« Vale contemple par la vitre les champs, un silo gris, une grange rouge, le ruban étincelant de la Silver Creek qui leur fait des clins d’œil entre les arbres. Chaque centimètre est familier, mais dans chaque carré de paysage quelque chose a changé, est comme renversé ou sculpté différemment. »
J’avais beaucoup aimé l’année dernière Le cœur sauvage, recueil de nouvelles de Robin MacArthur, jeune auteure originaire du Vermont. Ces nouvelles dont l’écriture m’avait séduite étaient pleines de tendresse pour des personnages cabossés, un peu marginaux, un brin hippies et écolos.
Dans ce roman, on retrouve ce même coin du Nord-Est des États-Unis, et ses habitants égratignés par la vie. À commencer par Bonnie, qui, quelque peu shootée, lors du passage d’un ouragan, sort affronter la tempête et disparaît. Prévenue, sa fille Vale revient de la Nouvelle-Orléans dans une région qu’elle avait quittée huit ans auparavant. Elle retrouve sa famille, essentiellement les femmes qui restent présentes, malgré tout, quand les hommes ont disparu.
« Le ciel est couleur abricot, illuminé par le lever du soleil. Le monde change indéniablement, mais il reste beau, songe-t-elle, le visage tourné vers l’aube. »
Étonnamment, j’ai eu un peu plus de mal à entrer dans le roman que dans les nouvelles, il m’a fallu environ quatre-vingt pages pour commencer à l’apprécier, sans doute à cause du va-et-vient entre trois ou quatre époques, et entre un certain nombre de personnages. Une fois que j’ai eu tracé un mini arbre généalogique, je m’y suis mieux retrouvée.
Le retour de Vale représente le retour à la terre maternelle, plus fort encore pour elle qui soupçonne une de ses arrière-grands-mères d’être une indienne Abénaki, qui aurait sans doute été contrainte de renier ses origines. Il est question de l’assimilation des peuples Indiens dans la première moitié du vingtième siècle.
Le thème du retour à la nature, présent également, est symbolisé, entre autre, par Deb, la tante, ancienne hippie, de Vale, et par Hazel, la grand-tante qui a élevé sa mère, et qui vit toujours dans des conditions assez spartiates. Pour la partie contemporaine, le roman se déroule en 2011, au moment de l’occupation de Wall Street, et ce n’est pas un hasard si Deb et Vale se préoccupent alors de l’épuisement des ressources naturelles et du réchauffement climatique, sans que ce thème ne devienne lourd ni didactique, toutefois.
« Et les enfants de Danny, ceux de Vale : qui seront-ils et de quel monde hériteront-ils ? Y aura-t-il des fruits pour les petits-enfants, encore à naître, de Deb, dans cette région où les hivers sont devenus si imprévisibles ? »
Les personnages sont le point fort du roman. Assez nombreux, ils sont finement décrits, leurs interactions enrichissent le propos, et leurs questionnements, leurs soucis de transmission, donnent à réfléchir. L’émouvante Lena, la solide Hazel, la solitaire Deb, ou encore Bonnie toujours en équilibre instable…
Une tension dramatique parcourt le texte, en ce qui concerne la recherche de la mère disparue, peut-être emportée par les eaux. Le thème du deuil parcourt d’ailleurs les pages, jusqu’au dénouement. La force des Femmes de Heart Spring Mountain vient aussi de la redécouverte par Vale de ses origines, et de son attachement viscéral à la terre et à l’eau du Vermont, montré par plusieurs scènes, peut-être un peu appuyées, où elle s’agenouille ou plonge ses mains dans les éléments naturels avec une grande émotion. Il y est question aussi des leçons qui devraient être tirées du passé, et avec lesquelles un avenir possible pourrait être construit.
Ce roman, qui m’a parfois évoqué ceux de Louise Erdrich, fort de nombreux thèmes qui ne peuvent laisser indifférent, monte en puissance au fur et à mesure de la lecture, et pose des questions essentielles. Je m’attendais peut-être, par rapport au recueil de nouvelles, à être plus surprise ou secouée, mais c’est tout de même un bon roman.
Les femmes de Heart Spring Mountain de Robin MacArthur, (Heart Spring Mountain, 2018) éditions Albin Michel, janvier 2019, traduction de France Camus-Pichon, 353 pages.
L’avis d’Electra.
Les thèmes m’intéressent, mais ton billet me laisse penser que c’est un peu difficile de s’y retrouver dans tous les personnages.
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Cela tient peut-être seulement à ma lecture, et à mon attention… il faudra voir d’autres avis ! 😉
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Un livre qui va certainement me plaire. Je l’ai ajouté dans ma liste. 🙂 Je ne chronique pas, je lis beaucoup. 🙂
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Ne pas chroniquer laisse plus de temps pour lire ! (et ce qui compte c’est de se faire plaisir…) 😉
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Tu es bien indulgente. Je mets actuellement mes chroniques de lecture ou disons mon avis dans un bloc-note. 🙂 J’ai confondu cet auteur avec un dont j’ai vu les deux films. Il s’agit de Mc Carthy.
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Je l’avais repéré sur la liste de cette rentrée de janvier et ai très envie de le lire. Ton avis me conforte dans ce choix.
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C’est un roman qui a beaucoup de qualités et je recommande les nouvelles aussi si tu ne les as pas lues.
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Il pourrait me plaire mais je n’en fais pas une priorité.
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Peut-être d’autres avis sur ce roman seront-ils plus tentateurs ?
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Malgré les aspects positifs que tu tentes de mettre en lumière, je ne te sens pas convaincue par cette lecture.
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Comme souvent, cela dépend de ce qu’on attend… et avec les nouvelles lues l’année dernière, la barre était haute. Bref, j’ai bien aimé, mais ce n’est pas un choc littéraire !
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en train de le terminer, alors je ne lis pas ton post pour le moment ( même si j’ai envie …)!
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Ha, ha je vais donc, ainsi que de nombreux curieux, lire un autre avis très bientôt ! 😉
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oui ! 🙂
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On risque de s’y perdre, si je comprends bien. Je ne le note pas pour l’instant.
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Pourtant, les en-têtes de chapitre précisent bien la date et le personnage… ce sont plutôt les liens familiaux qui m’ont perdue un moment !
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Un livre qui devrait me plaire, mais j’attends la bibli (les ponts sont coupés avec l’éditeur, tant pis)(j’en lis quand même)
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Bah oui, les bibliothèques sont très bien pour ça ! 😉
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Un nom d’auteur à retenir pour ses nouvelles et moins pour ce roman?
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Ou à retenir pour lire d’autres avis ?
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Je l’avais déjà vu sur un blog et il me tentait mais j’avoue que la complexité apparente des va-et- vient me freine.
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Ce n’est peut-être que ma lecture qui n’a pas été assez attentive… tu peux attendre d’autres avis pour voir. 😉
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