Roma Tearne, Le nageur

nageurL’auteure : La famille de Roma Tearne a fui le Sri Lanka pour la Grande-Bretagne lorsqu’elle était âgée de dix ans. Roma Tearne est devenue une artiste reconnue, et elle dirige aussi un cycle d’ateliers d’écriture. Elle est l’auteur de cinq romans dont Retour à Brixton Beach, traduit dans une dizaine de pays.
384 pages
Éditeur : Albin Michel (février 2015)
Traduction : Esther Ménévis
Titre original : The swimmer

Ria, la quarantaine, vit seule dans la maison dont elle a hérité, dans le Suffolk, une région de bords de mer et de marais. La jeune femme, qui a pour seule famille son frère avec lequel elle ne s’entend pas et ses insupportables neveux, est une poète reconnue. Elle a besoin pour travailler du calme de cette maison, que l’imagination, aidée par les mots de l’auteur, dessine très vite. Ria préserve sa tranquillité jusqu’au jour où elle aperçoit un homme, un tout jeune homme, nager dans le bras de rivière qui borde son jardin. Ce nageur la trouble. Une rencontre et des sentiments naissent entre l’écrivain et le demandeur d’asile. Ceci n’est que le début de la première partie d’un roman qui en compte trois, avec un drame central et des sauts spatiaux et temporels.
J’ai beaucoup aimé ce roman sensible, subtil et émouvant, sur la rencontre des cultures, sur la difficulté de vivre dans un autre monde que celui où on est né, sur le chagrin et la douleur, sur les façons de surmonter les épreuves… Ces thèmes sont entrelacés avec la présence de la nature, une présence forte et pesant sur les destins.
La fin m’a tiré des larmes, ce qui ne m’arrive pas souvent, et que ne comprendront que ceux qui le liront. Étonnant que ce roman écrit par une anglaise dont la famille est venue du Sri Lanka, n’ait pas davantage fait parler de lui, il mérite qu’on s’y intéresse, et j’ai bien l’intention de lire aussi le premier roman de Roma Tearne, Retour à Brixton Beach. Après Hanif Kureishi, Monica Ali, Taiye Selasi ou Zadie Smith, encore une très belle découverte parmi les anglais issus des ex-colonies britanniques.

Extraits : Alors, j’ai repris le chemin de l’est et de mon passé, pour revoir cet immense ciel d’aquarelle et le gris tendre des marais qui se mariaient si bien avec la mer. Et, avec un peu de chance, pour trouver la paix. J’étais une femme de quarante-trois ans, une poétesse dont l’œuvre, même avant le départ d’Ant, explorait le sentiment vide : la couleur du néant, son odeur.

L’apparition du nageur, la veille, avait la consistance de ces rêves. Je me souviens d’une mosaïque vue autrefois au Musée archéologique de Naples. Elle aussi représentait un nageur. Les bras fins, légèrement levés, les hanches sveltes, la tête inclinée, il se penchait pour récupérer ses vêtements.

« Parfois, m’a expliqué la journaliste, quand les gens empruntent ces longs itinéraires impossibles, le voyage lui-même devient tellement incompréhensible que pour survivre et ne pas perdre la raison, ils se réinventent. Et ils pensent que leur véritable histoire est trop terrible pour être crue. »

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36 commentaires sur « Roma Tearne, Le nageur »

  1. Je n’ai jamais entendu parler de ce livre. Il y en a dont on nous rebat les oreilles et d’autres qui restent dans l’ombre (pourtant, Albin Michel…). Heureusement qu’il y a les blogs !

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  2. C’est l’un des avantages des blogs : faire découvrir des romans et des auteurs qui gagnent à être connus ! En tout cas, tu me donnes très envie de découvrir ce roman que je m’empresse d’ajouter à ma looooongue liste !

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  3. Le dernier extrait a quelque chose de bouleversant, surtout au regard des informations de ces derniers jours… J’avoue ne pas connaître cette romancière, mais je note ce titre, je suis toujours touchée par les histoires douloureuses d’expatriation et d’exil.

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  4. Je ne connais pas cette auteure mais j’aime beaucoup l’histoire que tu décris ! J’aime découvrir de nouveaux auteurs britanniques … J’espère qu’il sera dispo à la biblio …

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  5. Je l’avais repéré à sa sortie en librairie (le titre et la couverture m’avaient attirée), mais il n’était pas encore en bibli . Ravie de lire ton avis positif, en tout cas.

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  6. Des thèmes qui me parlent, une envie de sortir ce roman de l’ombre et l’espoir d’être conquise. Ton histoire de larmes à la fin m’intrigue. C’est très rare chez moi aussi. Curieuse de voir si ce récit me touchera. Noté !

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  7. Kathel, je viens de terminer ce roman et je suis bouleversée… Comme toi j’ai pleuré à la fin. C’est fort et terriblement émouvant. Billet imminent ! merci de me l’avoir fait découvrir !

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