« Il était près de minuit quand l’un des nouveaux réverbères d’Auburn Avenue eut la malchance d’être embouti par une voiture, une Buick blanche dont un phare explosa en mille éclats sur le trottoir, au pied du poteau désormais plus penché que la tour de Pise. »
Imaginez-vous à Atlanta en 1948, accompagnant une patrouille de policiers noirs, les premiers à porter l’uniforme et à faire régner l’ordre dans le quartier où vivent leurs concitoyens de couleur. Car si la municipalité a accepté, à contrecœur, d’embaucher ces nouveaux policiers, c’est avec moult restrictions, notamment ils ne peuvent circuler qu’à pied, ne peuvent procéder à des arrestations qu’avec le recours à des collègues blancs, ils ont des bureaux en sous-sol d’un bâtiment sordide, car l’entrée au commissariat leur est interdite. Malgré tout, ils sont huit à s’être engagés, avec des motivations parfois variées, et le lecteur suit particulièrement deux d’entre eux, Boggs et Smith, à partir du moment où ils interviennent pour un accident de la circulation impliquant un blanc ivre, accident qu’ils pourront relier, plus tard, au meurtre d’une jeune femme noire.
« Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents. »
Vous imaginez bien qu’ils n’ont pas toute latitude pour enquêter et que les autres policiers blancs, dont la plupart sont racistes jusqu’au plus profond de leur moelle, ne font rien pour les aider. Le roman suit une deuxième patrouille, blanche cette fois, avec deux individus très différents, mais jamais stéréotypés. La confrontation des sensibilités différentes est le ressort passionnant du roman. À l’esprit totalement borné de certains flics, violents, racistes et corrompus, s’oppose un début de prise de conscience pour d’autres, même s’ils sont obligés de le cacher. La lutte pour les droits civiques avait encore énormément de chemin à parcourir en 1948.
« Le paysan, loin de le remercier, arborait une expression résignée. Comme s’il lui était plus facile d’accepter sans broncher la dernière plaie envoyée par le Seigneur que d’exiger des explications à la mort de son enfant. »
C’est LA pépite parmi les polars que j’ai commencé à présenter et ceux à venir. Le contexte, la mise en place des personnages et des situations, tout y est formidablement bien fait, et on n’a aucun effort d’imagination à accomplir pour se représenter les lieux et l’époque, on y est transporté ! De plus, l’auteur s’y entend pour faire augmenter la tension et pour attacher le lecteur aux personnages. Toujours vraisemblable, au plus proche de l’humain, c’est un roman policier comme je les aime.
J’ai lu depuis qu’il s’agissait du début d’une série et que certains personnages se retrouvent déjà dans un deuxième volume, pas encore traduit : Lightning Men. J’ai hâte de le découvrir !
Darktown de Thomas Mullen (Darktown, 2016), éditions Rivages (octobre 2018) traduit par Anne-Marie Carrière, 425 pages.
D’autres avis : Encore du noir, Jérôme et Mimi.
Oh la, je vais me laisser tenter (je lis peu de polars en fait)
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Mais là, c’est un roman historique et policier, et le premier aspect n’est pas négligeable, bien au contraire !
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Le contexte est plus intéressant que l’intrigue en elle-même, ls aspects « documentaires » étant aussi révoltants qu’instructifs. Je trépigne d’impatience pour le deuxième roman maintenant !
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Moi aussi !
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Bien aimé ce roman, pour ce que j’ai appris de la ville à cette époque.
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Ces faits historiques sont vraiment bien traités dans le roman, sans aucun didactisme.
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je crois bien que je vais me laisser tenter aussi!
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Si tu aimes les romans noirs à fond historique et sociétal, je te le conseille.
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Déjà repéré chez Jérôme et Alex, je l’ai noté.
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Il me semble bien dans tes cordes !
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Il m’intéresse mais pas pour le côté polar !
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J’imagine 😉 mais ça vaut le coup de tenter, non ?
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Il est déjà dans mes attentes de réservation biblio ( il est très emprunté donc c’est bon signe)
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Ah, oui, très bon signe ! Je trouve qu’on n’en a pas assez parlé, donc ta remarque me rassure, si je peux dire !
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Voilà bien les seuls polars qui me tentent. Je note ce titre immédiatement.
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Je lis très peu de polars mais je lirai celui-ci ! Je le note.
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Un polar sur fond d’histoire, je prends !
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Thomas Mullen, Darktown.. la couverture me plais et surtout le sujet est passionnant sur cette Amérique d’avant les droits civiques bouffée par le racisme. Je regarderais s’ils l’ont à la médiathèque 😉 merci à toi 🙂
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Le pitch me parlait. Il me semblait bien l’avoir repéré sur un blog celui-là. Mais ouiiii, chez Jérôme ! Je le surligne dans sur ma LAL. J’ai failli l’oublier dis donc ! Merci pour le rappel.:-)
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Très tentant ! Je le note pour ma prochaine période polar.
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Je lui trouve une jolie couverture.
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Ce qui n’était pas pour rien dans mon choix de lecture… 😉
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