Ingrid Winterbach, Au Café du Rendez-Vous

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C’est une chose qui heureusement ne m’arrive pas trop souvent, mais il y a des livres dont je déteste très vite l’ambiance, malsaine, trouble, inquiétante… après, si le texte a vraiment d’autres qualités, ça peut finir par coller entre lui et moi, mais je ne pardonne pas le moindre défaut à un roman où je me sens à ce point mal à l’aise.
Karolina est entomologiste, elle séjourne dans une petite ville du Veld en quête de spécimens de papillons. Elle fréquente, après ses journées de travail, le café du Rendez-vous. Ses soirées, elle les passe au bar et au billard de l’hôtel, où elle rencontre toujours les mêmes personnes. Parfois, elle va danser. Karolina est assez mystérieuse, sensuelle mais réservée, rationnelle mais influençable.
Pour en revenir à l’atmosphère du roman, il y a, certes, une multitude de raisons de ne pas être à l’aise dans cette Afrique du Sud d’après l’Apartheid, où les relations sont encore loin d’être simples entre les communautés, mais l’auteur en fait trop à mon goût. Elle en rajoute sur la chaleur infernale, la transpiration, les détails physiques particuliers, les regards grivois et les comportements lascifs.
Quant au style basé sur l’incantation, sur la répétition, à quelques pages de distance, de mêmes descriptions, il m’a lassée. Pourquoi écrire trois fois que Karolina a les cheveux noirs et mal coupés ? Je ne pouvais aussi qu’être contrariée par le retour, à intervalles réguliers, sur les rêves détaillés et inintéressants du personnage principal…
J’ai eu pourtant l’impression que l’auteure avait en mains de quoi faire un très bon roman, mais ce que j’ai lu m’a laissée perplexe, et même assez agacée pour ne pas terminer un livre que j’avais acheté !
Quelqu’un d’autre l’a-t-il lu ?

Extrait : Un silence de mort régnait dans la ville. Les habitants s’étaient retirés derrière leurs rideaux. Il faisait trop chaud pour s’aventurer dans les rues. L’heure du scarabée.
Elle proposa de couper par le cimetière, où il lui semblait qu’il faisait plus frais. Ils marchaient depuis un petit moment lorsqu’ils aperçurent deux personnes assises sur un banc, à côté d’un cyprès. Un homme et une femme.
– Ce sont eux, dit Willie.
Karolina n’osait pas les regarder ouvertement.
Elle n’arrivait pas à situer l’homme, il n’avait pas l’air d’être de la région – il y avait chez lui quelque chose de charismatique. La femme était d’une beauté bouleversante. D’une beauté poignante, triste. Profondément triste. Karolina était prête à parier qu’ils étaient amants. Mais pourquoi bannir leur amour dans un endroit aussi perdu ?
– A quoi penses-tu ? demanda-t-elle à Willie tandis qu’ils remontaient Stiebeuelstraat en direction de l’hôtel.
– Ils sont amants. Si quelqu’un les voit ensemble, c’est fini pour eux. Ils prennent des risques inconsidérés.
En arrivant à l’hôtel, il recracha un petit bout de la feuille qu’il mâchouillait entre ses dents.

Rentrée littéraire 2015
L’auteure :
Ingrid Winterbach est née en 1948 à Johannesburg. Elle étudie les lettres et les arts plastiques à l’université, puis mène une triple carrière d’enseignante, de peintre et d’écrivaine. À ce jour, elle a publié neuf romans. Au Café du Rendez-vous, écrit en afrikaans, est le premier à être traduit en français.
240 pages
Éditeur : Phébus (août 2015)
Traduction : Marie-Pierre Finkelstein
Titre original : Karolina Ferreira

21 commentaires sur « Ingrid Winterbach, Au Café du Rendez-Vous »

  1. Je ne savais même pas qu’il existait, ce roman 😉 Ca arrive de faire de mauvaises pioches et après tout, c’est bon de temps en temps d’exprimer sa frustration. Tous les romans ne sont pas bons, ou ne plaisent pas à tout le monde, on est bien placées pour le savoir, n’est-ce pas 😉

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    1. J’ai pensé à toi, je me souvenais que ça te faisait fuir… ça fait plusieurs livres que je lis qui racontent ainsi des rêves (plus ou moins). Là, il y en avait trop, et ça en rajoutait à une atmosphère déjà des plus moroses… STOP !!!

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