« La couleur de l’Est c’est le gris, quarante nuances, chacune plus prononcée que la précédente. Il fait un complément parfait à la pluie, et ne pose problème que quand le soleil se montre. »
L’Est dont il est question dans la citation est celui de Belfast, en plein mois de juillet 2014. Les Troubles nord-irlandais appartiennent au passé, mais l’inquiétude va renaître lorsqu’une mystérieuse vidéo virale enjoint les jeunes à allumer des incendies. Tout le monde s’interroge sur les motivations du Lanceur de feu, de plus en plus suivi, et qui va bien plus loin que les traditionnels brasiers du 12 juillet, tels que la ville en connaît toujours, et qui eux sont plutôt festifs.
Parmi les plus inquiets, deux pères de famille qui ne se connaissent pas. L’un, Jonathan, est un médecin qui élève seul une toute petite fille, un bébé abandonné par une mère fantasque. Jonathan craint par-dessus tout que la petite Sophie ait hérité des dons très particuliers de sa mère.
Quant à Sammy, d’un milieu plus populaire, père de trois grands enfants, il se fait du souci pour l’aîné, Mark, en qui il a toujours senti une violence, peut-être héréditaire. Mark serait-il le Lanceur de feu ?
« J’aime bien regarder tes yeux et voir mon propre reflet, comme un miroir dans le noir. Te voilà, ma Toute Petite. Autant à moi qu’à elle.
Ta mère a les yeux bleus océan. Toute autre couleur aurait été une insulte. Mais les tiens sont bruns, comme la terre ferme, comme la glaise, comme les troncs d’arbre et les feuilles d’automne qui font les paillis d’hiver. »
Les deux pères ont en commun de penser que leurs enfants sont des dangers pour la société, et de ne pas vouloir baisser les bras face à ce pressentiment. Leurs deux récits se succèdent, avec des intermèdes en forme de fables sur le thème de la parentalité et des enfants à dons particuliers.
L’ensemble forme un puzzle insolite, parfait si vous cherchez un roman qui ne vous donne pas une impression de « déjà lu ». Ce roman nécessite de se laisser faire et d’accepter que le réalisme le plus strict se mêle à des considérations qui peuvent sembler folles.
Cela faisait un moment que je n’avais pas lu de roman irlandais, et celui-ci m’a tenté par son sujet très original et le cadre inhabituel de la ville de Belfast. Malgré les thèmes qui trouvent bien évidemment des résonances actuelles, été brûlant et violences urbaines, et bien qu’un peu déroutée par le côté presque fantastique, je n’ai pas été déçue. Je ne connais pas d’autre exemple de réalisme magique à l’irlandaise, il est peut-être le fait de cette seule autrice, mais ce n’est pas une raison pour le rater !
Les lanceurs de feu de Jan Carson, (The fire starters, 2019) éditions Sabine Wespieser, septembre 2021, traduction de Dominique Goy-Blanquet, 384 pages. Sorti en poche.
Repéré chez Alex, Cécile et Lectrice en campagne.
Merci pour le lien ! Je crois que tu as été plus convaincu que moi qui ai regretté l’absence de réels liens et de vraie cohérence entre les différentes parties du roman. Ceci dit, l’atmosphère vaut effectivement le détour !
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Non, cela ne m’a pas gênée, je n’ai pas eu cette impression de manque de cohérence. Je suis curieuse de son deuxième roman, du coup !
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Je ne l’ai pas lu donc je ne peux pas te dire !
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Je réalise que c’est une auteure… Pas trop attirée, en fait.
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Mais oui, c’est jan au féminin. Je ne crois pas que ce soit trop ton genre, en effet.
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J’ai souvent du mal à lire les romans trop irréels mon côté rationaliste prend souvent le dessus et m’empêche d’apprécier le récit.
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Là, tu risquerais de « tiquer », effectivement !
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J’avais repéré « Les ravissements » de la même autrice mais pas franchi le cap à cause du côté fantastique. Ca peut me plaire, mais c’est une question de moment (et depuis quelques temps, ce n’est pas ce qui me fait envie mais ça reviendra certainement !)
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Il vaut mieux choisir le moment opportun, alors. J’ai noté aussi Les ravissements !
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J’ai un peu hésité devant « les lanceurs de feu », je me sens plus partante pour « les ravissements ». Les deux sont à la bibliothèque, je ne les perds pas de vue.
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Je viens de voir que si le premier n’y était pas (c’est un achat qui attendait depuis un moment sa lecture), le deuxième est à la médiathèque, chouette ! Tu devrais tenter, c’est un roman original et prenant.
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pas lu cet auteur mais j’aime beaucoup cette édittrice
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Moi aussi, j’ai tendance à lui faire confiance, d’autant qu’elle connaît fort bien la littérature irlandaise.
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C’est dommage, parce qu’il a l’air très bien, mais comme Keisha ou Luocine, je ne me sens pas vraiment tentée…
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J’ai pourtant bien aimé, mais en ce moment, je peine à écrire sur les lectures qui m’ont plu, et ça doit se sentir ! 😉
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Aïe, réalisme magique, même à l’irlandaise, ça ne passe pas toujours avec moi, et les thèmes qui résonnent avec l’actualité comme tu dis ne me disent pas trop. Bon, tant pis, ça me laisse de la place pour d’autres tentations.:)
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Il en faut, j’imagine ! (de la place) 🙂
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J’ai adoré cette lecture et j’ai trouvé son suivant moins réussi.
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Ah, dommage… j’essayerai de laisser passer du temps avant de lire le second (e ne devrait pas être difficile) ainsi, peut-être ne souffrira-t-il pas de la comparaison…
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j’ai commencé à le lire, mais je n’ai pas accroché au style. Mais je pense que je n’étais pas non plus dans le bon état d’esprit pour l’aborder. je le tenterai plus tard.
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Ce style et le genre ne plairont pas à tout le monde, j’ai eu des doutes aussi au début, et finalement j’ai plutôt aimé.
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Ça m’intrigue mais peut-être pas pour tout de suite même si l’option ne plus dormir pour lire est envisagée 🙂
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A qui le dis-tu ! (dis-je en regardant les piles qui s’accumulent à mon chevet !)
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Réalisme magique, voilà qui ne me tenterait pas trop, mais « à l’irlandaise » change tout. L’idée de pères qui se méfient du potentiel de dangerosité de leurs enfants, est effectivement original. Moi, ça me dit bien de découvrir …
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C’est tout à fait original, ces irlandais ont le don d’écrire des romans qui ne donnent pas l’impression de les avoir déjà lus, ça c’est sûr !
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