Lorsque j’y repense aujourd’hui, ce que je me surprends à faire de plus en plus souvent à présent que j’ai moi-même des fils, je comprends que c’est lors d’une de ces expéditions que notre vie, notre monde a changé. Car c’est bien là que le temps s’est mis à compter, au bord de ce fleuve qui fit de nous des pêcheurs.
J’ai un petit coup de flemme pour écrire des avis sur mes dernières lectures, mais j’ai bien l’impression que ce roman paru en avril est passé relativement inaperçu, aussi aimerais-je réparer ça, dans la mesure de mes modestes audiences.
Quatre frères très unis d’une famille nigériane se mettent à se passionner pour la pêche au bord du fleuve Omi-La, fleuve à la réputation maléfique. Leur père préférerait les voir étudier sagement leurs leçons que d’aller pêcher, mais celui-ci est nommé dans une succursale de sa banque éloignée d’Akure où la famille habite. Leur mère ne peut les surveiller sans cesse, et les quatre garçons âgés de dix à quinze ans en profitent pour passer du temps au bord du fleuve. C’est là qu’ils croisent un fou qui émet une prédiction concernant Ikenna, l’aîné des garçons. L’homme prédit qu’il sera tué par l’un de ses frères. À partir de ce moment, la vie de la famille va aller en se délitant petit à petit. Ce roman d’apprentissage doublé d’une tragédie familiale s’inscrit dans un contexte politique précis et documenté, qui est aussi ce qui lui donne son épaisseur.
L’histoire, dont les premiers faits se déroulent dans les années 90, est racontée par Benjamin, le plus jeune des quatre, et s’avère dès le début prenante et remarquable de précision. Et sans que cette densité faiblisse au fil des pages. Au milieu du roman, j’aurais voulu arrêter ma lecture tant j’imaginais que la suite ne pouvait pas être plus forte, plus suffocante que ce passage, et pourtant la fin reste tout à fait à la hauteur du début. Ce roman, un premier roman pourtant, m’a vraiment épatée autant par l’histoire extraordinaire, que par la manière sensible dont elle est racontée.
Citation : Les efforts de notre mère pour guérir son fils Ikenna se heurtèrent à un mur. Car la prophétie, telle une bête furieuse, était incontrôlable et détruisait son âme avec toute la férocité de la folie, décrochant les tableaux, cassant les murs, vidant les placards, renversant les tables jusqu’à ce que tout ce qu’il connaissait, tout ce qui était lui, tout ce qu’il était devenu ne soit plus qu’un chaos.
L’auteur : Chigozie Obioma est né en 1986 au Nigeria, dans une fratrie de douze enfants. Lecteur boulimique, il n’avait pas encore 10 ans quand il a commencé à écrire. Les Pêcheurs a figuré l’an dernier sur la liste finale du Man Booker Prize. Chigozie Obioma vit maintenant aux États-Unis et enseigne la littérature.
296 pages.
Éditeur : L’Olivier (avril 2016)
Traduction : Serge Chauvin
Titre original : The Fishermen
L’avis de Jostein. Une bonne suggestion pour Lire le Monde, non ?
Oh non, il n’est pas passé inaperçu, en tout cas je l’ai bien noté et j’attends de l’emprunter. Après Chimamanda Ngozi Adichie, voilà un deuxième auteur nigérian qui nous arrive : quand on s’intéresse à d’autres littératures, on trouve de quoi faire !
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J’étais ravie de le trouver à la bibli, et j’ai vraiment été prise par les talents de conteur de l’auteur.
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Il em semble l’voir demandé à la bibli il y a quelques temps suite à une chronique. Je l’attends
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J’espère que tu aimeras autant que moi !
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Je l’ai vu, sans m’y attarder ; merci de ton coup de projecteur, je vais regarder de plus près.
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C’est vraiment une belle découverte.
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C’est bien d’en parler, même dans la chaleur de la rentrée littéraire!
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J’avoue que je lis un peu moins les autres blogs en ce moment, justement parce qu’on y voit beaucoup les livres de la rentrée.
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Il ne m’avait pas du tout tentée à sa sortie. Mais tu en parles très bien et me donnerais presque envie de le lire, si ma PAL n’était pas déjà si prodigieusement étourdissante !
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Il mérite le détour, néanmoins !
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Je l’avais repéré dans la presse et je n’ai pas été déçue de cette lecture. Tu as raison d’en parler, il le mérite. Merci pour le lien
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Je me souviens bien l’avoir vu chez toi, après l’avoir déjà repéré sur la liste du Booker prize.
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Je ne peux que le noter en haut de ma liste !
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Ah, chouette !
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Dis donc ça a l’air bien !! Je note.
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Très très bien !
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Modestes audiences ? Pas tant que ça, voyons….
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Bah, je ne les surveille pas, mais il me semble atteindre toujours un même petit cercle… cercle de passionnés de littérature, heureusement.
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J’ai repéré sa version polonaise cet été pendant mes vacances, je le lirai peut-être un jour.
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J’allais dire que ce serait bizarre de le lire en polonais, mais objectivement, pas plus qu’en français ! 🙂
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En ce qui me concerne, je ne l’ai pas vu, alors je le note mais pour plus tard parce que là je croule et comme mes avis ne suivent pas… 😉
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J’espère que tu auras l’occasion de le croiser sur ton chemin (de lectrice).
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tu as bien raison de défendre des livres plus discrets, je ne connaissais pas, moi !
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Merci, Violette !
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je regarderais si il est à la médiathèque. Merci pour la découverte. Bon weekend à toi 🙂
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J’espère que tu auras la chance de le trouver. Bon après-midi.
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Je l’avais déjà remarqué !!! merci de me le remettre en mémoire.
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Avec sa jolie couverture, on a du mal à l’oublier.
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C’est vrai qu’il est passé sous les radars ce premier roman. Mais tu en parles très bien et tu donnes très envie de le découvrir !
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Il devrait te plaire, j’espère que tu le trouveras.
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