« Tout le monde se fiche désormais de voir l’Italie avant de mourir ou de lire Moby Dick. Et je crois que les gens n’ont même plus envie d’écrire un roman. Pour eux, il s’agit essentiellement de sauter sur le premier événement sportif un peu exceptionnel, après quoi ils pourront sans doute s’asseoir à la droite de Dieu le Père. »
Un couple de sexagénaires se retrouve à la retraite ou proche de ce moment fatidique, bien trop souvent en tête-à-tête, dans leur grande maison. Et cela leur pèse, bien qu’ils s’entendent plutôt pas mal. Serenata, la femme, qui a été une grande sportive, du genre à faire de grandes courses solitaires, se trouve contrainte au quasi-repos en attendant, ou plutôt en faisant reculer la date d’une opération de prothèse du genou. Remington, son époux, vient d’être licencié et, brusquement inoccupé, se lance dans le jogging. N’étant pas du genre à faire les choses à moitié, il vise directement le marathon, et s’entraîne en conséquence, non sans avoir adopté la tenue fluo appropriée. Serenata attend patiemment qu’il ait couru ses quarante-deux kilomètres et que cette lubie l’abandonne, ce qui bien sûr ne se passera pas comme ça.
« Par conséquent, pour élever sa fille, elle s’était efforcée d’être le genre de mère qu’elle aurait voulu avoir. […] Serenata était finalement arrivée à la conclusion que ce qui pour elle relevait de la liberté était pour Valeria (sa fille) pure négligence. »
Le sujet peut paraître ténu, mais d’autres univers s’y mêlent, les environnements de travail des deux époux, avec une séquence de licenciement hallucinante, les relations avec le groupe d’entraînement de Remington, mené par une certaine Bambi, les rapports aussi des parents avec leurs deux enfants adultes, rebelles à leur manière, si étranges ou étrangers l’un comme l’autre aux yeux de leurs géniteurs.
Qui connaît l’autrice se doute qu’elle critique à tout va, et de manière réjouissante, que ce soient les fondus de sport, ou disons, ceux qui se découvrent une passion soudaine pour la compétition, et qui sont prêts à croire n’importe qui leur affirmant qu’ils peuvent se surpasser, que ce soient les adeptes béats d’une religion, comme la fille du couple, ou les bien-pensants du monde du travail, prêts à réévaluer de manière négative les moindres comportements de leurs collègues.
Pas aussi fort que Il faut qu’on parle de Kevin, j’ai pourtant trouvé ce roman agréable et rapide à lire, et aimé l’acuité avec laquelle Lionel Shriver examine ses contemporains !
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, (The motion of the body through space, 2020), éditions Belfond, août 2021, traduction de Catherine Gibert, 384 pages.
Un roman qui partage : Athalie et Luocine se sont ennuyées, Cécile et Une Comète l’ont trouvé un peu long, Eve retient surtout l’humour, Jérôme a pris plaisir à lire cette plume incisive, Nicole trouve que l’autrice touche très juste, Sibylline l’a trouvé intéressant sans être séduite, Titine a été enchantée.
J l’ai commencé, mais on va dire pas au bon moment. Pas grave, il existe toujours en bibli, non?
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C’est aussi en bibli que je l’ai trouvé, je n’étais pas sûre d’adhérer à son humour. Ne connaissant que Il faut qu’on parle de Kevin, où l’humour ne m’a pas sauté aux yeux.
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C’est vrai que ce titre ne m’avait pas convaincue du tout … Même l’agaçante Bambi ne m’avait pas fait sourire ! Merci pour le lien.
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Peut-être qu’un autre jour, tout m’aurait agacée aussi dans ce roman… parfois, je me dis que les conditions peuvent changer beaucoup une lecture.
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Merci pour le lien ! Effectivement, un peu moins convaincue que toi, mais on sent a chaque page le cynisme à toute épreuve de l’autrice et c’est ce qui m’a permis de tenir jusqu’à la dernière page.
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Ah oui, son cynisme m’a tout à fait réjouie !
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Bon, les avis sont mitigés
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Ils sont très variés… (j’en ai encore ajouté deux ou trois)
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Je crois qu’il s’est retrouvé un moment sur ma PAL mais qu’il a été évacué lors d’un tri parce que je n’avais plus envie de le lire.
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Il m’est arrivé d’évacuer ainsi un livre et de l’emprunter ensuite à la médiathèque… (et même de l’aimer !)
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Je me disais, en lisant ton billet, que cette histoire me rappelait quelque chose et merci à mon blog car sans lui j’aurais totalement oublié ce titre. Je me suis ennuyée en lisant ce très très long roman tout en dialogues. Je n’ai éprouvé aucune empathie pour aucun des personnages.
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J’ai lu ton billet, effectivement ce roman et toi n’étiez pas faits pour vous entendre… J’ai plutôt vu les bons côtés de chaque personnage, je devais dans une période « bisounours ».
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J’ajoute ton lien sur ma chronique 😉 2 avis valent mieux qu’un
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Merci pour le lien. Les côtés très exagérés t’ont agacée, c’est vrai que certaines scènes vont trop loin… mais j’ai lu ça comme je regarde de temps à autres une comédie au cinéma, sans y chercher de littérature.
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J’ai « il faut qu’on parle de Kevin » dans ma PAL depuis trop longtemps. Tant que je ne l’aurai pas lu, pas question d’en lire un autre (c’est comme ça maintenant !)
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Tu as bien raison, j’applique aussi ce principe de ne pas acheter un livre d’un auteur si j’en ai un précédent qui m’attend.
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merci pour le lien 🙂
j’ai gardé un bon souvenir de cette lecture, finalement, ce roman est encore très présent dans ma mémoire 🙂
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C’est plutôt bon signe lorsqu’il reste en mémoire. 😉
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« Il faut qu’on parle de Kevin » a été un tel choc, et j’ai à l’inverse été tellement déçue par « Double faute », pour être ensuite moyennement emballée par « Big Brother », que j’ai décidé d’arrêter avec cette auteure, dont je préfère garder le seul souvenir de « Kevin ».
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Je n’avais lu que Il faut qu’on parle de Kevin, en VO en 2010, j’ai pensé que je pouvais continuer avec l’autrice, même si les avis étaient moins bons sur ses romans suivants…
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Je n’ai jamais lu cette autrice – je croyais d’ailleurs que c’était un auteur mdr, Lionel -, mais je ne suis pas certaine que ce titre-ci me plaise… je vais aller lire ton billet sur Kevin, peut-être qu’il m’inspirera plus 🙂
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(un peu plus tard) Tu n’as pas publié de billet dessus, aussi je suis allée lire un peu sur Babelio, aie aie aie oui je me disais bien que ce titre m’évoquait quelque chose. Un sujet dur, donc. Je l’ajoute à mon pense-bête
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Mon avis est sur Babelio,mais il date de mon ancien blog, le voilà
https://www.babelio.com/livres/Shriver-Il-faut-quon-parle-de-Kevin/22388/critiques/49927
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Oh, merci beaucoup pour ce lien vers ta chronique ! Te lire en parler m’a convaincue 😀
(Dis donc, tu sais que tu devrais rapatrier sur ce blog tes anciens billets ! Il y a une petite mine d’or dispersée !)
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Tu es gentille, mais je crois que les billets sur des livres de plus de dix ans n’intéressent pas grand monde ! 😉
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Ah si, moi ça m’intéresse !
Quand je trouverai ce livre de Lionel Shriver à la médiathèque, je crois que je me laisserai tenter car les sujets que tu évoques me parlent : la retraite à deux, les relations avec les enfants adultes, le monde du travail !
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Ces sujets m’ont intéressée aussi, je trouve qu’elle a un regard plein de justesse, même si elle n’hésite pas devant quelques situations poussées assez loin.
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Pas trop tentée par celui-ci mais il faudrait vraiment que je lise Il faut qu’on parle de Kevin un jour !
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Oui, il faut vraiment le lire, c’est un roman qui marque !
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Ce titre-là ne me semble pas indispensable. Je me souviens que le fameux Kevin était assez clivant.
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Il n’est pas indispensable, c’est plutôt le genre de roman qu’on met dans sa besace à la bibliothèque pour le cas où…
Quant à Kevin, les avis sont plutôt positifs, dans l’ensemble…
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Quel mélange d’avis positifs et négatifs ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet humour ne fait pas l’unanimité.
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Quant à deviner avant lecture de quel côté on va se placer, impossible !
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Le cynisme constant de l’auteure m’a rapidement été insupportable et ce livre a suscité chez moi une vive sensation de rejet !
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C’est décidément un roman qui partage !
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Paradoxalement (ou pas), ces avis partagés me donnent envie de lire ce roman pour me faire un avis 😅
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Tu as raison, ça doit aiguiser la curiosité ! 😉
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Que d’avis différents sur ce roman. j’avais adoré Il faut qu’on parle de Kevin.
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Il faut qu’on parle de Kevin était très fort pour un premier roman, et plaçait la barre très haut pour ses romans suivants… enfin, celui que je viens de lire n’a rien de déshonorant.
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J’aime toujours beaucoup son ton, et en interview/rencontre ça dépote tout pareil 🙂 Pas encore lu son dernier mais ça ne saurait tarder. En tout cas celui-ci m’avait aussi surprise par sa fin inhabituellement tendre et mélancolique.
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J’aimerais bien assister à une rencontre avec elle. C’est la parution de son dernier qui m’a donné envie de me tourner vers celui-ci, l’autre n’étant pas encore disponible…
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Tu m’as donné envie de l’essayer !
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Je serais curieuse d’avoir ton avis.
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Heu je crois qu’il n’est pas pour moi mais il est vrai que la diversité des avis rend la lecteur indispensable, c’est très fort ça !
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Cette diversité m’a donné envie de détailler un peu au lieu de juste noter « les avis de Untel et Untelle… » C’est intrigant, n’est-ce pas ?
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Je l’avais repéré sur la blogo lors de sa sortie, et puis oublié… Tu me le remets en tête, si je le trouve en bib !
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Il s’y trouvera certainement !
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On est loin de Kevin, hein … merci pour le clin d’œil 🙂
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Oui, très loin ! 😉
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