« Le café torréfié possède plus de huit cent composants aromatiques et gustatifs différents, et il faut le savoir-faire d’un artisan pour en faire ressortir une quantité respectable. »
Voici pour changer un peu de registre, non un roman, mais une biographie écrite par Dave Eggers, auteur qui excelle dans l’écriture de récits bien documentés et surtout nantis d’une forte dose d’attachement pour les personnages dont il raconte la vie, comme dans Zeitoun que j’avais précédemment lu et adoré.
Il s’agit ici de café, au travers de la vie d’un jeune homme d’origine yéménite vivant à San Francisco. Après une jeunesse un peu agitée, il découvre que le grain de café torréfié trouve son point de départ au Yémen, accompagné par une très jolie légende, d’ailleurs. Il s’intéresse de plus en plus à cette boisson et projette de remettre en route la culture du café au Yémen, où elle a été supplantée par celle du qat, pour vendre ses grains aux États-Unis, dans des filières d’exception. Mais la guerre civile éclate alors qu’il commence à peine son négoce, et cela va le mener à prendre bien plus de risques que prévu.
« Son père faisait le tour de son adolescence comme il faisait le tour de la ville – une conscience itinérante de dix-huit mètres de long. »
La vie de Mokhtar Alkhansali, de sa jeunesse tumultueuse, surveillé de près toutefois par son père chauffeur de bus, à son job de portier dans un grand immeuble de San Francisco, puis à sa recherche de partenaires pour son projet de café yéménite, est parfois tellement incroyable qu’on se dit que la réalité est largement plus imaginative que la fiction. L’écriture de Dave Eggers, avec son sens de la formule et son humour, rend particulièrement bien compte des capacités hors du commun qu’il faut à Mokhtar pour mettre en route et tenir le cap du projet qu’il s’est fixé. Il rentre dans les détails du processus long et coûteux pour obtenir une délicieuse tasse de moka (l’origine de ce mot yéménite est bien sûr expliquée dans le livre) mais ces détails n’alourdissent jamais le propos qui demeure passionnant d’un bout à l’autre. Il parvient également à faire poindre l’émotion, sans trop en faire, et en gardant un récit bien équilibré, entre documentation et sentiments.
« Mokhtar ne pouvait pas parler aux autres de ce genre de choses, de sa capacité à flairer une occasion et à s’y préparer mentalement. Les gens ne comprenaient pas. Mais lui savait que si on lui donnait la moindre ouverture, le plus mince entrebâillement, sa tchatche était capable de lui ouvrir grand la porte et de lui faire franchir le seuil. »
Tout au plus peut-on se demander si Mokhtar n’idéalise pas un peu ses souvenirs racontés à l’auteur, à moins que ce ne soit Dave Eggers lui-même qui n’enjolive légèrement. En tout cas, un petit tour sur le site de The Mokha Foundation permet de confirmer la réalité et de voir comment se porte le commerce de Mokhtar. Après ce livre, vous ne dégusterez plus votre expresso de la même manière !
J’ai autant aimé ce récit que celui sur Zeitoun et l’ouragan Katrina, et je conseillerais, s’il me lisait, à l’auteur de s’en tenir à cette veine, car, si j’ai aimé Le cercle, dystopie numérique, je n’ai pas du tout accroché au roman Les héros de la frontière, malgré l’envie que j’en avais !
Le moine de Moka, de Dave Eggers, (The monk of Mokha, 2018) éditions Gallimard, octobre 2019, traduction de Juliette Bourdin, 376 pages.
Mois américain sur le blog Plaisirs à cultiver .
J’aime beaucoup les romans de Dave Eggers, mais j’avoue que je n’étais pas très tentée par cette biographie…
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Il se lit comme un roman, il fat se rappeler régulièrement que tout cela s’est réellement passé de cette manière.
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Pas vraiment tentée par cette biographie.
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Elle se lit bien, mais mieux vaut être tenté par le sujet.
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Je l’avais noté à sa sortie et laissé de côté depuis…. Un signe peut-être 🙂
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Mais oui, très certainement !
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Et bin il me tente bien de mon cote…ouiii
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Il est aussi intéressant que bien écrit…
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Souvent difficile de réussir le mélange fiction non fiction
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Là c’est de la pure « non fiction » et c’est très réussi.
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Je ne bois pas de café, je n’aime pas ça mais j’ai bien envie de découvrir cet auteur que je n’ai jamais lu.
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Je pense maintenant au processus en savourant mon « petit noir » mais je pense qu’on peut apprécier le livre en buvant autre chose !
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tentant ! D’autant plus que je n’ai jamais lu l’auteur et que je lis peu de biographies (alors que j’aime ça!)
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Il faut trouver de bonnes biographies, qui ne donnent pas l’impression d’un article de journal à rallonge… 😉
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J’avais trouvé Le cercle assez intéressant. Celui-ci me tente moins…
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Le cercle n’était pas mal du tout, dans un genre très différent.
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Intéressant…
Je n’ai jamais lu l’auteur.
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J’ai beaucoup aimé Zeitoun aussi.
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je suis en train de boire du café en te lisant, alors ça pourrait bien me tenter!
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Mais oui, c’est un signe ! 😉
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Je vais plutôt noter Zeitoun … Cette histoire de grain de café ne me tente pas vraiment, malgré l’intérêt que tu y as trouvé.
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J’ai trouvé Zeitoun formidable, là encore un reportage au long cours écrit comme un roman.
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Au moins le sujet est original !
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C’est ce qui m’avait attiré vers ce livre, et bien m’en a pris.
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Tu me tentes ! Je note Zeitoun et celui-ci, merci pour la découverte !
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Je t’en prie, ça me fait plaisir que tu les notes !
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