Maria Adolfsson, Faux pas Doggerland 1

fauxpas« Karen contemple ces hommes usés. Ces histoires remontent à près de quarante ans. Ils devaient avoir autour de trente ans lorsque les Lindgren et les autres membres de la communauté sont arrivés. Ils avaient le même âge qu’eux, mais venaient de mondes diamétralement opposés. »
Voici un polar oublié dans mon dernier billet, et qui mérite bien une petite chronique à lui tout seul.
Imaginez tout d’abord le décor, l’archipel de Doggerland, entre Écosse et Danemark. Vous ne connaissez pas ? Normal, ces îles n’existent pas, ou plutôt ont disparu depuis dix-huit mille ans, ne laissant qu’un plateau sous l’océan. Sorte d’Atlantide du nord, elles ont inspiré à une auteure suédoise une série de polars, dont voici le premier. Le faux pas du titre arrive dès les premières pages lorsque Karen, inspecteur d’une petite cinquantaine d’années, se réveille aux côtés de Jounas, son chef, après un lendemain de fête. Ils ne sont pourtant pas vraiment en bons termes, et elle aimerait que cette soirée n’aie jamais eu lieu. D’autant que le jour-même, une femme est trouvée morte dans le petit village portuaire de Langevik, et qu’il s’agit de l’ex-femme de Jounas. L’enquête confiée à Karen démarre lentement, les indices manquent, et les mobiles également.

« Elle ne gratifie ces discours d’aucun commentaire. Elle sait que, dans ce cas, le silence a plus de poids que les mots ; que les bâillements d’ennui sont plus provocateurs que les objections. »
Dans un environnement de travail sexiste et peu ouvert, Karen a bien du mal à se faire une place, et pourtant là, elle se retrouve à diriger une enquête pour meurtre, avec son chef de service parmi les suspects, et peu de soutien de la part du reste de sa hiérarchie. De plus, Karen n’est pas forcément une personne aimable et souriante, et on apprend petit à petit les raison de ses traits de caractère peu amènes.
Je me suis immergée facilement dans ce polar qui n’avait pourtant pas l’atout de faire partie d’une série déjà connue. Les descriptions de paysages permettent de bien s’imaginer les lieux, les personnages ne manquent pas d’intérêt, les retours en arrière sont bien menés pour expliciter les motifs qui les animent.
Les pistes à exploiter se ferment les unes après les autres pour laisser Karen dans l’impasse, jusqu’au moment où tout semble s’éclairer, mais en même temps la mettre en grand danger. La fin est donc plus spectaculaire et haletante.
J’ai eu la satisfaction de découvrir un polar du nord aussi solide par son intrigue qu’original par son décor, et je ne manquerai pas de lire la deuxième enquête, pas encore traduite.

Faux pas Doggerland 1 de Maria Adolfsson, (Felsteg, 2018) éditions Denoël, 2019, traduction d’Anna Postel, 528 pages.

16 commentaires sur « Maria Adolfsson, Faux pas Doggerland 1 »

  1. Je me demande pourquoi ces pays du nord ont fait du roman policier leur spécialité…alors que ces mêmes pays ont le taux de criminalité le plus bas du monde !

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    1. C’est bien vrai ! J’y pense aussi quand je lis les polars de Craig Johnson dans le Wyoming, état où la densité de population est très faible et donc la criminalité assez basse. (quoique… avec les Américains et leurs goût pour les armes…)

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  2. Tu sembles avoir fait une belle trouvaille côté suédois, ça me tente assez. Si en plus tu es déjà partante pour lire l’enquête suivante, c’est que c’était plus que satisfaisant !

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