Il se passait vraiment un truc inédit à Chicago et Louis fit un grand sourire en songeant à la singulière beauté de cet événement.
C’est tout d’abord un plaisir de retrouver les personnages de Carnaval. La fin du roman précédent était assez ouverte, et je savais que la jeune détective Ida Davies partait pour Chicago. Ce sont donc les deux détectives, Ida et Michael, ainsi que notre jazzman favori, Louis Armstrong himself, qui vivent, une décennie plus tard, en 1928, à Chicago.
Il y eut une espèce d’explosion, puis un torrent de whisky jaillit par les fenêtres et se déversa comme une cascade devant le bâtiment. Des milliers de litres giclèrent des orifices de la maison et de mirent à dégouliner pour former un lac qui ne tarda pas à engorger le caniveau et les bouches d’égout.
C’est la pleine époque de la prohibition. Al Capone règne sur le trafic d’alcool et gare à qui ose s’immiscer dans ses affaires ou lui faire de la concurrence !
Le début de la modernité, des premières automobiles, la grande époque des clubs de jazz va aussi avec une grande pauvreté, des discriminations moins marquées que dans le sud, mais réelles, des emplois physiques éreintants, notamment aux abattoirs, et un omniprésence du crime organisé.
Il observa la rue qui menait à l’Hôtel Métropole. C’était un bâtiment de sept étages, avec des fenêtres en saillie qui émaillaient la façade jusqu’en haut, ce qui donnait l’impression de tourelles à moitié incrustées dans la brique, comme si l’immeuble était en train de se transformer en château.
Une femme de haute bourgeoisie vient demander à Ida et Michael d’enquêter sur la disparition de sa fille et de son fiancé. En même temps, un homme est trouvé mort et mutilé dans une ruelle.
D’autres personnages vont mener des enquêtes à leur manière, un photographe qui se rêvait policier, et un type hanté par son passé qui revient pourtant à Chicago où tout lui rappelle ses malheurs. Les différentes affaires vont, on le pressent tout de suite, se croiser, mais Ray Celestin n’est pas un auteur qui traite à la va-vite la psychologie pour se précipiter dans les scènes d’action. Elles existent, certes, mais il prend le temps d’installer les personnages, de créer une atmosphère, de décrire les lieux, et cette fois encore, comme à La Nouvelle-Orléans en 1918, l’effet est magistral, on s’y croirait vraiment. Pour moi, ce roman est aussi réussi que Un pays à l’aube de Dennis Lehane, et ce n’est pas un mince compliment !
L’auteur s’est donné un projet des plus ambitieux, qu’il explique à la fin de Mascarade : écrire un cycle de quatre romans, sur l’histoire du jazz et la mafia, en changeant à chaque fois de décennie, de ville, de saison, de condition météorologique, et même en y associant un thème musical ! Le suivant sera en automne… à New York, bien entendu, et je me réjouis déjà de le lire.
Pour amateur de polars, certes, mais qui sont particulièrement sensibles aux aspects historiques, sociaux et géographiques.
L’atmosphère s’était alourdie, entre les hurlements perçants des animaux, l’odeur écœurante du sang et du fumier et les odeurs encore plus violentes de désinfectant et de combustion d’essence. Et au milieu de cette puanteur infernale, des excréments et de ce carnage industriel, Jacob remarqua quelque chose d’étrange : des touristes. Il y avait des groupes que des guides encadraient comme s’ils visitaient un studio hollywoodien.
Les lieux du roman : les grands hôtels de Chicago, là où Al Capone se retranchait pour plus de sécurité, les clubs de jazz, les ruelles sordides, les quartiers pauvres. Tout comme dans Carnaval où l’on découvrait les multiples aspects de la Nouvelle-Orléans en 1918, on visite cette fois le Chicago des années 20… Je vous propose quelques images aussi, pour vous mettre dans l’ambiance si bien restituée par l’auteur.
Ray Celestin, Mascarade (Le Cherche-midi, février 2017) Traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz, Dead man’s blues (2016) 576 pages
Projet 50 états, 50 romans : l’Illinois
J’ai emprunté « Carnaval » à la bibliothèque, reste à le lire… Et si cette suite est aussi réussie qu’un Lehane, et en plus « Un pays à l’aube », alors je vais adorer !
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J’espère que tu aimeras autant que moi !
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Je ne note plus, je n’y arrive plus … mais s’il me tombe sous les yeux à la bibli, je m’en souviendrai.
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Ce sont vraiment des romans intéressants à plus d’un titre.
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j’ai toujours Carnaval dans ma PAL! Tu me redonnes envie là!
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Mais oui, il faut le faire remonter ! 😉
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C’est une découverte pour ma part ! j’aime ce style de roman alors pourquoi pas. Merci du partage. Bonne soirée à toi 🙂
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Toutefois, il peut être mieux de commencer par Carnaval, avant celui-ci…
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Il me tente pour son ambiance.
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Chicago en 1928, c’est quelque chose, comme ambiance !
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Oh génial je n’avais pas vu qu’il était sorti !!
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Il est sorti hier ! 😉
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que d’envies dans les blogs tu le conseilles même pour une « non » lectrice de polars?
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J’hésite un peu à cette question. C’est un très bon roman historique, mais avec tout de même des scènes un peu dures (pas trop, je suis assez « chochotte », je n’aime pas la violence dans les romans) et une construction assez typique de polar.
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L’ambiance mise en place a l’air aussi saisissante que dans Carnaval, que j’avais adoré! Il va falloir que je me le procure !
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Si tu avais adoré carnaval, je suis presque sûre que tu aimeras celui-là aussi !
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Je ne savais pas qu’il avait une suite ! En plus si tu le compares à « Un pays à l’aube », je vais devoir me ruer à la librairie sans attendre !
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Je n’ai pas vu passer les quelques 600 pages, et sur liseuse pourtant, moi qui suis toujours plus favorable au papier.
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Il va falloir déjà que je me procure le premier, mais tout cela est très tentant.
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Je parie que tu l’as vu chez Jérôme aussi ! 😉 Il vaut mieux commencer par le premier, c’est sûr.
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