« Tant qu’aucun adulte n’était au courant du meurtre, il ne s’était pas vraiment produit. Les garçons continuèrent de jouer, dans la cour, au jardin public, dans la rue, au salon. Ils habitaient un monde imaginaire dans lequel Emily pouvait « aller bien ».
En 1895, Robert, un adolescent de treize ans, assassine sa mère, Emily, plus ou moins avec la complicité de son frère cadet. A ce moment son père, steward sur un paquebot, était en train de traverser l’océan en direction de New York. La famille vivait dans les faubourgs de Londres, un quartier de petites maisons mitoyennes, ils menaient une vie un peu plus difficile que leurs propres parents, avaient un peu de mal à joindre les deux bouts, sans être dans la misère. Après le meurtre, les deux garçons continuent de vivre comme si de rien n’était, alors que le corps de leur mère est dans la pièce d’à côté, et racontent aux voisins qu’elle est en voyage. Ils tentent d’emprunter de l’argent, de gager des objets de famille, pour pouvoir aller s’amuser, puis pour se nourrir. Ce comportement posera beaucoup de questions et permettra à l’avocat de Robert de trouver une ligne de défense, de plaider la folie.
« Bien que Robert et Nattie fussent l’un et l’autre des enfants au regard de la loi sur l’enfance de 1889, ils étaient tenus pour responsables s’ils savaient distinguer le bien du mal, et seraient donc jugés comme des adultes. »
Kate Summerscale, journaliste et auteure anglaise, plonge pour la troisième fois dans des documents d’archives, après L’affaire de Road Hill House et La déchéance de Mrs Robinson. Je n’ai pas lu les deux premiers, mais j’avais écouté un entretien passionnant avec l’auteure lors des Assises Internationales du Roman l’année dernière.
L’époque victorienne est minutieusement reconstituée par Kate Summerscale, la vie de famille, la rue, l’école, les métiers harassants, la justice et même dans ce livre, la psychiatrie. Ce dernier point ne manque d’ailleurs pas de surprendre. L’hôpital psychiatrique dont il est question dans le roman, et où Robert est le plus jeune détenu, ne suivait pas les méthodes en usage à l’époque, et beaucoup de commentateurs trouvaient que les meurtriers qui passaient pour fous ou malades étaient enfermés dans des conditions passablement clémentes, voire luxueuses selon certaines exagérations. J’ai trouvé ce roman captivant, jusqu’à la fin où l’auteure recherche en Australie les traces de Robert, émigré après sa libération et la guerre.
Maintenant, entre les romans classiques d’époque victorienne et les romans contemporains qui s’emparent de cette période historique, il faut ajouter les livres de Kate Summerscale.
L’éducation dans cette deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la façon dont sont considérés enfants et adolescents, la crainte que les petits romans d’aventures vendus quelques pennies, que les jeunes lisent abondamment, ne leur corrompent l’esprit, ces questions sont particulièrement bien cernées par l’auteure. Elle a recherché de nombreux documents d’archives et en a tiré le meilleur parti. Je prévoirais volontiers de lire les deux autres livres qu’elle a écrits, si mes listes à lire n’étaient pas déjà aussi longues !
Un singulier garçon, de Kate Summerscale, (The Wicked boy, 2016) éditions Christian Bourgois (2016 traduit par Eric Chédaille, 480 pages, paru en poche en 10/18.
Pourquoi pas, si j’arrive à lui faire une place ! L’idée que les gens enfermés le sont dans des conditions trop confortables est un mythe qui a la peau dure 😦
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Oui, et c’est intéressant de lire aussi les commentaires sur les petits romans d’aventures pour la jeunesse, qui ressemblent à ce qu’on peut entendre sur les jeux vidéos actuellement.
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Quelle horreur. .. Et pourtant tu en dis beaucoup de bien. Peut-on comprendre, si longtemps après, les motivations à un tel crime.
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Je suis restée volontairement assez neutre, comme l’auteur, sur l’horreur de la situation… Elle essaye de faire des hypothèses sur les motivations de Robert. Ce n’est pas son but, mais il faut bien essayer, même si ce n’est pas évident.
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Merci pour ce partage
Bonne journée à toi
Bises
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De rien, bonne fin de dimanche et à bientôt !
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J’ai déjà les deux précédents qui attendent chez moi 😩 Et celui-ci me fait envie à son tour… j’adore les thèmes choisis par cet auteur. Il va falloir que je me décide à en ouvrir un
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Mais oui ! Je serais curieuse de lire ton avis sur l’un des deux premiers. Celui-ci m’a vraiment captivée.
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J’en ai un en anglais et l’autre en français… je vais tenter d’en lire un d’ici la fin de l’hiver 🙂
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Bonjour Kathel, l’affaire de Road Hill House est très bien. http://dasola.canalblog.com/archives/2008/07/03/9644690.html J’ai Un singulier garçon à lire. Bon dimanche.
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Merci Dasola, je me souvenais avoir lu des avis, mais ça commence à faire quelques années ! 😉
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Aborder l’époque victorienne sous cet angle me cause plus que par le biais des classiques. J’ai bien envie de savoir ce qu’est devenu l’adulte Robert. Les enfants meurtriers, une question complexe… Bon dimanche Kathel.
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C’est mon cas aussi, je préfère cette manière de découvrir une époque (quoiqu’en classique, j’ai adoré Mary Barton d’Elizabeth Gaskell).
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J’avais aimé son premier traduit (« Road Hill House »).
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Hé hé, deux coups de pouce pour me faire noter L’affaire de Road Hill House !
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Je crois bien que le premier traîne dans mes piles depuis le dernier Salon du livre où je suis allée à Paris… en 2014 !! Et ce n’est pas faute d’intérêt..
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J’espère t’avoir donné envie de le sortir cette année… il n’y a pas un mois anglais en juin ? 😉
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C’est vrai que ça semble hyper intéressant. J’ai le premier dans la pile depuis des années. Mais la période victorienne… peut-être que je tenterai celui-ci à la place.
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Ce n’est pas la même période dans le premier ? Je le croyais, mais uniquement au vu de l’image de couverture, ce qui est légèrement insuffisant. 🙂
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Je ne connaissais pas du tout cette auteure mais ce que tu en dis est très tentant.
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Ses livres ne se font pas vraiment remarquer, et c’est dommage (avec le goût actuel pour tout ce qui est « histoire vraie » ça devrait marcher !)
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Celui-ci, et ses précédents, trainent tous ans ma PAL, récupérés en bouquinerie, suite aux billets de blog élogieux… et pourtant, je n’en ai encore lu aucun. Va comprendre…
En tout cas, ce que tu dis de « Ce singulier garçon » est vraiment tentant… et devrait bien me convaincre de sortir K. Summerscale de son purgatoire PALesque 🙂
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Les bouquineries, c’est super, mais un peu infernal pour les PAL, tout de même ! J’espère que tu vas en sortir… allez, je parie pour celui-ci.
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c’est glaçant comme sujet mais intéressant au possible afin de comprendre. Merci pour cette proposition de lecture. Bonne soirée à toi 🙂
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Le sujet est bien étudié, et sans pathos, c’est très intéressant.
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Je connais l’auteur de nom, je tourne autour de ses livres, sans pouvoir choisir. Pourtant on en dit du bien, et toi aussi!
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Je ne peux te conseiller que celui-ci, mais les autres me semblent tout aussi passionnants !
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J’avais lu « La déchéance de Mrs Robinson », sans être totalement emballée. J’avais trouvé qu’il y avait là matière à un formidable roman, et donc l’aspect documentaire m’avait laissée sur ma faim.
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Cet aspect ne m’a pas gêné dans Un singulier garçon, dans lequel il permet d’éviter l’excès d’émotion. Mais à chacun(e) sa lecture !
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Me voilà tentée. A rajouter à ma longue liste, également.
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Il vient de sortir en poche, ce qui peut être l’occasion de le découvrir.
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J’avais aimé moi aussi L’affaire de road Hill. On dirait que l’auteure explore les grandes affaires de meurtre à l’époque victorienne comme le fait Jaenada pour le XX ième siècle ?
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Oui, c’est le même genre de travail de recherche et de documentation, les parenthèses et les digressions en moins !
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Si tu t’es laissée prendre à celui-ci ( que je n’ai pas encore lu ), tu peux te lancer dans » l’affaire de Road Hill House « , dans le même genre, magistral. Il m’avait impressionnée.
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Merci pour le conseil, je tâcherai de le lire aussi… peut-être pour le mois anglais ?
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Peut-être, mais pas pour le moment. En ce moment j’ai envie de plus de légèreté !
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Là, ce n’est pas franchement léger, c’est sûr, mais l’enquête est très bien menée, et on apprend pas mal de choses.
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Ben moi, je sens que je ne vais pas tarder à m’emparer de ce titre qui viendra aussi rejoindre ma pile, mais qu’importe ! la démarche me fait un peu penser à celle de Jeanada (les digressions en moins !)
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Oui, tout à fait, la recherche dans les archives judiciaires (et autres) est un peu la même, mais le style est différent.
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