Dolores Redondo, Le gardien invisible

« Amaia sentait dans cette forêt des présences si tangibles qu’il était facile d’y accepter l’existence d’un monde merveilleux, un pouvoir de l’arbre supérieur à l’homme, et d’évoquer le temps ou, en ces lieux et dans toute la vallée, êtres magiques et humains vivaient en harmonie. »

Avant d’évoquer les personnages ou l’investigation policière, il convient de parler des lieux : la vallée du Baztán, dans les Pyrénées espagnoles, environnée de forêts et au milieu de laquelle se trouve le bourg d’Elizondo. L’endroit semble idyllique, mais l’atmosphère devient plus trouble lorsqu’une jeune fille, puis deux, sont retrouvées mortes, leur corps à chaque fois soigneusement déposé au bord de la rivière, en pleine forêt. La présence de poils d’animaux font imaginer à tous, même à Amaia Salazar, policière chevronnée revenue de Pampelune dans son village natal, qu’un basajaun, créature mythique, pourrait être passé sur les lieux…

« L’architecture d’un village ou d’une ville témoigne des existences et préférences de ses habitants autant que les habitudes d’un homme révèlent sa personnalité. Les lieux reflètent un aspect du caractère, et ce lieu parlait d’orgueil, de courage et de lutte, d’honneur et de gloire. »

Dès les premières lignes, j’ai adopté sans difficulté cette nouvelle série policière venue d’Espagne. Tout d’abord, on n’y retrouve pas les clichés habituels. L’enquêtrice travaille au sein d’une équipe sans gros problèmes, a une vie de couple assez harmonieuse, ça change des policiers divorcés et alcooliques. Elle vient ensuite d’une famille unie, qui vit au cœur de la vallée du Baztán, mais là, je ne vous en dévoile pas trop, volontairement. On comprend qu’Amaia ne souhaite pas vraiment enquêter dans son village d’enfance, et qu’elle souffre d’un vieux traumatisme.
Si j’ai ressenti quelques petites baisses de rythme au cours du roman, qui est tout de même raisonnablement long, d’autres les trouveront sans doute négligeables. L’ensemble tient bien la route, est relevé d’une écriture tout à fait agréable, et comme c’est le début d’une trilogie, je ne demande qu’à lire la suite !

Le gardien invisible de Dolores Redondo, (El guardian invisibile, 2012), éditions Stock, 2013, traduction de Marianne Millon, 520 pages en poche.

29 commentaires sur « Dolores Redondo, Le gardien invisible »

  1. Pas trop amatrice de romans policiers mais je crois qu’hier ma bibliothécaire me parlait de ce roman qu’elle avait beaucoup apprécié mais il y avait beaucoup de monde et de bruit (enfants nombreux dans la bibliothèque car en vacances et c’est tant mieux) mais nous n’avons pas pu échanger plus cela….. 🙂

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  2. De Redondo, j’ai commencé par De Chair et d’Os et je n’ai pas été entièrement convaincue, très belle évocation de la vallée des Pyrénées mais je suis mauvaise cliente pour le paranormal.

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  3. j’ai lu la trilogie de cette auteure et j’ai beaucoup aimé mais le dernier est certainement le meilleur j’ai aimé cette incursion dans une région sous le coup encore de superstitions effroyables au climat rude et aux personnages complexes

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    1. C’est vrai que le climat m’a presque paru plus inquiétant que le personnage mythique qui arpentait la forêt ! 🙂
      Tu m’encourages en disant que le dernier est le meilleur.

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  4. Cette trilogie est dans mes projets depuis des années. J’ai beaucoup aimé « Tout cela je te le donnerai », un livre en un seul morceau (pas une série, quoi).

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  5. J’avais trouvé ce roman sympa mais vraiment sans plus, à part peut-être l’originalité du contexte culturel et historique. L’intrigue policière reste assez classique quand même, avec quelques grosses ficelles sur la fin. Bon il faut dire que j’avais de grosses attentes avec la comparaison à Vargas sur le bandeau de couverture.
    (erreur de manip, mon commentaire précédent est parti tout seul sans être achevé, peut-être peux-tu le supprimer ?)

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    1. Je dois être bon public, car j’ai beaucoup aimé. Fred Vargas, j’en ai lu beaucoup et je commence à m’en lasser un peu. Je trouve que la comparaison est toutefois pertinente pour le côté « vieilles croyances ».

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