Antonio Paolacci et Paola Ronco, Nuages baroques

« Personne, absolument personne, pas même les rares touristes, ne prêtait attention au panorama de carte postale qui se déployait derrière la mer : les armatures bleues des grues du port, pareilles à de gigantesques insectes préhistoriques, les couleurs contrastées des containers empilés sur les navires, la vue imprenable sur la Lanterne. »

Mes maigres publications du mois de novembre pourraient laisser penser que je n’ai lu que pour le mois allemand, il n’en est rien, j’ai même beaucoup lu, alternant nouveautés, policiers et pavés qui attendaient dans mes étagères. Le problème étant d’écrire des avis… ce qui fait que je laisse passer sans en parler de nombreux livres qu’on a déjà vu ici et là.
Je vais pourtant faire une exception pour ce polar, un premier roman à quatre mains venu d’Italie. Un joggeur matinal découvre sur le port de Gênes un tout jeune homme, vêtu d’un long manteau rose, agonisant. Andrea, étudiant en architecture, semblait venir d’une fête pour l’union civile pour tous qui s’était tenue non loin de là. Les collègues de Paolo Nigra, sous-préfet de police, pensent aussitôt à une agression homophobe, lui-même préfère explorer toutes les pistes possibles, et ne pas négliger de s’intéresser à l’entourage du jeune homme, ses amis ou un oncle, architecte très connu.

« Santamaria se faufila sous le ruban, se fraya un chemin parmi la foule et ouvrit le passage à l’homme, intimant aux curieux de le laisser avancer. Une fois à ses côtés, elle s’approcha tout près pour lui murmurer : « Dottò, il était temps, ceux-là partent en cacahuète. Si vous me passez l’expression. »

Le roman se passe en 2016. Paolo Nigra est homosexuel, ses collègues sont au courant, contrairement à l’entourage de son amoureux, acteur en plein tournage d’une série où il joue… un policier ! Cela peut créer des situations gênantes, surtout pour les autres, car Nigra prend souvent les choses avec humour, même les réactions les plus ouvertement discriminatoires.
Je sens que ce nouveau policier, épaulé par une équipe particulièrement haute en couleur, va devenir un de mes chouchous, comme Ricciardi à Naples ou Camilleri en Sicile, si toutefois l’éditeur continue à faire paraître les traductions suivantes. Je vote pour !
Le duo d’auteurs réussit aussi bien les dialogues que la trame policière, la peinture des caractères que l’évocation d’une ville peu mise en avant dans la littérature. Un sans-faute que je recommande vivement.

Nuages baroques de Antonio Paolacci et Paola Ronco, (Nuvole barocche, 2019) éditions Rivages, octobre 2022, traduction de Sophie Bajard, 350 pages.

29 commentaires sur « Antonio Paolacci et Paola Ronco, Nuages baroques »

    1. J’aime beaucoup l’Italie, et par conséquent, suis friande de polars qui s’y déroulent : mes préférés sont Maurizio de Giovanni et son commissaire napolitain, et Valerio Varesi qui situe ses romans dans la région de Parme… mais il y en a bien d’autres !

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  1. moi j’essaie de tout mettre sur Luocine, sinon j’oublie les livres que je lis surtout quand ils ne sont pas excellents et je ne veux pas m’y confronter de nouveau. Je lis peu de polars mais j’e offre souvent à mes amis et je pioche alors dans vos blogs

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    1. La tête vide, c’est tout à fait ça… Je suis un peu sortie de ma torpeur pour une lecture commune et du coup, deux autres billets dont celui-ci ont vu le jour, mais je ne sais pas si ça va durer.

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