Tuna Kiremitçi, Les averses d’automne

hirbat-hizat 3L’auteur : Né en 1973 en Turquie, Tuna Kiremitçi est l’un des principaux représentants de la jeune littérature turque. Après Les Averses d’automne, Un été (2013) est son sixième roman, et le second traduit en français.
224 pages
Editeur : Galaade (2011)
Paru en VO en 2007 
Traduction : Jean Descats

Rosella, une vieille dame vivant à Genève, recherche par petites annonces une personne pour converser en turc. Juive allemande, elle a fui Berlin avec sa fille dans les années 30,et vécu une longue période à Istanbul, dans la famille de son mari Aldo. Pelin, une étudiante, se présente pour répondre à l’annonce. Le roman retranscrit uniquement les dialogues des deux femmes, qui chacune à leur tour, dévoilent à l’autre des éléments de leur vie, enfin ce qu’elles veulent bien en dire. Rosella finira ainsi par évoquer un amour passé et Pelin approchera peut-être du premier amour.
J’avais cru que Tuna était un prénom féminin et l’auteur une femme, à cause de la finesse de la psychologie et de la justesse des dialogues. La vieille dame, plutôt malicieuse, provoque la sympathie par ses remarques pleines de bon sens, et son recul sur sa vie. Pelin est encore très jeune de caractère, mais son petit manque de maturité est rafraîchissant. Pas de révélations fracassantes dans leurs conversations, mais une compréhension réciproque qui se construit petit à petit. Ce roman m’a rappelé Dans le square de Martin Belskis, où une jeune femme entamait une correspondance avec un vieil homme, et que j’avais trouvé très sympathique. J’ai le même ressenti pour ce roman, Istanbul et l’évocation de ses quartiers colorés et bruyants en plus. Les conversations portent parfois sur l’histoire, la musique ou la littérature, mais surtout, encore et toujours, l’amour et la vie… Je ne dirais pas que j’ai eu pour ce livre un enthousiasme démesuré, mais c’était une agréable (et rapide) lecture, qui pourra trouver des résonances, provoquer une éclosion de marque-pages et d’annotations ici et là… A découvrir.

Extraits : Je ne sais pas ce que vous voulez me faire dire, mais je peux vous déclarer ceci : j’ai toujours aimé les hommes… Mais pas seulement leur physique… J’aimais être aimée d’eux, j’aimais leur tendresse, leur candeur, j’aimais sentir la proximité de leur force.

Vous découvrirez avec consternation que vous vivez désormais dans un monde qui appartient aux autres. Du temps de votre jeunesse, il ne restera plus un seul homme, une seule femme, pas même un chat, un chien ou un enfant… Et je vous assure, mademoiselle, qu’il est beaucoup plus difficile de vivre dans un temps étranger que dans une ville étrangère. Même si vous êtes dans un pays lointain, vous gardez l’espoir de rentrer un jour au bercail. Mais tant qu’on n’a pas inventé la machine à remonter le temps, il n’y aura aucun moyen de fuir le temps présent et d’échapper à la nostalgie du passé.

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12 commentaires sur « Tuna Kiremitçi, Les averses d’automne »

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