François Médéline, Les larmes du Reich

« L’homme roule depuis un peu plus de neuf heures, dont trois sous le crachin. Il est parti à 7 heures pile. Il a séché dans la descente après Hauterives, à la fin des Terres froides. Bien qu’il ne maîtrise pas encore les subtilités du rétropédalage et qu’il soit trop grand pour faire un bon cycliste, il s’entête. »

Mars 1951. Un couple de paysans, les Delhomme, a été assassiné quelques semaines auparavant dans une ferme de la Drôme, et leur fillette de onze ans a disparu depuis. Crime de rôdeur ou vengeance d’un proche, d’un voisin ? Un inspecteur arrive de Lyon sur son vélo pour enquêter sur cette affaire. Étrange personnage que l’inspecteur Michel de la Brigade criminelle de Lyon, en tout cas, il est totalement investi dans sa recherche du coupable, et ne ménage pas sa peine pour trouver des témoins que la Gendarmerie a oubliés, recouper les informations, et accumuler les kilomètres à bicyclette.
On se rend vite compte que sa recherche est liée à des événements qui ont eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais je n’en dirai pas plus.

« L’inspecteur avance sous le tilleul, vers le cheval et l’embarcation. Puis il questionne et Marc Escoffier raconte à contrecœur, en plus, il a déjà tout balancé aux gendarmes. Il est méfiant, en dit le moins possible. »

Je suis entrée dans ce roman sans rien en savoir, et croyant avoir affaire à une suite de La sacrifiée du Vercors, que je n’ai pas lu, pas encore. Le style ne manque pas d’accrocher l’attention, de rares fois l’auteur en fait un peu trop, mais il est la plupart du temps parfaitement adapté au récit, sec, nerveux, sans fioritures, sans psychologie : des actions, des dialogues, de la concision. Le récit garde une part d’obscurité et de mystère jusqu’à un événement qui fait tout reconsidérer, et à relire les premières pages, on se rend compte que chaque mot compte, et que l’identité floue de l’inspecteur Michel n’est pas totalement occultée, bien au contraire. A ce moment, je me suis dit que pour que le roman fonctionne, il faudrait que la résolution finale soit à la hauteur, et heureusement c’est tout à fait le cas ici.
La Seconde Guerre mondiale étend ses répercussions jusqu’en ces années cinquante, et n’en finit pas d’occasionner des ravages dramatiques. Les personnages sont loin d’être aimables, mais l’histoire est bâtie de façon à rendre le livre vraiment difficile à quitter tant qu’on n’en a pas le fin mot.

Les larmes du Reich, de François Médéline, éditions 10/18, avril 2022, 198 pages.

22 commentaires sur « François Médéline, Les larmes du Reich »

  1. Un auteur que je ne connais pas et qui pourrait m’intéresser. Ce titre là et « la sacrifiée du Vercors » sont à la bibliothèque, plus un autre titre où il a imaginé l’assassinat d’Emmanuel Macron !

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  2. Je ne connaissais pas du tout ce roman (ni cet auteur) mais ta chronique m’a convaincu, je l’ajoute à ma wishlist de ce pas pour moi aussi découvrir la résolution de cette affaire 🙂 Merci pour cette belle recommandation !

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  3. Je ne connais pas du tout l’auteur, mais je note les yeux fermes (!!) vu ce que tu en dis, et le thème auquel je reviens très régulièrement dans mes lectures.

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  4. Mince, tu donnes envie de découvrir cet auteur. Ce livre n’est pas à la bib, mais ils ont un autre titre que je vais retenir. Celui-ci étant en poche, je vais le commander à mon libraire.

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  5. Un polar difficile à quitter tant qu’on n’a pas le mot de la fin, c’est toujours bon à noter ! Je cherche toujours des idées de lecture dans ce créneau-là.

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