« Je sens son odeur familière de cambouis, de sapin du Canada et de fumée, et en même temps me reviennent ces champs blancs de neige, l’eau de ce lac, ma mère, sa joie et le peu que j’en ai connu, et soudain, il murmure mon prénom, et je reprends conscience de l’endroit où je suis -le jardin de mon ivrogne de père-, de qui je suis ; sans un regard pour lui je m’écarte et me lève, puis me dirige tant bien que mal vers la lisière de la clairière avec ma canette de bière tiède.
« Et merde », marmonne-t-il. »
Le cœur sauvage est un recueil de nouvelles situées dans un coin du Vermont, cet état rural du nord-est des États-Unis coincé entre l’état de New York, le Massachusetts et le New Hampshire. Zone rurale sans grand attrait, semble-t-il, qui donne l’impression de ne pas avoir été choisie par ses habitants, mais plutôt de s’être imposée à eux. Racontées à la première personne, les textes du premier recueil de Robin MacArthur mettent en scène des individus de sexes et d’âges variables, qui, à moment ou un autre, ressentent le besoin de mettre des mots sur une période de leur vie, plus difficile, plus forte, plus troublante.
« Je m’arrête un moment sur cette route, les bras ballants, et je ferme les yeux en me disant que la vie nous offre peut-être plus d’une chance de nous en sortir, ou différentes formes de chance, et je me remets à marcher vers l’endroit où je suis né. »
Il faut lire deux ou trois nouvelles au moins pour se mettre dans l’ambiance, qui reste un peu la même à chaque fois, le milieu de vie de villageois plus ou moins marginaux du Vermont, anciens hippies, chômeurs et désœuvrés divers, mères de famille qui peinent à joindre les deux bouts, hommes au bout du rouleau… La caravane semble l’habitat le plus répandu parmi ces paumés, et l’alcool le moyen le plus sûr de ne pas ressasser à longueur de soirée ses problèmes. Pourtant, le désespoir ne recouvre pas tout, et n’empêche pas les personnages qui dérivent dans ces nouvelles d’être sensibles aux beautés de la nature, aux couchers de soleil et aux petits matins givrés, aux moments de bonheur en famille, aux tiraillements de l’amour ou de l’amitié.
Les moments de vie choisis par Robin MacArthur, son don pour les dialogues et les descriptions vivantes, font de cette lecture un beau moment, à condition d’aimer le format nouvelles. Sachez qu’elles ne sont pas trop courtes, une dizaine de nouvelles pour plus de 200 pages, et que l’auteure réussit à installer avec rapidité et finesse décor et personnages, de manière à ce qu’on ne perde pas une miette de ses textes, denses et bien traduits, ce qui ne gâche rien.
Le cœur sauvage, de Robin MacArthur, (Half wild, 2016) éditions Albin Michel (avril 2017) traduit par France Camus-Pichon, 214 pages.
Lu (et aimé) aussi par Cathulu, Hélène, Jérôme, Léa…
Pour moi qui adore les nouvelles, celles-ci m’ont bouleversée. L’écriture dessine une époque et des personnages d’une grande beauté. Sans doute une lecture qui fut pour moi parmi les plus émouvantes de l’année, par une très jeune femme des histoires des femmes.
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Oui, certaines nouvelles sont superbes et on a envie de rester avec les personnages.
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Je ne suis pas fan de nouvelles mais celles-ci pourraient me tenter vu qu’elles ne sont pas trop courtes et que des amies blogueuse ont adoré ce recueil !
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Elles ont bien raison de le recommander !
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Déjà noté, celui-ci ! Il apparaît dans pas mal de bilans 2017.
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C’est vrai, et à juste titre…
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J’aime bien les nouvelles et les extraits sont tentants.
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J’aurais pu en trouver beaucoup, des extraits de ce genre. J’ai beaucoup aimé le style.
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Comme Krol, j’aime bien les nouvelles et je sens que celles-ci pourraient me convenir.
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Tu devrais aimer, et puis elles ne sont pas trop sombres, il reste de l’espoir.
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Pourquoi pas, mais j’aimerais tellement ne pas allonger ma PAL… 😉
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ça, je le comprends très bien… J’essaye de ne pas trop noter de romans de la rentrée de janvier, et de me concentrer sur les sorties un peu plus anciennes (comme celle-ci, hé hé !)
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Les nouvelles, avec moi, ça passe ou ça casse. Mais je reste curieuse au vu des bons commentaires sur celui-ci. Au fait… pour la promesse de l’aube, je peux participer? Ca va peut-être me crinquer et je suis curieuse après avoir lu M. Piekielny!
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Je pense que ces nouvelles pourraient te plaire.
et bien sûr, tu es la bienvenue pour lire avec nous La promesse de l’aube. Ce sera donc le 25 février, sauf problème de dernière minute ! 😉
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Des nouvelles qui me paraissent intéressantes. Les américains ont un don pour peindre des portraits pris sur le vif, vrais, et souvent de marginaux ou de paumés.
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C’est sûr que ce genre de portraits se retrouvent souvent dans les nouvelles américaines, et pourtant pas d’impression de « déjà-lu » !
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Je note ça… je ne suis pas contre un bon recueil de nouvelles de temps en temps et les anglo-saxons offrent en général de jolies choses.
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Moi aussi, j’aime les nouvelles de temps à autres, mais parfois je peine à finir les recueils… ce n’est pas du tout le cas pour celui-ci !
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Je lis peu de nouvelles mais j’aime le dépaysement suggéré par ces petites histoires…
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C’est assez dépaysant, en effet, de manière surprenante puisque c’est une région assez proche de New York…
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Je suis toujours à la recherche de nouvelles pour des lectures à haute voix. Je crains un peu la plongée dans le monde des paumés américains.
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des nouvelles ça change. J’en lis peu alors pourquoi pas. Merci du partage 🙂 🙂
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C’est toujours un plaisir de partager (sinon, j’arrêterais !) 🙂
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cela se ressent en tout cas. Belle journée à toi 🙂
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Pourquoi pas, si il croise ma route. Vous semblez unanimes.
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C’est vrai, l’avis négatif n’est pas encore arrivé ! 🙂
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Un recueil magnifique. Il faudrait vraiment être difficile pour ne pas aimer.
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Tout à fait !
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