Emily St. John Mandel, La mer de la Tranquillité

Le roman commence en 1912 pour assez rapidement changer d’époque deux puis trois fois, et arriver finalement en 2401. Les personnages sont divers et tout aussi intéressants les uns que les autres : un jeune anglais aisé qui débarque au Canada au début du XXème siècle, et cherche un sens à sa vie, une romancière désabusée qui fait une tournée de conférences-lectures sur la Terre en 2203, un jeune homme qui souhaite travailler pour l’Institut du Temps, dans les années 2400, et tiens, un personnage venu du précédent roman d’Emily St. John Mandel, L’hôtel de verre ! Que cela ne vous arrête pas, on peut parfaitement lire l’un sans l’autre, c’est davantage un clin d’œil qu’une suite.
Ce qui relie tous ces personnages ? Un lieu, un arbre, une musique, un bruit étrange, un prénom… Mieux vaut ne pas en savoir plus, et se laisser porter par la prose assez envoûtante de l’autrice. Sachez qu’il s’agira de voyage dans le temps, mais pas seulement…

Et alors, ai-je aimé ce roman ? Oui, la lecture en est tout à fait agréable, et prenante, et on aime voyager avec les personnages, les retrouver, et essayer de comprendre de quoi il retourne à propos de ces failles temporelles. Mais il ne faut pas imaginer, et c’est déjà beaucoup, autre chose qu’un roman fort bien construit et qui mise sur l’intelligence du lecteur. Si on s’attend, dans cette lecture, à un monde futur parfaitement imaginé dans ses moindres détails, que ce soit dans une version noire dystopique, ou rose, utopique, on peut être partiellement déçu. En effet, les mondes du vingt-troisième ou du vingt-cinquième siècles ont certes évolué, mais pas tant que ça, et d’une manière « ni bien, ni mal », un entre-deux qui semble à peu près satisfaire le Terrien moyen, ou l’habitant des colonies lunaires, sans être pourtant tout à fait enviable.
Globalement, je n’ai rien à reprocher à ce roman, j’aurais même préféré qu’il soit légèrement plus long, pour mieux m’immerger dans l’histoire, et accompagner plus longtemps les personnages. Ceux-ci sont vraiment le point fort de l’histoire, bien caractérisés, leurs réflexions et leurs atermoiements étant, dans tous les cas, très subtilement développés.

La mer de la Tranquillité, d’Emily St. John Mandel, (Sea of Tranquility, 2022), éditions Rivages, août 2023, traduction de Gérard de Chergé, 304 pages.

42 commentaires sur « Emily St. John Mandel, La mer de la Tranquillité »

    1. J’avais beaucoup aimé Station Eleven, mais j’avoue que, sans doute parce que je ne l’ai pas commenté, je ne me souviens plus de sa complexité. En tout cas, j’ai toujours beaucoup de plaisir à suivre cette autrice là où elle veut aller !

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  1. C’est intrigant cette histoire. Je ne sais pas si j’ai bien compris. C’est un roman d’anticipation mais là n’est pas l’important ?

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  2. Pour moi c’est un coup de coeur ! Je crois que je suis très sensible à cette manière d’écrire et de raconter des histoires.
    Et il m’a poussée à lire tous les autres / premiers romans de l’autrice, un projet encore en cours d’ailleurs.

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  3. J’avais été un peu mitigée à la lecture de Station Eleven. J’avais beaucoup aimé le première partie, moins la deuxième. Je n’ai pas eu envie de récidiver avec l’autrice et je ne te sens pas assez enthousiaste pour noter celui-ci.

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    1. Si tu n’as pas trop aimé Station Eleven, je n’imagine pas que tu pourrais t’enthousiasmer pour celui-ci… quoiqu’on est parfois surpris par nos impressions de lecture !

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  4. J’avais adoré Station Eleven ! J’en resterai sur ce souvenir fort pour l’instant concernant cette auteure, mais je reviendrai sûrement à elle plus tard.

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  5. Je crois qu’après « Humus » et les bouquins de Chalandon et Binet, c’est le livre de la rentrée que je vois le plus sur les blogs. Mais je ne suis pas tentée car j’ai péniblement lu « Station Eleven ».

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  6. Prévenue de ce que j’y trouverai et de ce que je n’y trouverai pas, je reste bien tentée par cette histoire intrigante sur plusieurs siècles ! E j’aime bcp ta citation sur « rester un point fixe au milieu de tout ce va et vient !

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