« L’idée me traversa l’esprit que la villa qui avait été celle de mes grands-parents dans les années soixante-dix était peut-être elle aussi abandonnée et en décrépitude, comme tant d’autres autour du lac, vestiges et ruines d’une époque révolue. »
Depuis quelques années, des avis enthousiastes m’avaient fait noter le nom d’Eduardo Halfon, et voilà enfin que je me lance, avec un tout petit livre qui sera sans doute suivi d’autres. L’auteur y revient avec urgence et intensité sur un souvenir qui a marqué son enfance : on lui a (ou on lui aurait) raconté que Salomon, un des frères de son père, s’était noyé dans le lac Amatitlàn, tout proche de la maison de ses grands-parents. Eduardo Halfon retourne sur les bords de ce lac, interroge des riverains pour essayer d’en savoir plus sur cet accident dont on ne parlait pas dans sa famille. Il va faire alors des découvertes surprenantes.
« Mais ce que je n’arrive pas à comprendre, poursuivis-je, c’est pourquoi j’ai grandi en étant persuadé qu’il s’était noyé ici à Amatitlàn, enfant, près du ponton. Je ne sais pas si j’ai imaginé ou rêvé tout ça, lui dis-je et même ma voix me paru étrange. »
Dès le début, j’ai été séduite, et n’ai pas ressenti le besoin de noter des citations, ou alors j’aurais été obligée de noter plusieurs citations dans chaque paragraphe, tellement tout me parlait. Dans la veine de l’introspection intime et familiale, Eduardo Halfon fait très fort avec une belle économie de mots, assortie de détails qui sonnent toujours très justes. À chaque chapitre, une histoire peut en cacher une autre, et c’est passionnant. L’écriture sobre n’empêche pas le lecteur de s’identifier parfois, de compatir souvent, de s’amuser à certains moments de ces confrontations entre les souvenirs d’enfance et les ressentis d’adulte. À noter le beau travail de traduction qui se fait tout discret au service du texte.
Deuils, d’Eduardo Halfon, (Duelo, 2017), éditions de la table Ronde, 2018, traduction de David Fauquemberg, 160 pages.
Eduardo Halfon est né en 1971 à Guatemala City. Lorsqu’il était enfant, sa famille s’est installée aux États-Unis et il a étudié le génie industriel en Caroline du Nord. Après son diplôme, il est retourné au Guatemala pour y enseigner la littérature.
En 2010, il a été invité pour une résidence à la Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire. Il vit aujourd’hui dans le Nebraska.
Ce roman marque ma première participation au mois latino-américain organisé par Ingannmic.
Très très tentée, surtout que je cherche des lectures pour ce mois.
J’aimeJ’aime
Et que celui-ci est facile à caser, même dans un programme de lectures chargé. 😉
J’aimeJ’aime
Bravo, tu ouvres le bal ! Comme je regrette d’être restée hermétique à ce titre dont je lis tant de bien. Son aspect énigmatique m’a complètement perdue…
J’aimeJ’aime
Oh, c’est vraiment dommage ! Je comprends car cela m’arrive bien souvent.
J’aimeJ’aime
Je ne connaissais pas ce nom, et je regrette de ne pas m’intéresser davantage à la littérature sud-américaine, je pense que je rate quelque chose. Il faut que j’y remédie.
J’aimeJ’aime
J’ai parfois du mal avec cette littérature, mais je persiste, ce qui permet de jolies découvertes (et quelques déconvenues).
J’aimeJ’aime
Comme Fanny je connais peu la littérature sud-américaine…. Une lacune apparemment qu’il va me falloir combler… J’en ai je crois quelques unes dans ma PAL 😉
J’aimeJ’aime
C’est une littérature qui dépayse, c’est sûr, parfois un peu trop, parfois c’est juste ce que l’on attendait !
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai très peu lu de littérature sud-américaine. Un nom que je ne connais pas. Je note.
J’aimeJ’aime
Je reviendrai vers cet auteur, c’est sûr. Reste à savoir quand… 😉
J’aimeJ’aime
oh je le note ! moi aussi j’ai eu très longtemps un souvenir ancré dans ma tête et on m’a un jour expliqué que j’avais en partie imaginer cette histoire
J’aimeJ’aime
Les souvenirs d’enfance sont parfois totalement ou pour partie imaginaire. Ce roman en parle, et de bien d’autres aspects de son histoire familiale.
J’aimeJ’aime
N’est-ce pas lui qui a écrit « Monastères » ? Ou je confonds…
J’aimeJ’aime
Oui, tu as tout à fait raison.
J’aimeJ’aime
Oui, je l’avais lu et commenté l’année dernière, un livre moins ancré dans l’Amérique latine puisqu’il parle aussi de l’holocauste et des deuils de la famille dans les camps nazis.
J’aimeJ’aime
Le Guatemala est tout de même bien présent lorsqu’il rencontre des habitants du bord du fameux lac (fameux dans sa mythologie familiale).
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup ce que tu dis de ce livre. Moi aussi parfois je suis tentée de recopier des passages entiers pour illustrer ce que je viens de ressentir en lisant.
J’aimeJ’aime
ça a été un grand plaisir de découvrir cet auteur et son style tout en retenue.
J’aimeJ’aime
Tu en parles d’une telle manière que j’ai très envie de découvrir cet auteur et ce titre…
J’aimeJ’aime
J’ai l’impression que tu pourrais être séduite par son écriture.
J’aimeJ’aime
Oh, Guatemala, belle trouvaille ! Je note bien que je ne sois pas trop récit introspectif et familial mais tu éveilles quand même ma curiosité.
J’aimeJ’aime
Quand c’est bien fait, et si possible si ça me fait voyager, j’aime assez ce genre.
J’aimeJ’aime
Le titre fait un peu peur, mais ce que tu dis de ce roman donne bien envie !
J’aimeJ’aime
On y croise beaucoup de personnages passionnants, que ce soit dans la famille du narrateur ou lors de son « enquête » sur la mort de son oncle.
J’aimeJ’aime
Je l’avais déjà noté, ce livre (chez ClaudiaLucia, je crois). A chaque fois que quelqu’un en parle, c’est avec beaucoup d’enthousiasme. Il attend donc que je sois disponible !
BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
J’aimeJ’aime
Oui, Claudialucia en avait fort bien parlé. En ce qui me concerne, c’est le hasard qui a fait que ma médiathèque possède ce titre et pas les autres !
J’aimeJ’aime
Tu sembles sous le charme de cette lecture.
J’aimeJ’aime
Je l’ai terminée complètement charmée, oui, et je lirais bien volontiers d’autres titres de l’auteur.
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai également de grosses lacunes avec la littérature sud-américaine et il faudrait que je prenne le temps de m’évader par là-bas.
J’aimeJ’aime
Il y a de belles découvertes(très variées) à faire dans ces pays.
J’aimeAimé par 1 personne