous le mur de Berlin en 1980, a été tué des années plus tard, et par qui. D’emblée le roman frappe par sa richesse et sa complexité. De nombreux protagonistes prennent la parole tout à tour, Jürgen, Magda, Victoria, Roman, Klaus, Thorsten, et les rapports entre eux ne s’éclairent que au fur et à mesure de la lecture.
Si j’ai trouvé de nombreuses qualités à ce roman, je n’ai pas réussi à ressentir de réel enthousiasme. J’ai été obligée de me faire un pense-bête avec les noms des personnages et leurs liens, ce qui ne m’arrive jamais, et de m’y référer bien souvent, sous peine d’être perdue. Alors, au vu des autres avis que j’ai lus, vraiment plus enthousiastes, je pense que c’est moi qui n’étais pas très réceptive à un genre un peu différent, à une construction originale et complexe.

« On nous a vite sorti de la tête nos sympathies pour l’Est, mais cela s’est fait avec un certain savoir-vivre. Ils nous ont donc laissé le petit bonhomme vert, orange et rouge aux passages cloutés. Il a finalement été adopté par toute la ville de Berlin -par Berlin-Ouest aussi. Le bon petit bonhomme des feux de signalisation routière. »

Je ne regrette toutefois pas mon achat, j’ai aimé la restitution de l’atmosphère de Berlin coupée en deux par le mur, la manière dont les habitants ont vécu cette séparation, intimement, au plus profond. Mais je n’ai pas été passionnée par la recherche de la vérité concernant le personnage mort au début du roman, par le pourquoi et le comment…
Je conseillerais ce livre à ceux qui cherchent un roman d’atmosphère sur la période où Berlin était divisée en deux, qui aimeront prendre conscience de l’impact immense sur les familles séparées brutalement, à ceux aussi qui aiment se mettre dans la peau de l’enquêteur, réfléchir, déduire, bâtir ou éliminer des hypothèses, à ceux enfin qui aiment le roman choral. Pas à ceux qui chercheraient des techniques pour creuser un tunnel, cet aspect étant passé assez rapidement par les narrateurs !
Je plaisante à ce sujet, mais je suis restée un moment sidérée, au mémorial du Mur à Berlin, devant les marques au sol qui représentent les lieux de passage souterrains et aussi face aux photos et récits d’évasion… N’hésitez pas écouter, si vous avez un moment, le récit de la dernière évasion en 1989. C’est sur France Info et c’est saisissant.

188 mètres sous Berlin, par Magdalena Parys, (Tunel, 2011), éditions Agullo (septembre 2017) traduit du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka-Dewez, 375 pages.

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Les avis de Cuné, Claude Le Nocher ou Quatre sans quatre.

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14 commentaires sur « Magdalena Parys, 188 mètres sous Berlin »

  1. Ton peu d’enthousiasme me fait hésiter ; je me souviens trop bien hélas de cette actualité quand on entendait à la radio que quelqu’un était encore mort en voulant passer …

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  2. J’apprécie le roman choral mais je crains de m’y perdre aussi. Je me souviens d’une visite en Allemagne, dans la Hesse, un kilomètre de  » frontière  » laissée intact pour musée, c’était impressionnant, les panneaux, les miradors, les barbelés. Des photos aussi.
    Aux éditions Agullo, pour découvrir, j’ai noté  » Espace lointain  » de J.Melnik

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    1. J’aurais du faire une photo de mon pense-bête, avec est/ouest, des flèches pour les personnages passé d’un côté à l’autre… (sans compter que l’un d’entre a changé de nom !). J’ai noté comme toi « Espace lointain ».

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  3. Je me réjouis de chaque roman polonais traduit en français. J’ai adoré un autre roman de cette auteure, non traduit en français et malgré ton avis mitigé, je pense que je lirai celui-là mais, comme d’habitude, il faut que je me débrouille pour pouvoir le lire en original.

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    1. Mais oui, je pense que tu le liras, et même sans doute tu l’apprécieras plus que moi. Je ne suis pas entrée dans les détails de l’histoire, tu verras…

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  4. un compte rendu très honnête d’une lecture en mi-teinte. Je n’ai pas envie de me plonger sous Berlin avec ce roman pourtant le sujet me semblait très intéressant.

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    1. Je suis vraiment marrie de ne pas être plus enthousiaste. Peut-être avais-je trop d’idées sur ce que ce roman pouvait être ? (et c’est autre chose que j’ai lu !)

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