Nele Neuhaus, Les oubliées du printemps

« Dans la plupart des actes de violence, les victimes et les coupables se connaissaient, ce qui facilitait leur élucidation. Mais pour Pia qui pensait aux séquelles que laissaient les violences dans la vie des victimes et aux traumatismes que généraient les meurtres dans celle des survivants, ce métier ne pouvait pas être une routine. Certaines affaires étaient même de sacrés défis ! »
Cela faisait un moment que j’avais repéré cette auteure allemande de polars, dont les premiers romans se trouvent maintenant en Babel chez Actes Sud, mais je commence par le dernier de la série, ce qui n’est pas foncièrement gênant. Les personnages récurrents sont l’inspectrice Pia Sander (Pia Kirchhoff dans les précédents) et son collègue Oliver von Bodenstein. C’est l’été dans la région de Francfort, lorsque Pia est appelée sur les lieux d’un décès pas forcément suspect au premier abord : un homme âgé et seul qui a fait une chute mortelle dans sa cuisine. Mais cela va être le début d’une série de découvertes, et les policiers devront remonter dans le passé de ce vieil homme. Avec sa femme, il accueillait des jeunes qui trouvaient ainsi un foyer qui aurait pu être chaleureux, mais s’avérait néfaste, en dépit de ce qu’en pensaient les services sociaux.
Parallèlement, le lecteur suit la quête d’une toute jeune femme qui recherche son père après la mort de sa mère qui l’a élevée seule.

« À La vue de l’homme qui l’abordait, Fiona ressentit une pointe de déception. Elle ne s’attendait pas à voir débarquer George Clooney, mais ce quinquagénaire aux cheveux bruns clairsemés, grisonnant aux tempes, doté d’un visage aux contours imprécis et d’yeux marrons derrière des verres à monture dorée, n’avait rien d’attrayant. »
Bon, encore une affaire de tueur en série. Heureusement, ils sont plus nombreux dans les romans policiers que dans la réalité, sinon, le monde ne serait guère sûr, enfin, serait beaucoup plus inquiétant encore qu’il ne l’est. Celui-ci ne tue que des femmes, mais avec un mode opératoire assez particulier, et sans caractère sexuel. Les policiers mènent une enquête soigneusement détaillée, et qui s’avère passionnante. Dessus, se greffe le thème de l’absence d’un ou des parents, de la famille en général. Si l’écriture n’a rien qui sorte de l’ordinaire, la mise en scène est efficace et le roman difficile à lâcher avant la fin, grâce à des personnages bien caractérisés et sympathiques, assortis de quelques « méchants » qui font des suspects parfaits. C’est bien huilé et on ne voit pas passer les 538 pages.

Les oubliées du printemps de Nele Neuhaus (Muttertag, 2018) éditions Calmann-Lévy, septembre 2020, traduction d’Elisabeth Landes.

 

28 commentaires sur « Nele Neuhaus, Les oubliées du printemps »

  1. Je suis toujours un peu réticente à lire des polars , pourtant celui-ci me semble intéressant. J’aime bien ta remarque sur les tueurs en série. C’est vrai qu’ils font de bons sujets de romans mais qu’ils sont moins nombreux dans La vie réelle : heureusement !

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  2. Oui, bon… Personnellement, j’aime bien quand il y a un arrière-fond social ou historique dans les polars. Si c’est juste un page-turner, je ne suis pas très tentée…

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  3. Tiens c’est drôle, j’avais pensé à cette auteure et à ce titre pour la thématique de « l’assaut des pavés » ce mois-ci.:)

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    1. Serais-je dans le thème sans le savoir ? Ce sont les moments de la journée, ou les saisons ?
      Enfin, pas grave, l’essentiel est d’avoir passé un bon moment de lecture !

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  4. Bonjour Kathel, j’ai lu tous les romans de Nele Nehaus publiés chez Actes Sud, j’ai les deux derniers dont celui-ci parus chez Calmann Levy à lire. J’apprécie beaucoup cet écrivain et elle sait maintenir ses lecteurs en haleine. Bon dimanche.

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  5. C’est une valeur sûre dans les polars allemands ! Je me souviens avoir lu d’elle « Blanche Neige doit mourir » qui était également bien ficelé.

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