Daniela Krien, L’amour par temps de crise

Ce roman choral de l’autrice allemande Daniela Krien dresse cinq portraits de femmes vivant toutes dans la ville de Leipzig, en ex-RDA : qu’elles vivent seules ou non, qu’elles aient des enfants ou pas, elles sont toutes confrontées à des choix, à une vie qui ne ressemble pas forcément à celle qu’elles ont souhaitée, et dans laquelle elles se débattent. Ces cinq parties forment bien un roman, les personnages sont liés entre eux, se croisent ou font partie de la même famille ou du même groupe d’amis.
L’écriture de Daniela Krien est sobre, mais ses observations du monde actuel, et des positions des hommes et des femmes dans les couples, sont pleines de finesse. Son point de vue, résolument féministe, pose bon nombre de questions. Ces femmes étant issues de milieux assez privilégiés n’ignorent rien de leurs droits, mais se rendent compte que la société, ou leurs conjoints ou leurs familles, attendent d’elles toujours autant que de leurs mères ou de leurs grands-mères, et qu’il n’est pas si simple de cumuler vie de couple, travail, bonheur des enfants et vie culturelle.
Le constat formulé par l’autrice n’est pas rose, loin de là. Des drames touchent parfois ces femmes de près, et là encore, l’autrice fait le constat d’un fossé profond qui scinde le couple en cas de deuil ou de maladie. En arrière-plan, le choix d’une ville située autrefois en Allemagne de l’Est n’est pas anodin, et pointe certains aspects, positifs ou non, de la Réunification, comme dans le roman de Bernhard Schlink, lu précédemment.
En bref, c’est une lecture qui ne manque pas d’intérêt, mais j’avoue qu’un mois après, elle s’efface déjà : ce qui n’arriverait pas si je lisais moins, sans doute !

L’amour par temps de crise de Daniela Krien, (Die Liebe im Ernstfall, 2019) éditions Albin Michel, août 2021, traduction de Dominique Autrand, 336 pages.

Ailleurs : Alex n’est pas trop convaincue, Laure s’avère plus emballée et Sacha émet une légère réserve…

Pour prolonger la découverte de cette autrice, je lirais bien L’incendie, repéré chez Eva.

Les Feuilles allemandes sont sur Livr’escapades et Et si on bouquinait.

29 commentaires sur « Daniela Krien, L’amour par temps de crise »

  1. J’aime bien les intrigues qui se déroulent en ex-RDA (romans ou films) car le sujet me pose entre beaucoup de questions. Sinon ces histoires de femmes m’ont fait penser à un autre livre. Il s’agit de « Mon cher mari » de Rumena Bužarovska, un recueil de nouvelles d’une autrice macédonienne.

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    1. Je pense aussi à un recueil de nouvelles d’une autrice américaine d’origine ukrainienne : L’an prochain à Tbilissi.
      Bon, pour Daniela Krien, il ne s’agit pas vraiment de nouvelles, quoique… 😉

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  2. On ne sait pas forcément pourquoi un livre nous reste en mémoire et pas un autre. Celui-ci est à la bibliothèque mais seulement consultable sur place .. autant dire qu’ils ne l’ont pas.

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      1. ll y a des mystères non résolus dans mes bibliothèques, résultat d’un changement d’équipe municipale et d’une médiathèque qui n’a jamais ouvert .. pas moyen d’avoir de renseignements plus précis. Tu connais l’administration … des livres sont restés coincés quelque part et n’en bougeront pas apparemment.

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  3. comme toi Kathel , je m’étonne c’est quoi des livres consultables sur place , on veut que les lecteurs restent dans le bibliothèques pour lire ?
    sinon je ne suis pas tentée par ce livre sans trop savoir pourquoi

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  4. Un roman consultable sur place? Etonnant. Ou alors il n’appartient pas totalement à la bibli?
    Ici j’ai vu un livre mis dans le fond patrimonial (autant dire qu’il n’a quasi aucune chance d’être lu) alors qu’il parle d’une page d’histoire générale française, l’auteur est du coin, alors c’est peut être la raison?

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    1. Keisha, non ce n’est pas ce cas de figure-là, c’est plus nébuleux. Je vais me contenter de dire que les rouages n’ont pas l’air très huilés dans mes bibliothèques, on sent un fonctionnement lourd et assez opaque. Je reposerai quand même la question mardi, pour voir.

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  5. Un bon roman mais pas incontournable visiblement. C’est vrai qu’on lit beaucoup. J’oublie assez vite les détails de certaines de mes lectures après trois mois…

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  6. J’aime beaucoup cette autrice dont j’ai lu deux titres (et demi car j’ai bien commencé celui-ci mais n’ai pas pu le finir faute de temps). « Un jour nous nous raconterons tout » parle de l’adolescence au moment de la chute du Mur, puis « L’incendie » m’a vraiment beaucoup touchée. Si Daniela Krien continue ainsi, son prochain roman devrait parler de l’âge de la retraite 🙂 Je pense que les titres toucheront leurs lectrices différemment selon leur âge ou la période de la vie dans laquelle elles se trouvent et je suis d’accord avec toi pour ses observations pleines de finesse.
    Merci de ta participation 🙂

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    1. Je compte continuer avec Daniela Krien, à ajouter à ma liste d’auteurs germanophones à suivre. Qu’elle s’intéresse à différents âges de la vie est un bon point, elle n’a pas l’air du genre à écrire toujours le même roman ! 😉

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