Jean-Paul Dubois, Hommes entre eux

hommesentreeux_audioL’auteur : Jean-Paul Dubois est né en 1950 à Toulouse où il vit actuellement. Journaliste, puis grand reporter pour Le Nouvel Observateur, il examine au scalpel les États-Unis et livre des chroniques qui seront publiées en deux volumes aux Éditions de l’Olivier : L’Amérique m’inquiète (1996) et Jusque-là tout allait bien en Amérique (2002). Jean-Paul Dubois a publié de nombreux romans. Il a obtenu le prix France Télévisions pour Kennedy et moi en 1996, et le prix Fémina et le prix du roman Fnac pour Une vie française.
Editeur : Livraphone
Lu par Jacques Frantz
Durée : 5 heures 15
Existe en poche (Points)

J’ai fait connaissance avec Jean-Paul Dubois et ses personnages, sortes de doubles habitant Toulouse, et qui se prénomment toujours Paul, avec la lecture d’Une vie française, puis très récemment avec Le cas Sneijder, dont je vous parle plus bas, puisque c’est l’audio qui est à l’honneur aujourd’hui. Je n’ai pas retrouvé dans Hommes entre eux l’humour et le goût à tourner en dérision même les aspects les plus sombres de la vie, dont j’avais le souvenir. Dans ce roman, l’ambiance est un peu malsaine, ne serait-ce que par les décors de motels glauques et de combats d’ultimate fighting
Paul Hasselbank, homme d’une cinquantaine d’années, décide d’entreprendre un voyage au Canada sur la trace de sa femme qui l’a quitté depuis quelques mois pour vivre dans la région de North Bay, en Ontario. S’il ne retrouve pas Anna, il rencontrera des hommes qui l’ont connue, et aura l’occasion de partager le quotidien de l’un d’entre eux. Floyd Paterson est un amateur de grands espaces, chasseur à l’arc, solitaire et peu disert.
Le huis-clos final entre hommes, la scène du blizzard coupant, renversant et gelant tout, la maladie de Hasselbank et le cœur greffé de Paterson, les scènes assez crues, donnent à ce roman une couleur particulière, renforcée par la voix grave de Jacques Frantz. C’est très rude, viril et plein de testostérone, plutôt loin de l’univers habituel de l’auteur ! Mais je m’y suis laissée prendre, et assommer par la scène finale, que j’ai dû réécouter pour m’assurer de n’avoir rien raté, et qui me trotte encore dans la tête !

 Extrait : Il était un homme de cinquante-six ans, paisible spectateur du huitième rang, affligé d’un mal têtu qui peu à peu l’éloignait de la rive commune. Parfois son désarroi était tel qu’il éprouvait la sensation physique d’être emporté par un courant profond, et, comme tous les mauvais nageurs, il avait peur. Mais en ce moment, il n’était pas effrayé. Il était au cinéma. Les lumières de la salle baissaient doucement et, sous la protection du public qui l’entourait, il se laissa avaler par la pénombre qui précédait le film. Contrairement à d’habitude, l’écran ne s’animait pas et la salle restait obscure. De ces ténèbres provisoires montaJFrantz une voix d’homme, grave, posée, presque familière.

Jacques Frantz est un acteur français spécialisé dans les doublages, l’un des plus connus à mon sens, et vous avez forcément déjà entendu la voix française de Robert de Niro, Mel Gibson ou John Goodman !

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Le cas Sneijder
218 pages
Editeur : L’Olivier (2011)
Existe en poche (Points)

Dans ce dernier roman de Jean-Paul Dubois, tout tourne autour d’un objet mécanique commun, qui pourtant « est le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout. ». Pour Paul Sneijder, c’est aussi l’instrument de son malheur, puisqu’il a perdu sa fille lors d’un accident qui l’a laissé lui-même sérieusement blessé.
Le sujet est grave et pourtant, les tribulations de Paul qui tente de se remettre de cette terrible aventure ne manquent pas de faire sourire, et la
lucidité du personnage envers ses contemporains, sa famille, est particulièrement piquante. Cette lucidité rappelle les romans de Iain Levison que j’apprécie vraiment beaucoup, d’autant que l’auteur a transporté son personnage aux Etats-Unis. J’ai beaucoup aimé l’humour, le ton, les petits détails (il faut dire que le narrateur jouit, à son grand dam, d’une excellente, d’une bien trop bonne mémoire). Pas très long, ce roman agréable, tonique et inventif, me laisse un souvenir très plaisant.

Extrait : C’est ainsi que nous vécûmes, famille désarticulée, petits français de l’intérieur, coincés entre le leasing de nos voitures et les escalators du progrès, gravissant quelques marches sociales pour les redescendre aussitôt, enterrant nos parents avant de dépenser leurs assurances-vie, voyant grandir nos enfants et défiler les années, comme les bovins regardent passer les trains, jusqu’à la fin.

Je participe à Ecoutons un livre de Val sur le thème des « grands lecteurs » !
ecoutonsunlivre

28 commentaires sur « Jean-Paul Dubois, Hommes entre eux »

  1. Je n’ai lu cet auteur qu’une seule fois alors que j’avais aimé son roman. Je pourrais peut-être l’écouter maintenant. Je ne connaissais pas le visage, ni le nom de ce lecteur. Mais sa voix si, bien sûr.

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    1. Tu devrais aimer en livre audio ! J’étais contente de dénicher à la bibli un livre qui me tentait et de plus entrait dans le thème d' »Ecoutons un livre » de janvier !

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  2. Comme toi, je n’ai pas apprécié plus que ça Hommes entre eux. En revanche, j’ai beaucoup aimé Le cas Sneijder et surtout Une vie française. Il y a effectivement un « ton Dubois » qu’on ne retrouve pas dans Hommes entre eux.

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  3. J’ai « le cas Schneider » dans ma Pile à écouter. Ça va certainement me plaire, vu que j’avais aimé « une vie française ». Je ne sais pas trop que penser du premier…

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  4. J’aime beaucoup Jea-Paul Dubois, et tu mets en avant deux titres que je n’ai pas encore lu ! Je suis plus attirée par le second, le premier a l’air assez dur tout de même.

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