Khaled Hosseini, Les cerfs-volants de Kaboul

cerfsvolantsdekaboulCe roman en trois parties, l’enfance, la vie aux Etats-Unis, le retour en Afghanistan, est le roman d’une amitié, celle d’Amir, qu’une belle complicité unit avec Hassan, son frère de lait. Les deux garçons vivent sans leurs mères et le père d’Hassan est serviteur de celui d’Amir, mais, au moins lorsque Amir ne va pas à l’école, les deux garçons sont inséparables. Hassan et son père, originaires de la région de Bamyan, doux et calmes, souriants et empreints de dignité, sont de magnifiques représentants du peuple persécuté, et méconnu, des Hazaras. L’amitié entre les deux enfants, que leur classe et leur religion sépare, va survivre jusqu’à un événement où la lâcheté de l’un des deux va le plonger dans une culpabilité qu’il ne reconnaît pas d’abord, et qui va les séparer.
Deux époques se succèdent dans le roman, celle de l’enfance d’Amir et Hassan, au début des années 70 où l’Afghanistan était encore relativement paisible, malgré certaines tensions entre musulmans sunnites et chiites. Quand, vingt-cinq ans plus tard, Amir revient dans son pays, les talibans y dictent leur loi, et plus rien n’est comme avant, même les rues, les magasins, les maisons sont défigurés.
Au travers de deux familles afghanes, ce roman à l’écriture fluide, qui rend aussi bien les dialogues que les belles descriptions du pays de l’enfance, traite avec délicatesse des thèmes de la culpabilité et de la possible rédemption, et si certains passages serrent la gorge, l’auteur reste toujours dans un bon équilibre, évitant la surenchère de bons sentiments, comme la lourdeur du propos dans les moments difficiles. Le personnage d’Amir et les remords qui lui gâchent la vie, même s’il inspire peu de sympathie, reste de bout en bout des plus crédibles, dans ses relations aux autres, qui semblent toutes découler de sa relation compliquée à son père.

Ce roman est un bel hommage aux enfants afghans, qu’ils soient sunnites ou chiites, aux enfances brisées, et aux moments d’innocence qui subsistent malgré tout.

Extrait : Ces sons nous étaient étrangers alors. La génération d’enfants afghans dont les oreilles ne connaîtraient rien d’autre que le fracas des bombes et des mitraillettes n’était pas encore née. Recroquevillés tous les trois dans la salle à manger, nous attendîmes donc le lever du soleil, sans imaginer qu’un certain mode de vie avait disparu. Notre mode de vie. Ou s’il n’avait pas encore tout à fait disparu, du moins cela ne tarderait plus.

L’auteur : Cadet de cinq enfants, Khaled Hosseini est né en 1965 à Kaboul, et a vécu en Iran, puis à Paris. Son père diplomate a obtenu le droit d’asile aux États-Unis pour sa famille en 1980. Khaled Hosseini a suivi des études de médecines et exerce à Los Angeles. Son premier roman, Les cerfs-volants de Kaboul, est sorti en 2003 et a obtenu un grand succès international, ainsi qu’ensuite Mille soleils splendides et Ainsi résonne l’écho infini des montagnes.
406 pages.
Éditions 10/18 (2006)
Titre original : The kite runner
Traduction : Valérie Bourgeois

Lecture commune pour Lire le monde : Les avis de Sandrine, Hélène,
Lire-le-monde

39 commentaires sur « Khaled Hosseini, Les cerfs-volants de Kaboul »

  1. C’est bien que nous ayons le le même livre car nous n’avons pas le même ressenti : je n’ai pas trouvé l’écriture fluide et cet Amir m’a semblé souvent caricatural… et surtout, bien des scènes m’ont semblé attendues, assez larmoyantes et j’ai eu du mal à avancer dans ma lecture. Par contre, j’ai trouvé belles les évocations de Kaboul avant l’invasion soviétique.

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    1. Nos points de vue ne sauraient être plus opposés, et chacun pourra ainsi essayer de se faire son idée… 😉 Je persiste à conseiller ce roman, que j’ai lu facilement, en me laissant prendre par la découverte de ce pays que je ne connaissais guère.

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    1. Oui, j’ai vu ça ! ça m’a un peu effleuré que c’était trop, mais j’étais trop prise par les évocations de l’Afghanistan, et par l’intrigue du roman…

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  2. Tiens Sandrine a des réserves à propos d’un roman qui a eu beaucoup de succès. C’est un peu le problème quand des romans suivent de trop près l actualité , lors de leur parution, ils nous enchantent car ils nous parlent autrement que les medias d’un pays en guerre. La relecture quelques années après peut souligner des insuffisances littéraire. Pour moi cd roman est un beau souvenir et en plus j’aime beaucoup entendre parlet des Hazaras.

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    1. Cela faisait longtemps que je reculais devant cette lecture, et j’ai été plutôt agréablement surprise, d’autant plus que je m’étais intéressée récemment aux Hazaras, et que j’avais envie d’en savoir plus à leur sujet.

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  3. Ton avis est très différent de celui de Sandrine, c’est ce qui est intéressant dans les lectures communes. J’ai lu d’autres avis du même genre et je n’ai pas vraiment envie de me plonger dans ce roman.

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    1. Oh, je pensais avoir été plus convaincante que ça ! 😉 J’avais trouvé ce livre dans une braderie, et cette lecture commune a été l’occasion de le sortir. J’ai été vraiment emportée par l’histoire. Il est vrai que j’aime assez les romans qui viennent de cette partie du monde, pour peu qu’ils n’exagèrent pas sur les détails réalistes affreux.

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  4. J’ai lu ce livre il y a un certain temps, après avoir vu l’adaptation au cinéma, je crois. J’ai beaucoup aimé mais je n’en ai as lu d’autres de l’auteur depuis.

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  5. J’en garde le souvenir d’une lecture forte en émotions, mais elle est trop lointaine, plus de 10 ans, pour que j’ai gardé les détails en mémoire.

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  6. Je n’ai pas lu ce roman-là. Sans doute en avais-je trop entendu parler… En revanche, j’ai lu son dernier titre par, « Ainsi résonne l’écho infini des montagnes », et j’ai également trouvé le récit de cet auteur très fluide et très agréable à lire.

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  7. J’avais beaucoup aimé ce roman, dont la lecture date un peu, quand même pour m’en souvenir avec précision. Mais comme toi, malgré quelques réserves sur la fin, je trouve que cette lecture évoque avec sensibilité un parcours de vie dans un moment historique complexe. Et tout cas, moi, j’avais beaucoup appris. « Mille soleils splendides » est bien aussi, mais après j’ai lâché cet auteur, qui a quand même tendance à tirer sur les cordes sensibles.

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    1. Dans ce roman, le côté historique est bien mené, sans lourdeur ni didactisme. C’est appréciable. Je ne pense pas lire un autre de ses romans dans les mois qui viennent, mais dans un an ou deux, pourquoi pas ?

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