Metin Arditi, Le Turquetto

turquettoD’après l’éditeur : Se pourrait-il qu’un tableau célèbre – dont la signature présente une anomalie chromatique – soit l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait « le Turquetto » (le petit Turc) ? Metin Arditi s’est intéressé à ce personnage. Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d’un employé du marché aux esclaves s’exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. […] L’auteur : Né en Turquie, familier de l’Italie comme de la Grèce, Metin Arditi est à la confluence de plusieurs langues, traditions et sources d’inspiration. Sa rencontre avec le Turquetto ne doit rien au hasard, ni à l’histoire de l’art. Car pour incarner ce peintre d’exception, il fallait d’abord toute l’empathie – et le regard – d’un romancier à sa mesure.
283 pages
Editeur : Actes Sud (août 2011)

Un tableau du Titien exposé au Louvre présente une anomalie dans la signature. L’un des élèves du maître en serait l’auteur… Cette énigme a donné un point de départ à Metin Arditi pour retracer le destin d’un jeune juif, fils de marchand d’esclaves à Constantinople, qui ne peut s’empêcher de dessiner les gens qu’il croise, alors que sa religion s’oppose à la représentation de figures humaines. Des années plus tard, il est connu et très demandé à Venise sous le nom de Turquetto, et son origine juive ignorée de tous ceux qui admirent ses toiles.
Par petites touches, l’auteur trace un portrait du jeune garçon, de son entourage, de la ville de Constantinople et de ses bazars, vivante et grouillante de petits métiers, de petits commerces. L’atmosphère de Venise est bien différente, les querelles religieuses et de pouvoir plombent tout, et le Turquetto finirait par ne plus s’y sentir en sécurité, si seul son art ne lui importait… Pourtant son destin devra encore basculer…
Ce roman m’a rappelé un autre périple, celui de la Haggadah de Sarajevo dans Le livre d’Hanna de Geraldine Brooks. 
L’histoire d’une œuvre d’art est un sujet tout à fait fascinant, et il a été traité à merveille par Metin Arditi, que je considère comme un écrivain contemporain « qui compte » et que j’ai toujours plaisir à lire.

Extrait : Après quoi il avait regardé la copie d’Élie en silence et avait pâli. Un garçon de cet âge qui dessinait comme ça, il n’en avait pas croisé un seul en trente ans. « Reste là », avait-il dit à Élie. Puis il était parti en courant chercher le maître.
Celui-ci avait à peine jeté un coup d’œil au dessin :
- Tu restes avec nous !
Élie lui avait baisé le dos de la main, à l’orientale.
Au moment de rendre la feuille à l’intendant, le maître avait remarqué la signature :
 Turquetto… Pourquoi pas…
Il avait souri, lui aussi, et le sobriquet était resté.

Un grand merci, Anne, pour ce livre voyageur !

7 commentaires sur « Metin Arditi, Le Turquetto »

    1. C’est un billet rapatrié de mon ancien blog… je me rends compte que les abonnés reçoivent l’info, je ne vais peut-être pas abuser des publications post-datées alors !

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  1. Ce livre voyageur est également passé par chez moi, et c’est un de mes coups de coeur de l’année dernière. J’ai beaucoup aimé son dernier également : Prince d’orchestre !

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  2. Je viens de tomber par hasard sur ton commentaire en cherchant celui sur le complexe d’Eden. Ce livre m’avait attiré en son temps. Ton billet me redonne envie. D’autant qu’aujourd’hui il doit bien être disponible en Babel, voire en bibliothèque…

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