« L’ambiguïté morale du journalisme n’est pas dans les écrits mais dans les relations humaines qui en sont à l’origine ; et ces relations humaines sont invariablement et inévitablement déséquilibrées. »
Dans cet essai, Janet Malcolm revient sur l’affaire Jeffrey McDonald, un homme accusé en 1970 d’avoir tué sa femme et ses deux petites filles. Tout d’abord blanchi par un tribunal militaire, il passe de nouveau devant un jury et risque cette fois une lourde condamnation. Pendant la préparation du procès, un journaliste et écrivain sans succès nommé Joe McGinnis se présente à lui, lui affirme qu’il le croit innocent et lui propose d’écrire un livre sur l’affaire, ce qui pourrait aider à sa défense. Il a accès à tous les documents des avocats, se rapproche de l’accusé au point que les deux hommes deviennent amis, et se confient l’un à l’autre. Lorsque McDonald est condamné par le jury, le journaliste continue à correspondre avec lui, à lui promettre la parution prochaine du livre. Et là, on se dit que le livre ne paraîtra jamais, mais si ! Seulement, il présente McDonald comme un psychopathe égocentrique, tout à fait capable de tuer sa famille…
« Nous avons l’impression que quelque chose se produit dans la tête des gens quand ils rencontrent un journaliste, et que c’est en réalité exactement le contraire de ce à quoi on s’attend. On pourrait penser qu’une méfiance et une prudence extrêmes seraient à l’ordre du jour, mais en réalité, impétuosité, impulsivité et confiance puérile sont bien plus fréquentes. »
J’ai cru pendant un moment, avant d’avoir ouvert le livre, que son titre était La journaliste et l’assassin, la journaliste étant Janet Malcolm… Elle est bien journaliste aussi et le sujet qu’elle traite est passionnant. Il s’agit d’un essai brillant qui étudie, à fond et avec autant d’impartialité que possible le thème des relations entre un journaliste ou un auteur, et la personne dont il dresse le portrait, en partant de ce cas, mais en en évoquant d’autres aussi.
Est-il honnête de faire croire qu’on partage les idées de quelqu’un, de devenir son ami, pour ensuite en dresser un portrait à charge ? Y a-t-il des limites à ne pas franchir, des règles déontologiques à respecter ? Janet Malcolm le pense, et l’écrit.
En tout cas, après lecture de Fatal vision (quel titre!) sur « son » affaire, McDonald a porté plainte contre le journaliste qui avait abusé de son amitié, et, grâce à un excellent avocat, le jury est allé dans son sens.
C’est intelligent, pas rébarbatif pour deux sous, et illustré par cette affaire hors norme, cela rend le livre encore plus passionnant. Il ne faut simplement pas y chercher de nouvelles pistes pour la première affaire, l’affaire criminelle, qui continuera de partager les commentateurs. Si le sujet vous parle, voici une réédition dans une nouvelle collection de poche qui mérite votre intérêt !
Le journaliste et l’assassin, (The journalist and the murderer, 1990) de Janet Malcolm, éditions du Sous-Sol, janvier 2024, traduction de Lazare Bitoun, préface d’Emmanuel Carrère, 240 pages.
Un thème extrêmement intéressant ; je le note.
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C’est bien traité, avec le plus grand sérieux, et en partant d’un cas exemplaire.
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Merci du lien, figure toi que j’avais tout oublié, mon article est pourtant dithyrambique!
Bref, à lire absolument
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Je ne me souvenais pas de ton billet non plus… 😉 C’est cette nouvelle édition qui m’a attiré l’œil.
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Ça m’a l’air passionnant ! Que ce soit une journaliste qui se penche sur ces questions éthiques est évidemment un atout.
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Elle analyse parfaitement toute cette affaire qui ne manque pas d’intriguer.
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il me tente beaucoup ! Tiens légèrement d’actualité 😉
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Il est très intéressant, tu verras si tu le trouves…
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Lu aussi, c’était chez François Bourin. J’ai beaucoup pensé au travail de Norman Mailer et Truman Capote en le lisant.
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Ton billet est très complet. Oui, on pense à Truman Capote, en effet.
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Effectivement, ça semble tout à fait intéressant !
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Ce livre est paru en 1990, mais reste toujours d’actualité.
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Voilà qui m’intéresse fortement ! Mais tu as raison de préciser qu’il ne faut pas y chercher une enquête sur le meurtre commis, parce que c’est ce que j’aurais eu tendance à croire.
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Comme on voit beaucoup de livres sur des résolutions de « cold case », c’est ce qui vient à l’esprit. Mais ce n’est pas ça, même si des avis à charge ou à décharge de McDonald sont présentés.
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C’est cette réédition qui m’a incité à lire (enfin !) cet essai tout à fait passionnant sur les relations journaliste/sujet, sur l’éthique et la morale qui les lie.
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Le sujet, pointu, pourrait sembler ne concerner que les auteurs ou journalistes, et pourtant, il est universel et passionnant.
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J’ai noté ce livre au moment de sa sortie, très curieuse de le découvrir, j’espère trouver le temps de le caser un jour… En tout cas ce que tu en dis confirme mon intuition.
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J’espère moi aussi que tu auras l’occasion et le temps de le lire !
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J’avais apprécié cette lecture aussi (lu à l’occasion de la mort de Janet Malcolm en 2021). cette affaire MacDonald semble avoir défrayé la chronique aux Etats-Unis.
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C’est la ressortie de ce livre en poche qui me l’a fait découvrir, et l’autrice aussi… une bonne initiative de l’éditeur, donc.
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j’aime bien ce sujet, les journalistes se remettent si rarement en cause . Je lirai ce roman quand j’aurais un peu plus de temps
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C’est plutôt un essai, il n’y a pas de fiction dans ce livre, qui devrait t’intéresser.
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Quelle coïncidence ! J’ai failli l’acheter aujourd’hui… et puis j’ai repensé à ma PAL^^, mais le sujet m’intéresse fortement, ce n’est que partie remise. Déjà les true crime et les procès me fascinent, mais les questions soulevées ici autour des codes de déontologie des journalistes rendent le livre encore plus attrayant.
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Les grands esprits se rencontrent, et des livres qui semblent, comme celui-ci, n’attendre que nous ! 😉
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A priori je ne suis pas vraiment tentée par ce genre d’histoire ou par les procès…mais ce que tu dis de ce livre me donne envie d’en savoir plus en effet sur le rôle joué par ce journaliste tant il est discutable et carrément odieux même : devenir ainsi ami avec quelqu’un pour l’enfoncer ensuite davantage fait réfléchir…on devrait pouvoir se fier aux journalistes, les savoir neutres en toutes circonstances…les sujets abordés sont intéressants et d’actualités il me semble.
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Tout à fait, ce sont des sujets qui restent d’actualité.
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Sujet forcément intéressant !
Dis donc, tu remontes loin pour trouver des liens ! 2013 !!!
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Haha, je suis tombée sur l’avis de Keisha sur Babelio, je ne remonte pas si loin d’habitude !
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