Louise Erdrich, Dans le silence du vent

danslesilenceduventRentrée littéraire 2013
L’auteur :
Louise Erdrich est née en 1954. D’origine germano-américaine par son père, elle appartient par sa mère à la tribu indienne Chippewa. Elle a passé sa jeunesse dans le Nord-Dakota où ses parents travaillait au Bureau des Affaires Indiennes. Son premier livre est un volume de poèmes : Jacklight. Elle vit désormais dans le Minnesota avec ses filles et est la propriétaire d’une petite librairie indépendante appelée Birchbark Books.
458 pages
Editeur : Albin Michel (août 2013)
Titre original : The round house
Traduction : Isabelle Reinharez

Tout commence un jour où le jeune Joe est en train, avec son père, d’arracher de jeunes pousses d’arbres qui traversent les fondations de la maison familiale. Sa mère sort en voiture chercher un dossier à son bureau et ne revient pas. Quand le père et le fils la retrouvent, ils la conduisent en urgence à l’hôpital. Joe comprend qu’elle a été violée, et n’aura de cesse de savoir qui est l’auteur de cette agression brutale. Son père exerce le métier de juge, ce qui le place d’emblée  au coeur de l’enquête, mais il semble pourtant impuissant à faire arrêter le coupable. La loi en effet est compliquée, qu’il s’agisse de l’auteur des faits ou du lieu où cela s’est passé, car les juridictions sont différentes selon que c’est sur la réserve indienne ou non. Joe ne comprend pas ces freins à la loi, et s’obstine à mener des recherches de son côté. Pendant ce temps, sa mère s’enferme dans le mutisme et la dépression.
Sur ce sujet difficile, ce roman est peut-être le plus beau que j’ai lu de Louise Erdrich, et rares sont les moments où le texte se départit un peu de sa force et de son émotion. Certaines scènes me resteront forcément en mémoire, qu’elles soient émouvantes ou drôles comme celle du père qui rate intentionnellement un ragoût pour redonner à son épouse meurtrie le goût de cuisiner. Par moments, l’auteur donne l’impression de faire digression avec des anecdotes, mais celles-ci, jamais gratuites, éclairent sur la vie dans la réserve, les violences faites aux femmes, la mémoire familiale, la législation communautaire, la justice qui est le thème principal. Le thème des religions et des croyances amérindiennes est bien présent aussi… 458 pages qui se lisent dans un souffle !

Extrait : Il a parlé d’un ton très calme et raisonnable, et expliqué pourquoi nous avions besoin de Pearl.
Joe, nous avons besoin d’un chien de garde. Il y a un homme que nous soupçonnons. Mais il a filé. De sorte qu’il pourrait être n’importe où. Ou si ce n’est pas lui, le véritable agresseur pourrait toujours se trouver dans les parages.
J’ai posé une question genre police à la télé :
Quelle preuve avez-vous que c’est ce type-là ?
Mon père a envisagé de ne pas me répondre, je l’ai bien vu. Mais il a changé d’avis. Il a eu du mal à prononcer certains mots.
Le coupable ou le suspect… l’agresseur… a laissé tomber une pochette d’allumettes. Les allumettes venaient du terrain de golf. Celles qu’on donne à l’accueil.

A lire, les avis de A propos de livres, Cathulu, Clara, Joëlle, Krol, Mimi Pinson, Papillon ou Val et mes avis sur Ce qui a dévoré nos coeurs, La malédiction des colombes, La chorale des maîtres bouchers.

34 commentaires sur « Louise Erdrich, Dans le silence du vent »

  1. Je vais relire Louise Erdrich cette année (anniversaire), et j’espère être plu convaincue que pour mon tout premier essai (j’ai eu du mal avec la Nature…). Ce titre semble en effet très fort.

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  2. Ma seule lecture de cette auteur n’ayant pas été une réussite absolue, j’hésite avant de me lancer dans un autre de ses romans. Mais j’ai noté « La Chorale des maîtres bouchers »… je verrai après si j’en lis encore d’autres.

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    1. J’en avais tenté un en anglais qui ne m’avait pas réussi non plus… La chorale des maîtres-bouchers est assez différent, c’est son côté allemand plutôt qu’amérindien…

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