Des bandes dessinées au féminin pour commencer l’année, deux auteures retrouvées et une autre découverte, et la preuve que le dessin peut permettre de raconter des histoires ou apporter des témoignages d’une manière différente de la langue écrite, moins frontale, mais tout aussi intense. Je n’aurais peut-être pas lu un roman ou un récit sur les mêmes thèmes que les BD présentées ici, mais le dessin me les a fait apprécier, et je m’y suis immergée bien volontiers.
Catherine Bertrand Les chroniques d’une survivante, éditions La Martinière, 2018
Commençons tout d’abord par cette découverte faite grâce à Sylire qui m’a permis de gagner cette bande dessinée autobiographique. Catherine Bertrand était au Bataclan le 13 novembre 2015, et si elle s’en est sortie sans dommage physique, elle a très rapidement eu à affronter un sévère syndrome post-traumatique.
Ce fardeau qu’elle ressent comme un boulet à traîner partout, elle a l’idée de l’exprimer sous forme de journal dessiné. Elle dessine sa soirée dans la salle de concert, ses premières réactions comme celles de son entourage, ses entretiens avec une psy, ses galères administratives… Elle raconte aussi des épisodes au bureau, où il lui est difficile, voire impossible, de se concentrer, ou de trouver un intérêt aux petites histoires des collègues, elle retranscrit les petites phrases qui l’enfoncent un peu plus… Le trait rond, le noir et blanc, l’utilisation de l’écriture comme partie intégrante du dessin, la manière très imagée de retranscrire les hauts et les bas par lesquels elle passe, tout cela concourt à en faire un récit sincère et touchant.
A voir : le blog de l’auteure.
Chloé Cruchaudet La croisade des innocents, éditions Soleil, 2018
De Chloé Cruchaudet, j’ai lu Groenland-Manhattan et vu le film réalisé à partir de sa bande dessinée Mauvais genre (Nos années folles par André Téchiné). Je connaissais donc son goût pour les faits historiques peu connus, et susceptibles de donner lieu à un roman graphique. Imaginée d’après un fait réel, La croisade des innocents plonge le lecteur dans un Moyen-Âge sombre et crasseux, où des enfants se mettent à suivre le jeune Colas. Rejeté par sa famille, il est recueilli par des religieux qui exploitent ses maigres forces. Suite à une « rencontre » qui passe pour un miracle, lui que rien ne prédestinait à ce rôle, mais qui n’a rien à perdre à partir sur les routes, prend la tête d’une cohorte de jeunes et d’enfants qui partent dans le but de délivrer Jérusalem.
Des aquarelles dans des tons sombres, un trait fin pour caractériser les personnages, des lieux qui font travailler l’imagination, quelques dessins en pleine page plus poétiques… J’ai apprécié le dessin qui m’a rappelé par moments les trognes des chapiteaux romans, ou des gargouilles d’églises. Le graphisme rend particulièrement bien compte de cette époque, et donne envie de savoir ce qui va arriver à Colas et ses suiveurs. L’intérêt ne se dément pas tout au long de la lecture, et la conclusion, bien trouvée, ne manque pas de finesse. J’ai passé un très bon moment.
Marguerite Abouet, Donatien Mary, Commissaire Kouamé : Un si joli jardin, Gallimard, 2017
Encore un genre différent ! Marguerite Abouet est la scénariste de l’excellente série Aya de Yopougon et elle met de nouveau à l’honneur les habitants de son pays, la Côte d’Ivoire, dans le premier volume (je crois) d’une série policière. Le dessinateur n’est pas le même que pour Aya de Yopougon, et c’est bien dommage parce que j’aimais beaucoup son trait et la vision colorée d’Abidjan dans cette série. Là, c’est beaucoup plus « crayonné », bien adapté pour dessiner des scènes de bagarres ou de poursuites. Car il s’agit d’une aventure policière plutôt animée : un magistrat très connu a été assassiné dans un hôtel de passe, et le commissaire Marius Kouamé et son adjoint Arsène doivent mener une enquête rapide et discrète. Mais ils gênent pas mal de monde, et les morts tombent comme des mouches sur leur chemin. L’histoire est distrayante, mais pas très originale, et je ne suis pas plus enthousiaste que ça !
Je n’en ai lu aucune et je ne me sens pas particulièrement attirée par les thèmes ou le graphisme. J’en ai d’autres dans le collimateur 😉
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Oui, mais parfois, on ne trouve pas ce que l’on cherche ! 😉
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J’en lis pas mal, de la bD, et ne la chronique pas…
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J’ai tendance à laisser de côté les chroniques de BD et de polars, je vais essayer quelques billets groupés pour ne pas que ça passe totalement aux oubliettes !
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J’hésitais à lire La croisade des innocents, tu m’as convaincue ! Je note également Chroniques d’une survivante. Merci pour ce billet très enjoué !
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Merci, Hélène. Ces deux BD sont vraiment recommandables ! 😉
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Je vais me décider pour la Croisades des Innocents. Un peu débordée par les BD en ce moment, et c’est tant mieux 🙂
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J’ai vu ça sur ton blog… Pour moi, les BD, c’est épisodique, et souvent je ne les commente pas, ce n’est pas toujours facile d’en parler.
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J’ai lu La croisade des innocents et je confirme ce que tu en dis.
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Ah, tant mieux ! La feuilleter de nouveau pour écrire le billet me l’a encore fait aimer davantage.
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Visiblement il faut que je regarde de plus près « la croisade des innocents » merci pour ce rappel.
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Oui, elle mérite de ne pas être perdue de vue, comme les autres BD de Chloé Cruchaudet.
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C’est très vrai ce que tu dis sur la BD. Je retiens ta formulation « apporte des témoignages d’une manière différente de la langue écrite, moins frontale, mais tout aussi intense ». Sinon, bien d’accord avec toi pour le Commissaire Kouamé. Plutôt décevant si on compare à Aya (et même sans comparer). Et il me tarde de lire ce Cruchaudet !
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Merci, c’est sympa !
Oui, dommage pour le Commissaire Kouamé, il y avait là la matière, je pense…
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J’ai adoré le Cruchaudet !
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Hé hé oui, j’ai vu ça !
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Les chroniques d’une survivante me tente assez bien.
J’aime beaucoup aussi Cruchaudet! Je ne savais pas qu’il y avait eu un film d’après Mauvais genre!
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Je suis contente que ces BD te tentent !
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La croisade des innocents me tente beaucoup. J’avais vraiment aimé son précédent.
Je suis ravie que tu aies aimé « chroniques d’une survivante ». J’ai trouvé très juste la métaphore du boulet qui est applicable à d’autres traumatismes.
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Oui, cette image est très forte et parlante… tout sonne juste dans ces chroniques.
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L’album de Chloé Cruchaudet me tente beaucoup. Je garde un super souvenir de Mauvais genre!
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J’aime beaucoup son dessin et les thèmes qu’elle choisit…
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Chloé Cruchaudet La croisade des innocents.. ce titre m’attire beaucoup. Tous les avis sont élogieux. Je note précieusement 😉
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Les avis sont plutôt unanimes, oui, tu peux le noter ! 😉
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