Rentrée littéraire 2023 (7)
« Elle ne dit jamais Mes élèves, elle fait toujours attention à ça, à dire Les élèves. […] Mais elle est toujours émue, elle est toujours fière quand elle a l’impression que l’un d’entre eux vient de rencontrer la beauté, cette chose qui peut changer la vie pour toujours, qui peut donner du sens à tout ce qu’on fait, qui permet d’échapper à tout ce qu’on subit, la beauté qui console et la beauté qui éblouit, qui soigne et qui exalte, qui révèle et qui guérit, que l’un d’entre eux, même un seul, rencontre la beauté, la beauté qui sauve, et la journée est gagnée. »
Récit d’une journée, une journée forcément particulière, à Bondy en Seine-Saint-Denis, dans un périmètre restreint entre un immense croisement de routes, d’autoroute et de voies de tramway, un pont qui surplombe le tout, une barre de dix étages avec vue sur la circulation, et une cité scolaire réunissant un collège et un lycée.
Mo, lycéen plutôt tranquille, est témoin d’une violente empoignade entre un de ses camarades de classe et un homme qui attendait le bus. Le jeune partage ce qu’il a filmé sur les réseaux sociaux, et cela va faire monter la tension au fil de la journée. C’est aussi le jour où Paul, écrivain, vient animer des ateliers d’écriture à la demande de Candice, une professeure de français. Il prend conscience d’un univers aux portes de la capitale, bien éloigné de ce qu’il connaît, et pourtant, si proche.
« Les gamins, c’est comme s’ils étaient tous myopes. Ils ne voient que le copain à qui ils sont en train de parler, en général très fort, parce qu’ils sont myopes de l’oreille aussi. »
Comme dans Il était une ville, Thomas Reverdy s’y entend pour faire vivre des paysages urbains, et ses descriptions de Bondy Nord, de son animation, de son multiculturalisme, sont parfaites de réalisme. Sa connaissance du monde lycéen est aussi évidente pour s’imaginer la cour ou les couloirs, tout autant que les salles de classe aux ambiances bien différentes selon les enseignants. L’agitation de ce jour-là commence sans doute comme celle d’un jour de janvier habituel, et l’auteur montre bien ce qu’elle a d’ordinaire, puis la pression qui s’installe et monte de plus en plus, au grand dam de la proviseure qui souhaite avant tout « ne pas faire de vagues ».
A part peut-être une romance entre des protagonistes qui naît précisément ce jour-là, mais pourquoi pas, après tout, le roman tient bien la route, rend un bel hommage aux enseignants enthousiastes comme aux autres, et frappe par sa puissance d’évocation, loin de toute caricature.
Et tiens, détail amusant, l’auteur a repris, pour la professeure de français le prénom, et même le rouge à lèvres, d’un personnage de Il était une ville !
Le grand secours de Thomas B. Reverdy, éditions Flammarion, août 2023, 318 pages.
Thomas B. Reverdy sur le blog : Les évaporés et Il était une ville.
Lu précédemment par Pamolico, le roman entre bien dans le parcours « Sous les pavés, les pages » chez Ingannmic et Athalie.
Oui, très bien pour Sous les pavés, mais pas sûr que je passe le périph. ^_^
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Oui, c’est idéal pour Sous les pavés, et un roman de rentrée qui fait d’une pierre deux coups. Tu peux tenter en bibliothèque, comme moi…
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Merci pour le lien ! Effectivement, j’ai eu la même interrogation que toi sur la romance, mais pourquoi pas 🙂 quant à Candice, c’est une constante chez l’auteur, presque un fil rouge dans chacun de ses livres !
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Candice n’était tout de même pas dans Les évaporés, au Japon (enfin, pas dans mon souvenir). Du coup, j’ai envie de lire Climax et L’hiver du mécontentement, après avoir lu tes billets. 😉
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Et moi Les évaporés 😉
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Un livre que j’ai noté pour le lire mais bien entendu il est très emprunté en médiathèque et il me faudra attendre ou le réserver quand je le pourrais. Merci pour ta chronique et cet extrait qui me plait beaucoup
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J’aurais pu choisir un extrait plus dans le thème de l’urbanisme, j’en avais aussi… je ne suis pas trop fan de romans se déroulant dans le monde enseignant, mais là, c’est très bien fait.
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J’ai abandonné « les évaporés » au bout de cent pages. Je n’accrochais pas. Le thème est ici bien différent et j’ai aimé son passage à la Grande Librairie. Je verrai à la bibli.
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Oui, pour le thème, tu devrais essayer. Rien à voir avec Les évaporés, que j’avais beaucoup aimé, de mon côté. 😉
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un bon point pour ton billet sur ce roman j’ai très envie de le lire !
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Tant mieux, j’espère que ta bibliothèque l’aura !
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Il va falloir que je guérisse de ma très grosse déception avec son dernier roman, Climax avant de m’y risquer à nouveau (pourtant j’avais aimé Il était une ville, et -un peu moins mais quand même – L’hiver du mécontentement).
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Je me souviens que les avis sur Climax étaient plus mitigés que sur ses précédents romans. Je te conseille tout de même celui-ci, sans urgence.
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J’ai beaucoup aimé Il était une ville, un peu moins Les évaporés, et pas du tout Climax.. du coup j’hésite un peu, mais s’il renoue ici avec la veine du premier, pourquoi pas ? Merci pour ta participation !
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J’ai trouvé que c’était un bon roman, efficace et bien écrit.
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Ce n’est pas trop le genre d’auteur/roman qui m’attire, j’avais déjà lu de lui Les évaporés dont je garde un souvenir « correct », mais c’est sûr qu’il colle bien à la thématique des pavés.:)
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J’avais beaucoup aimé Les évaporés, qui reste mon préféré… ça ne te convainc pas, j’imagine ! 🙂
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En fait j’avais lu Les évaporés pour sa thématique Japon à laquelle je ne résiste quasiment jamais. S’il écrit un autre livre autour du Japon, peut-être que je reviendrai à lui.^^
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De l’auteur, j’avais lu Les évaporés, qui ne m’avait pas plu.
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Décidément, Les évaporés a beaucoup divisé les lecteurs, ou plutôt les lectrices…
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J’ai aimé le côté vrai de ce roman et ses images en filigrane ( comme les pigeons par exemple). Fort heureusement on ne fait qu’effleurer cette romance finale. C’était mon choix parmi les 4 finalistes pour le Prix Landerneau
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Tu as raison, ces images ajoutent au réalisme du roman. Je vais aller voir quels étaient les trois autres finalistes ! 😉
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Humus de Gaspard Koenig, La foudre de Pierric Bailly et L’enragé de Sorj Chalandon
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J’ai du mal à expliquer pourquoi la lecture de ce roman m’a coûté. Je n’ai pas encore rédigé mon billet, j’espère réussir à l’expliquer.
Peut-être parce que je n’avais pas envie de passer une journée dans cette ambiance. J’avais hâte d’en finir.
Je reconnais toutefois des qualités à ce roman, qui semble très réaliste.
En ce qui concerne la romance, je ne vois pas trop ce qu’elle apporte au roman en dehors d' »un peu de douceur dans un monde de brutes »
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« un peu de douceur dans un monde de brutes » oui, ce doit être l’idée. 😉 Au contraire de toi, je l’ai dévoré, et aimé les images proposées, j’avais l’impression de regarder un film, un très bon flm sur la banlieue.
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Me voilà mitigée, parce que, évidemment, le thème me parle ! L’urbanité c’est quand même mon truc … Mais les romans qui se déroulent dans le monde enseignant, je me méfie. Sans doute parce que, enseignante moi même, je peine à retrouver les problématiques de tous les jours quand je me pose avec un roman ! Mais aussi, j’aime bien Reverdy … Donc mitigée … Et grand merci pour ta participation !
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Tu peux tenter un emprunt en bibliothèque… et il y a beaucoup de chances pour que tu ne puisses pas le lâcher. L’unité de temps et de lieu, les premiers personnages qui attirent la sympathie, et hop !
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J’étais persuadée d’avoir déjà lu cet auteur et une petite recherche vient de me montrer que non. Mais ça va se faire car plusieurs de ses romans me tentent.
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Je te souhaite bonne lecture, alors !
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Je n’ai jamais lu cet auteur, et pour être honnête, avant cette rentrée littéraire ci, je n’en n’avais jamais entendu parler… hum hum, où suis-je parfois ?!!! Bon le sujet n’est pas de ceux que j’affectionne, donc je pense que je vais passer.
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Il y a des auteurs plus médiatisés, c’est sûr, mais il mérite qu’on s’y intéresse… Sinon, « Il était une ville » est très bien aussi.
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Un auteur jamais lu (dois-je préciser que « Les évaporés » traîne dans ma PAL ?)
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Oui, précise, précise ! 🙂
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J’avais lu « Il était une ville », que j’avais apprécié. Rien lu de lui depuis.
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Ce dernier roman est un peu dans la même veine.
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