Nicolas Maleski, La science de l’esquive

sciencedelesquive« Son étape dans cet endroit isolé ne constitue qu’un prologue. Il a besoin de souffler, disparaître des écrans satellites, besoin de s’endurcir avant d’organiser la suite. La suite, c’est l’hémisphère sud. »
Un voyageur discret, si ce n’est son nez cassé d’ancien boxeur, débarque un soir de l’autocar dans un petit village isolé des Alpes du Sud et loue un meublé pour un temps indéterminé. Son but est manifestement de se faire oublier, mais de quoi, ou de qui ? Il ne se passe que quelques jours avant que la curiosité des voisins ne commence à l’inquiéter quelque peu. Un incident lui fait aussi rencontrer une bande de jeunes du village. Puis sa voisine la plus proche semble s’intéresser à lui. Il devrait repartir et pourtant, reste inexplicablement dans sa location un peu vétuste et parmi les villageois assez accueillants, quoiqu’un peu curieux.


« Kamel a fini par admettre que son séjour ici dure plus longtemps que prévu. […] Pour confirmer le pathétique de la situation, il reçoit sans arrêt des visites à domicile. Il s’attire des sollicitudes, contre son gré pour ainsi dire. »
Ce roman surfe avec pas mal de malice sur la vague du rural noir. Malin parce qu’il ne va pas où on l’attend, parce que Kamel Wozniak (tel est le patronyme improbable du héros) n’est peut-être pas celui qu’il semble être.
Bizarrement, le roman m’a rappelé L’iris de Suse de Jean Giono, pas si étonnamment en fait, puisque dans L’iris de Suse, un individu essaye de se faire oublier au milieu des montagnes, en suivant un troupeau en transhumance. Les paysages sont les mêmes, le passé du personnage est tout aussi flou. Dans La science de l’esquive, le nombre de rencontres faites par le personnage principal semble en désaccord avec le fait qu’il veut se cacher et ne pas vouloir être reconnu. C’est surprenant, tout comme la rapidité avec laquelle il se lie à sa voisine. Mais ce qui peut sembler une incohérence du roman, tient au fait que les mystères autour du passé du Kamel restent longtemps entiers, autant pour les voisins curieux que pour les lecteurs. Et cela donne lieu à des portraits pas dénués d’humour.
Ce roman constitue donc une lecture pas désagréable, dans un style aiguisé, une ballade rafraîchissante dans un arrière-pays bien observé, une peinture exacte d’une petite communauté rurale. Pour amateurs de romans noirs sans adrénaline, mais pas sans surprises !

La science de l’esquive de Nicolas Maleski, éditions Harper et Collins, (janvier 2020), 224 pages.

24 commentaires sur « Nicolas Maleski, La science de l’esquive »

    1. Il ne faut tout de même pas en attendre trop ! 😉 Notamment l’écriture y est moins flamboyante. C’est plus l’atmosphère qui me les a fait comparer, et le personnage…

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