Simon Hureau, L’oasis

« « La biodiversité fond comme la neige au soleil… » Oui, mais pourquoi personne ne dit qu’il est si facile de la favoriser, voire de la restaurer, la générer ? C’est quand même pas sorcier et notre jardin en est la meilleure preuve. »
Cela commence un matin au petit déjeuner, Simon Hureau écoute Nicolas Hulot parler de la biodiversité qui n’est pas considérée comme un enjeu prioritaire par le gouvernement, puis annoncer sa démission. Je me souviens aussi de ce matin d’août 2018 ! Simon Hureau, un peu démoralisé, se demande quoi faire à son échelle, et pourquoi pas un livre sur la preuve de diversité animale et végétale que constitue son jardin ?
Retour en arrière avec l’achat d’une maison dans un bourg du Val de Loire, avec 500 m2 d’extérieur, même s’il est impossible au départ de nommer jardin cette longue bande de pelouse avec quelques arbres et pas mal de béton. Sans rien connaître au jardinage, l’auteur improvise, arrache les thuyas détestés et dégage, plante, bouture, ramasse des rejets au bord des chemins ou procède à des échanges avec les voisins.

« Une haie, c’est une ligne de vie… Un havre salutaire, un sursis vital entre deux territoires… Une fois, je me suis penché sur un prunellier que j’avais mis en haie, c’était étourdissant : des dizaines de coccinelles de plusieurs espèces ! »
Avec pas mal d’huile de coude, le jardin prend forme, et surtout, se met à attirer de plus en plus de faune sauvage : de la cétoine dorée au roitelet, du rouge-queue au hérisson, de l’écaille-martre à la cicindèle, je ne vous en cite qu’une infime partie.
Et bien sûr, tous les insectes et animaux divers, tous les arbres et plantes cités sont dessinés, le jardin prend graduellement forme sous le crayon de l’auteur, à mesure que sa fille grandit. Simon dégage un passage qui mène à la rivière, fabrique des nichoirs, installe un poulailler, reprend le potager du voisin qui ne voulait plus le cultiver. Quelques déceptions sont vite compensées par la grande réussite que constitue le retour de nombreuses espèces dans cet habitat qui les respecte.
Je ne me lasse pas de voir et de revoir les dessins superbes, les planches d’entomologie ou d’ornithologie, autant que les bouilles des voisins, pas caricaturés comme dans Retour à la terre de Manu Larcenet (que j’adore aussi), mais bien sympathiques. Le texte est intéressant tout du long, pas moralisateur, mais parfois philosophique, il pousse à la réflexion, et cela fait toujours plaisir de lire un passionné de nature.
Je vais garder précieusement cet album graphique, sous-titré « Petite genèse d’un jardin biodivers », parmi mes BD indispensables !
   

L’oasis de Simon Hureau, éditions Dargaud, avril 2020, 116 pages.

32 commentaires sur « Simon Hureau, L’oasis »

  1. Livre repéré bien sûr!
    Quand je regarde mon bout de jardin abandonné j’ai honte, mais baste, c’est un asile pour les bestioles, quand même.

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    1. Le mieux, c’est que j’ai acheté celle-là en croyant en acheter une autre (de Fred Bernard : Carnet d’un voyageur immobile) et je n’ai pas été déçue ! (bah, je laisse passer l’autre, du coup)

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  2. PS. Commandé à ma librairie (indépendante). Je vais la chercher tout à l’heure. As-tu une librairie à proximité de chez toi ?

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  3. je l’ai noté, je suis très sensible au sujet… On a un jardin et on fait tout en bio, sans pesticide engrais, ou autre agent chimique destructeur, tant pis si parfois, les fruits sont habités… en tout cas ils ont du goût tout comme les légumes…

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  4. Les dessins me plaisent bien et les jardins aussi, mais pour m’y promener, pour admirer, je suis une gamine de la ville qui n’aime pas trop mettre ses mains dans la terre… (je suis trop paresseuse pour ça)

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  5. J’aime beaucoup cet auteur de BD – album repéré depuis un moment à la bibli, je l’emprunterai un jour c’est sûr.

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  6. Bonjour Kathel, je viens de lire cet album très lisible et qui met à l’honneur surtout la faune de nos campagnes. Ah la biodiversité! La meilleure solution contre les pandémies. C’est ce que j’ai entendu à la radio. Bon dimanche.

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