Santiago Pajares, Imaginer la pluie

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« Le sable. le sable à perte de vue. Dans toutes les directions. Et au milieu de ce néant qui n’est que sable, un petit puits, deux palmiers, un potager minuscule et un appentis. Et moi sur le toit, essayant d’imaginer la pluie. »

« Mère savait que je n’étais pas encore prêt à apprendre à me battre, mais elle s’en moquait. Elle me dit :
– Le désert ne va pas attendre que tu sois prêt. »
Un enfant vit seul avec sa mère dans un endroit complètement isolé, plus qu’isolé, le plus éloigné possible de tout. Ainsi résumé, le roman rappelle Le garçon de Marcus Malte, mais à y regarder de plus près, l’auteur espagnol Santiago Pajares explore des chemins bien différents. Son texte se situe dans un futur assez proche, où l’humanité en conflit a laissé pour seul choix à une femme enceinte de mourir ou de se réfugier dans une minuscule oasis dans un désert brûlant. Elle élève ainsi jusqu’à une douzaine d’années son fils Ilonah, mais tombe malade. Quand elle sent que sa fin est proche, la mère raconte à son enfant comment c’était avant, et lui donne quelques conseils sur le chemin qu’il devra suivre, au sens propre comme au figuré.

« À quatorze mètres, on trouve l’eau. Seuls les palmiers et les fous sont capables d’aller aussi loin. »
Les suivra-t-il ou pas, et surtout comment s’accommodera-t-il de la solitude immense qui est désormais la sienne ?
Je m’en voudrais de vous en dire plus sur ce très beau, ce magnifique roman, sobrement poétique, aux phrases et aux chapitres courts, commençant chacun par un nombre écrit en caractères arabes et japonais. Sachez que la fable philosophique y côtoie le récit post-apocalyptique, que le roman de survie se fait ici roman d’initiation, qu’il y est question de solitude, mais aussi d’amitié. Tout pour me plaire donc, et l’écriture et la traduction sont tout juste parfaites, en adéquation idéale avec le sujet. Mais pourquoi n’a-t-on pas davantage parlé de ce roman au moment de sa sortie ?
Je me rends compte que je ne lui rends pas service en en parlant en pleine rentrée littéraire, mais si je pouvais ne donner envie de le lire qu’à deux ou trois personnes, j’en serais déjà ravie !

Imaginer la pluie de Santiago Pajares (La lluvia de Ilonah, 2011) éditions Actes Sud (avril 2017) traduction de Claude Bleton, 297 pages.

L’avis de Daphné et quelques avis (plutôt enthousiastes) sur Babelio.

Ma participation à l’Objectif PAL d’Antigone.
obj_PAL2018

46 commentaires sur « Santiago Pajares, Imaginer la pluie »

  1. Fable philosophique et post apocalyptique … Malgré ta conviction à défendre ce texte, je suis dubitative ! Pas certaine que ce soit ma tonalité du moment. (et rien à voir, pour moi, avec la rentrée littéraire que je ne suis pas …)

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  2. Je note, mais pour plus tard, j’ai déjà eu ma dose cette année de post-apocalyptisme…. (Les sables de l’Amargosa, Dans la forêt, Crépuscules, Notre vie dans les forêts, et d’autres, c’est un thème qui inspire beaucoup, en ce moment) et je suis encore un peu dans le genre, puisque je lis Les buveurs de lumière !

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  3. Et pourquoi pas ! Je ne connaissais pas non plus mais rien que le titre est fait pour m’attirer. Et les extraits donnent le ton. (Je parle aussi de livres anciens cette semaine, rien aà voir avec la rentrée littéraire…)

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  4. Hé bien mission accomplie, tu m’as donné envie de découvrir ce livre et cet auteur ! Aaah le nombre de romans noyés par la RL ou la surmédiatisation des mêmes auteurs ou de quelques nouveaux qui sortent vraiment du lot…

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Et vous, qu'en pensez-vous ?