Tanguy Viel, Paris-Brest

parisbrest_pocheL’auteur : Né à Brest en 1973, Tanguy Viel y passe les douze premières années de sa vie. Objecteur de conscience au Centre dramatique de Tours, il y rencontre François Bon. Les éditions de Minuit publient son premier roman, Le Black Note alors qu’il a vingt-quatre ans, et le ton de ce roman est déjà salué par la critique. Suivront Cinéma, l’Absolue perfection du crime, et Insoupçonnable. Tanguy Viel a travaillé avec le metteur en scène Gilles Bouillon à l’écriture d’une pièce de théâtre du centre dramatique régional de Tours, présentée en 2007. Ses deux derniers romans, Paris-Brest, en 2009 et La disparition de Jim Sullivan en 2013, sont publiés aux éditions de Minuit.
173 pages
Editions de Minuit (2013, en poche)

Tanguy Viel fait partie de ces auteurs dont je vois le nom un peu partout, sans trop savoir si ce qu’ils écrivent pourrait me plaire ou non. Une sortie récente en format de poche m’a donné l’occasion d’essayer. Alors, pour résumer avant même d’avoir commencé, voici ce dont il s’agit : une histoire de famille sous forme de comédie dramatique, à Brest, en deux époques, (entre les deux, il y a Paris, ce qui fait que le roman devrait s’appeler Brest-Paris-Brest) un roman dans le roman, de l’humour noir, la Bretagne, la brume qui se lève (ça arrive), le Cercle des Marins, un héritage qu’on peut qualifier de conséquent, un duo de voleurs à la petite semaine… Vous n’y avez rien compris ? Tant mieux, il faut partir à la rencontre de ce roman peut-être (ou peut-être pas) autobiographique sans trop en savoir… et savourer.
Ce n’est pas le roman du siècle, ni de la décennie, sa lecture peut même provoquer par moment un vague sentiment d’insatisfaction, mais c’est plaisant, écrit avec un style qui possède un rythme bien particulier, et le mélange des différents genres abordés est réjouissant, ainsi que les portraits des membres de la famille. C’est le genre de lecture qui fait son chemin une fois le livre refermé, un chemin assez intrigant pour me donner envie de découvrir une autre facette de Tanguy Viel, sans doute avec La disparition de Jim Sullivan.

Des extraits : D’un côté je voulais faire un roman familial à la française, de l’autre je voulais faire un roman à l’anglaise, et cela d’autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu’en Bretagne, dans le Finistère Nord, c’est-à-dire la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne, alors c’était d’autant plus normal de donner à tout ça un côté, disons, irlandais, un côté Cornouailles avec des oiseaux noirs et des pierres fatiguées.

Cent-soixante-mètres carrés avec vue sur la rade, répétait-elle comme si c’était un seul mot, une seule expression qu’elle avait prononcée des milliers de fois, laissant glisser dessous toutes les images qui allaient avec, c’est-à-dire la mer bleue de la rade, les lunatiques teintes de l’eau, les silencieuses marées d’août, les reflets de la roche et les heures grises de l’hiver.

J’ai pensé : c’est comme les poupées russes, maintenant dans la maison familiale il y a l’histoire de la maison familiale.

 C’est pourquoi ils étaient là, derrière la fenêtre du salon, à me regarder comme une bête curieuse, mon frère et ma mère tous les deux posés là comme des poissons dans un aquarium, avec le sapin de Noël qui clignotait derrière eux comme dans un film suédois. Tous les deux avec leur tête de poisson nordique, ils m’ont regardé négocier la sortie de la valise depuis le coffre de la voiture.

 

38 commentaires sur « Tanguy Viel, Paris-Brest »

  1. Ouh là, Insoupçonnables m’avait fortement impressionné à l’époque,j’ai repéré son dernier roman, alors là il va falloir que je me penche sérieusement sur son cas.
    Et qu’apprends-je? Il a travaillé avec Gilles Bouillon? Ah quel homme, alors! ^_^

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  2. Un style d’écriture qui me ravit à chaque fois autant dans ce Paris-Brest que dans son dernier, La disparition de Jim Sullivan que je te conseille, il est encore meilleur selon moi

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  3. Je l’ai lu, tentée bien évidemment par le titre, moi qui ai pris le chemin inverse, mais je n’ai pas réussi à écrire mon billet. Il m’en reste très peu de souvenirs, d’ailleurs. Si, un seul, peut-être, c’est que j’ai grincé des dents à chaque fois que j’ai lu « le cercle des Marins » ! A Brest, c’est le cercle naval ou le foyer du marin, il faut choisir son monde !
    Mais, après tout, c’est un roman, l’auteur écrit ce qu’il veut !

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    1. Justement, Le cercle des marins, c’est une façon de ne pas choisir… et de rester dans la fiction. Je ne savais pas qu’il existait deux endroits dont il s’était inspiré.

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  4. Tiens, encore quelqu’un qui a déménagé de overblog sur wordpress… nous sommes nombreux (ses)… Bref ! tout ça pour dire que j’ai adoré son dernier La disparition de Jim Sullivan, et que je compte bien lire ses autres titres, celui-ci en fait partie.

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  5. Je suis comme toi, quelque peu mitigée, à cause d’une impression d’artificialité dans la construction de l’intrigue ( comme si c’était compliqué exprès alors que franchement y’a pas vraiment de quoi …) mais séduite quand même par le mélange des genres (le personnage de la mère est glaçant et très drôle en même temps ) … et puis l’écriture en vaut la peine. Bref, « La disparition de Jim Sullivan », je retiens aussi.
    Merci pour le lien !

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  6. Un Paris-Brest qui avait laissé des traces et je ne parle pas de pâtisserie. J’ai repéré « la disparition… » et ce Jim Sullivan aiguise ma curiosité.

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  7. Le théâtre de Tours est celui que je fréquente, mais je ne crois pas avoir vu proposer de pièce de Tanguy Viel depuis que je suis ici. Ceci dit, je n’ai toujours pas lu cet auteur.

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