Julien Blanc-Gras, Touriste

touriste_audioL’auteur : Né en 1976 à Gap, Julien Blanc-Gras est journaliste de profession et voyageur par vocation. Il a publié deux romans au Diable vauvert, Gringoland, qui conte un périple latino-américain, lauréat en 2005 du festival du premier roman de Chambéry et « Talents à découvrir » des librairies Cultura, et Comment devenir un dieu vivant en 2008, une comédie apocalyptique déjantée.
Editeur : Le livre qui parle (2013)
Durée : 5h15
Lu par Xavier Béja
Existe en livre de poche.

Le narrateur a ce qu’il appelle des « pathologies géographiques » ! Depuis son enfance, il adore les atlas, dort avec un globe terrestre gonflable là où d’autres câlinent des ours, rêve sur les noms comme Ouzbékistan ou Tananarive. C’est dire que son premier passeport, obtenu dès ses dix-huit ans, est pour lui le sésame le plus précieux qui soit. Visiter chacun des deux cent et quelques pays du monde est son but, il est touriste, c’est son objectif, sa vie, sa destinée !
Il commence par Hull, en Angleterre, ville qui sent le poisson, c’est ce que j’en ai retenu. A chaque étape, du moins dans ses jeunes années, il se loge comme il peut chez des amis d’amis ou de vagues connaissances. C’est un peu une version non télévisuelle de « J’irai dormir chez vous » ! C’est en effet la rencontre des habitants qu’il privilégie par rapport à la découverte des sites et des monuments, bien que parfois les deux soient liés.
Son regard aiguisé et son sens de la formule m’ont ravis et j’ai adoré suivre le narrateur, qui semble être un double de l’auteur, dans des endroits où je ne suis pas du tout certaine d’aller un jour : la Colombie « 
Comme la plupart des grandes villes sud-américaines, Bogotá hurle ses inégalités et sent la pisse. » l’Inde : « Dès l’aéroport, on est aspiré par les arômes de l’Inde, l’encens, les épices et la merde. L’arrivée à Bombay, il aurait fallu que Céline l’écrive. » la Polynésie, le cœur de la Chine, Israël, la Palestine, le Guatemala…
Si vous aimez voyager ou si préférez rester dans votre fauteuil, vous trouverez quoi qu’il en soit de bonnes raisons de sourire à cette lecture. La version audio passe particulièrement bien, et comme on trouve facilement des citations, sur Babelio par exemple, il est facile de relire quelques passages savoureux qui ont défilé trop vite dans l’auto-radio ! (Auto-radio ? On va croire que je suis restée dans les années soixante-dix ! Disons donc ce qui en tient lieu !)

Citations : Le paradis n’a pas d’adresse. Il se déplace à la surface de la planète pour offrir des moments furtifs à ceux qui savent les saisir.

C’est le paradoxe du touriste: le principal désagrément de sa démarche réside dans l’existence de ses semblables. Si l’on considère le voyage comme une volonté de se perdre, ou au moins de s’éloigner, l’idée de côtoyer ses voisins de métro habituels peut anéantir votre séjour.

Pour supporter l’épreuve, j’ai apporté quelques classiques. Je suis sous le ciel de Tunisie et je plonge dans les ruelles de Saint-Pétersbourg, qui sont aussi tortueuses que l’âme de Raskolnikov. Pour mémoire, le héros de Crime et Châtiment est un étudiant qui sèche les cours parce qu’il est fauché Comme il n’y avait pas de McDo au XIXème siècle, il n’a pas de petit boulot non plus. C’est un jeune homme intelligent et exalté, à la mégalomanie fiévreuse. Son indigence blesse son narcissisme et comme il est cinglé, il décide d’assassiner une vieille usurière méchante pour lui piquer son bas de laine. Il légitime son geste en l’enrobant d’alibis existentiels retours. La justification du crime est un des thèmes du roman. Raskolnikov prépare son sale coup, je suis emporté par la puissance narrative de Dostoïevski et la sono de la piscine crache « Vas-y Francky, c’est bon, vas-y Francky, c’est bon, bon, bon. »

18 commentaires sur « Julien Blanc-Gras, Touriste »

  1. Grâce à Aifelle, il est dans ma PAL depuis longtemps. J’ai honte de ne pas l’avoir encore lu. Je croise les doigts pour enfin réussir à commenter car j’ai des problèmes avec WP depuis quelques jours !

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  2. Il était bien sympathique ce roman (cette couv’ ci est très réussie). J’ai vu que l’auteur en avait sorti un autre dernièrement : tout à fait ce qu’il faut pour les vacances.

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    1. Il se prête bien à l’audio, je trouve, mais en feuilletant la version écrire, c’est agréable de relire quelques pages à son rythme ! (j’ai acheté le poche à Mr K qui n’aime pas l’audio !)

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  3. Bonsoir Kathel, j’ai repéré ce livre depuis un moment. Je pense qu’il me plairait vu que des noms de villes comme Oulan Bator, Samarkand ou Valparaiso me font rêver depuis que je suis une gamine. Bonne soirée.

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  4. Comme je m’étais régalée avec ce livre ! J’ignorais que l’auteur en avait écrit d’autres, je vais me pencher sur la question, surtout sur le deuxième que tu évoques !

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