Richard Ford, Canada

canadaL’auteur : Né à Jackson, dans le Mississippi en 1944, Richard Ford mène des études de droit. À vingt-quatre ans, il décide de se consacrer exclusivement à l’écriture et publie des nouvelles dans des magazines. En 1976, il publie son premier roman, Une mort secrète. Après son deuxième roman, en 1981, Le Bout du rouleau, il travaille pour Inside Sports Magazine jusqu’à la faillite du magazine en 1982. Cela lui inspire Un week-end dans le Michigan pour lequel il recevra le PEN/Faulkner Award. En 1996, il reçoit plusieurs prix pour Independence Day, et en 2012, pour Canada, la Andrew Carnegie Medal for Excellence in fiction 2013.
477 pages
Editions de L’Olivier (Août 2013)
Traduction : Josée Kamoun

Le roman se compose de trois parties, annoncées dès les premières phrases : « D’abord, je vais raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard. C’est le hold-up qui compte le plus, parce qu’il a eu pour effet d’infléchir le cours de nos vies à ma sœur et à moi. Rien ne serait tout à fait compréhensible si je ne le racontais pas d’abord.
Nos parents étaient les dernières personnes qu’on aurait imaginées dévaliser une banque. Ce n’étaient pas des gens bizarres, des criminels repérables au premier coup d’œil. Personne n’aurait cru qu’ils allaient finir comme ils ont fini. C’étaient des gens ordinaires, même si, bien sûr, cette idée est devenue caduque dès l’instant où ils ont bel et bien dévalisé une banque. »
La première partie se concentre sur le hold-up et ce qui a amené les parents à le commettre, remontant donc à leur mariage, ne négligeant rien du quotidien de la famille. Cette première moitié tient plutôt ses promesses. Les portraits des parents, totalement dissemblables, un père flambeur et une mère discrète, de Dell et sa sœur jumelle Berner, sonnent juste et donnent envie d’en savoir plus. La narration par un « adolescent au moment des faits » qui revient bien plus tard sur des évènements dramatiques de sa jeunesse, m’a rappelée le dernier Louise Erdrich, Dans le silence du vent, et aussi Nous étions les Mulvaney de JC Oates.
J’ai été un peu moins convaincue par la deuxième partie, qui suit le jeune Dell au Canada, dans un patelin perdu où il trouve refuge pour ne pas être placé en foyer. J’y ai trouvé des invraisemblances et quelques longueurs, notamment les scènes de chasse. J’ai un peu du mal aussi avec le message général du roman : quel est-il ? la résilience ? la possibilité de se tracer son propre chemin sans presque aucune aide, de trouver une forme de bonheur à partir de phrases retenues ici et là ? Ce doit être la troisième partie, de loin la plus courte, qui répond à ces questions, mais pourtant elle ne m’a pas fait poser un regard plus admiratif sur le roman.
Au final, même si je n’ai pas eu envie de l’abandonner, tout cela me laisse une impression mitigée, rien qui ressemble à de l’enthousiasme. Juste un roman pas trop mal ficelé… qui me confirme que cet auteur ne fera pas partie de mes auteurs américains préférés, même si à Canada, j’ai préféré Un week-end dans le Michigan et le recueil Pêchés innombrables.

Citations : Devant nous, au loin, là où la route n’était qu’un trait de crayon, deux petites bosses sombres sont apparues à l’horizon, sur fond de ciel bleu sans nuages. Je ne les aurais jamais vues si je n’avais pas suivi le regard de Mildred. Là-bas, c’était le Canada. Impossible à différencier. Même ciel, même lumière, même air. Mais autre.
Comment se faisait-il que je sois en train d’y aller ?

Ce que je sais, c’est qu’on a plus de chances dans la vie, plus de chances de survivre, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu’on réussit à ne pas devenir cynique pour autant.

D’autres avis (contrastés !) : Krol Franca n’a pas adhéré à ce roman, c’est un trésor pour Mélopée, un roman magnifique pour Papillon, Véronique l’a trouvé long et alambiqué, Violette n’a pas aimé.

34 commentaires sur « Richard Ford, Canada »

  1. Déjà, quand je lis le mot hold-up, j’ai tendance à passer mon chemin ; j’en ai marre de ces thèmes-là. Avec ce que tu dis en plus, pas de regrets …

    J’aime

  2. Je suis à la fin de la première partie et j’aime bien pour l’instant. J’ai lu la deuxième partie de ton billet en diagonale et je suis un peu inquiète, du coup…

    J’aime

  3. Bonjour Kathel, pas tentée par ce roman, je ne suis pas attirée par l’histoire et il semble que Canada n’ait pas fait l’unanimité sur la blogosphère. Bon dimanche.

    J’aime

Et vous, qu'en pensez-vous ?