Vercors, Le silence de la mer et autres récits

« Il faisait nuit, pas très froid : ce novembre-là ne fut pas très froid. Je vis l’immense silhouette, la casquette plate, l’imperméable jeté sur les épaules comme une cape. 
Ma nièce avait ouvert la porte et restait silencieuse.»

Je poursuis le mois de la nouvelle avec ce recueil devenu un classique, mais que je n’avais jamais lu. L’auteur en est Jean Bruller, sous le pseudonyme de Vercors, qui écrivit son premier texte en 1942, en réaction à la présence des Allemands. Imprimé clandestinement, il a été la première publication des éditions de Minuit.
Le silence de la mer raconte l’installation d’un officier allemand dans une maison habitée par un oncle et sa nièce, et le silence qu’ils lui opposent.

« Il était devenu français. Je le vois encore, le jour où mon père lui annonça la nouvelle. C’était à la terrasse de quelque café, près du ministère. »

Si les autres nouvelles ont toutes pour cadre la France occupée, l’une d’elles, La marche à l’étoile, plonge ses racines plus loin, en Bohême, où Thomas Muritz, né à la fin du XIXème siècle, tombe amoureux de la culture française, et finit par réussir au terme d’une longue marche, à rejoindre son pays rêvé.
C’est peut-être la nouvelle que j’ai préférée, mais toutes sont très percutantes et exaltent les sentiments patriotiques et l’esprit de résistance. On ne peut qu’y trouver des échos à la situation actuelle en Ukraine. Ce que l’auteur montre de la Résistance n’est pas uniquement l’aspect intellectuel et la puissance des écrits, mais ce thème revient plusieurs fois. L’ensemble se révèle passionnant, même s’il est assez pesant, et c’est difficile pour le moral d’enchaîner les textes les uns à la suite des autres. Ce petit livre est à conseiller à tous, et très certainement à des lecteurs plus jeunes pour qui cette période historique commence à être un peu abstraite.

Le silence de la mer et autres récits, de Vercors, 1951 et 2018 pour l’édition augmentée, Livre de Poche, 256 pages.

Repéré grâce au podcast des Bibliomaniacs.

#maiennouvelles

34 commentaires sur « Vercors, Le silence de la mer et autres récits »

  1. Je l’ai lu il y a longtemps et c’est une lecture qui m’avait marquée. Je ne me souviens pas qu’il y avait d’autres textes.

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  2. le silence de la mer: quel bon souvenir, je me souviens de l’avoir lu très jeune et relu très …..oui bon tu comprends et bien le plaisir était toujours là
    Depuis je l’ai écouté avec le même bonheur

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  3. Vercors est un des auteurs dont la mention du nom me me renvoie immédiatement aux lectures obligatoires (et toujours pénibles) du collège, aux vieux livres de poche aux feuilles devenues maronnasses à cause de l’oxydation… Bref, un vrai repoussoir.
    Et quand je lis ton billet, je ne peux que constater quel crétin bas du front je fais. Elle m’a l’air très intéressante cette histoire du Silence de la mer. Tu ne dis pas si le style a souffert – ou pas – du passage du temps, mais si c’est un peu suranné, ça n’a pas entaché ton plaisir. Il ne me reste plus qu’à aller combler cette lacune.

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    1. Je suis passée au travers de cette lecture obligatoire, apparemment… 😉
      Quant au style, il est assez classique, mais pas désuet, non, il a plutôt bien passé l’épreuve des années.

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  4. Je souris au commentaire de Autist Reading parce que je l’ai lu au collège, en lecture obligatoire, et je n’en garde pas un bon souvenir. J’étais peut-être trop jeune, ou le côté obligatoire a fait blocage. Il faudrait que je retente aujourd’hui car à vrai, il ne me reste aucun souvenir de l’intrigue ou des personnages.

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  5. En visitant, il y a deux ans, La Chapelle en Vercors, je me suis dit qu’il fallait que je lise cet auteur (que j’avais négligé un peu pour les mêmes et stupides raisons que The Austist…:)) et.. je ne l’ai toujours pas fait. Donc merci pour la piqure de rappel !

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  6. J’ai lu Vercors mais pas celui-ci. Il faut dire que je garde un souvenir très fort, bouleversant, de l’adaptation cinématographique du  » Silence de la mer « , et des nouvelles d’Aragon sur la même période.

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  7. Je l’avais lu au lycée, et il m’avait fait forte impression. Il faudrait que je le relise pour ses échos avec notre période compliquée.

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  8. Je crois que ça a été le premier des « Vercors » que j’ai (lus), découvert lors d’un week-end à la campagne où je m’embêtais ferme, ado… Je le relis régulièrement. E j’ai dû voir au moins une fois le film que Melville en a tiré.
    De Vercors, je vous recommande aussi (si pas déjà lus!) Les animaux dénaturés, ou Sylva.
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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