« Il avait pour lui le temps, la patience et le combustible. De quoi tenir jusqu’au printemps. Peut-être même jusqu’à l’été. Il ne manquerait de rien. Ni de charbon, ni de patience. Et de temps encore moins. Il était à présent tout à lui. Tant qu’il serait en vie. »
Dans un petit village de la zone grise entre Donetsk et Ukraine, en 2017, il ne reste que deux habitants, chacun dans sa rue : Sergueïtch, apiculteur d’une cinquantaine d’années, et Pachka, son « ennemi » d’enfance, avec lequel il est bien obligé de composer. Sans électricité, sans magasin sur place, avec juste une vieille voiture, ils restent là, entre les positions des Ukrainiens et celles des séparatistes pro-russes, à attendre la fin d’un conflit qui s’éternise. Entre survie au quotidien et rares passages d’un militaire ou de trafiquants, l’hiver se passe. Puis Sergueïtch décide de laisser sa maison et de conduire ses abeilles pour l’été dans une zone plus calme, en Ukraine. Il campera à côté d’elles. C’est le début d’un périple aux multiples complications administratives, qui le mènera ensuite en Crimée, mais qui lui permettra aussi de voir comment d’autres vivent le conflit, à quelques centaines de kilomètres de chez lui.
« La sagesse de la nature, voilà qui enchantait Sergueïtch. Partout où la sagesse de la nature était apparente et intelligible, il en comparait les manifestations avec l’existence humaine. Il les comparait et ce n’était pas à l’avantage de la seconde. »
J’ai lu plusieurs romans d’Andreï Kourkov, mais celui-ci est le premier à me toucher autant. Au cours de la première partie, dans la solitude où se trouve Sergueïtch, le moindre bruit ou le moindre silence étonne, tout comme les changements de couleurs, notamment tous les contrastes du blanc au gris et au noir, contrastes symbolisés par un cadavre lointain sur la neige. Cette vie quotidienne faite de manques et de renoncements est très émouvante, avec parfois des épisodes plus légers.
Lorsque Sergueïtch se lance dans son voyage avec ses abeilles, l’inquiétude est plus palpable, même si les bombes ne résonnent plus au loin, car il ne sait jamais trop comment il va être considéré par les Ukrainiens ou par les Russes qu’il va devoir côtoyer.
Malgré son thème en demie-teinte, la lecture de ce roman se révèle tout à la fois savoureuse et pleine d’humanité, grâce au personnage de Sergueïtch, avec son bon sens et son empathie pour les autres, quels qu’ils soient.
Beaucoup en ont très bien parlé avant moi, je ne m’étendrai donc pas plus, si ce n’est pour vous encourager à le lire !
Aifelle, Delphine-Olympe, Krol, Luocine et Violette entre autres.
Les abeilles grises d’Andreï Kourkov (2019), éditions Liana Lévi, février 2022, traduit du russe (Ukraine) de Paul Lequesne, 400 pages.
Lu pour le mois de l’Europe de l’Est.

De mon côté, c’était ma première lecture de l’auteur et j’ai beaucoup aimé. Je me demande si j’aimerai autant ses autres livres. Je viens d’acheter son journal d’invasion.
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J’ai lu aussi Le caméléon (aucun souvenir !), Le pingouin et Le jardinier d’Otchakov et bien aimé ces deux derniers.
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Il faudrait que je lui redonne une chance. Mais pour cette année, j’ai déjà beaucoup lu à l’est!
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Mais oui, tu es complètement à l’est, en ce moment ! 🙂
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J’avais prévu de lire l’un des romans d’Andreï Kourkov ce mois-ci, soit « Les abeilles grise » soit, son dernier, « Journal d’une invasion ». Evidemment je me suis laissée déborder par ma PAL. Il est passé mercredi soir à La Grande Librairie avec Andreï Makine. Tu parles de couleurs et de contraste. Or, justement, pendant l’émission, l’écrivain ukrainien parle, au sujet de la guerre, « d’optimisme noir » et « d’optimisme gris ». Je ne développe pas toute sa thèse ici, ça serait trop long mais je mets un lien vers la vidéo de l’émission :
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Merci pour l’info, c’est très intéressant, cela correspond bien à des remarques du personnage principal égrenées ici ou là dans le roman, quoique pas à propos d’optimisme. Et bien sûr, il y a les abeilles grises du titre, que l’on découvre à un moment du périple de Sergueïtch.
Je ne suis pas fan de la Grande Librairie, mais j’irai regarder cette séquence !
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Désolée, je pensais insérer juste un lien et pas une vidéo (qui ne marche pas) ! Sinon, j’aime bien regarder l’émission pour m’informer des nouvelles parutions et découvrir leurs auteurs mais je n’arrive jamais à la regarder jusqu’à la fin.
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Ce n’est pas grave, je devrais trouver… 😉
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Dans l’ensemble les avis sont très positifs et je l’ai sur mon étagère mais mon rythme de lecture n’est pas assez rapide pour lire tout ce que je voudrais
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Hélas, impossible pour moi aussi de lire tout ce qui me plairait, faute de réussir à m’accorder des plages de lecture assez longues. Mais s’il est sur tes étagères, ce serait dommage de l’y laisser. Il se lit bien.
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J’ai beaucoup apprécié ce roman le personnage est très touchant effectivement. J’ai moins aimé « l’oreille de Kiev » j’attends les commentaires d’Aifelle avant de lire le « journal d’invasion »
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C’est le personnage qui fait la force de ce roman. La situation aussi, bien sûr, mais comme cette situation est bien réelle et due à Poutine, je ne vais tout de même pas dire que c’est le point fort du roman !
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C’est le livre de Kourkov qui réunit le plus d’avis positifs ! Merci pour ta participation !
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Je pense aussi que c’est son livre le plus fort, mais je ne connais pas tout. Quel personnage, en tout cas !
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Je me suis ennuyée et j’ai abandonné cette lecture. A tord.
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C’est dommage, mais ça m’arrive bien souvent aussi de m’ennuyer avec des livres que les autres ont aimé.
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J’ai le pingouin dans ma PAL depuis des lustres. Je note celui-ci qui semble faire l’unanimité.
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Le pingouin est sympa aussi, mais celui-ci est plus dans l’actualité, bien sûr.
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Je suis un peu comme Dominique : je l’ai noté, bien sûr, ce roman dont on a beaucoup parlé et en bien, mais il n’y a pas assez d’heures dans la journée.
Bonheur du Jour (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
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Que faire pour rallonger ces journées ? Et ce n’est pas avec le beau temps et le jardinage qu’elles vont dégager plus d’heures !
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Mais oui ! Et je ne vais pas m’en plaindre. Un bon livre sait attendre le bon moment pour être lu. Au début de l’automne, durant l’hiver…
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Je l’ai lu et j’ai énormément aimé aussi. Je compte bien lire le livre qu’il vient de publier sur le début de la guerre. Une sorte de journal je crois. J’ai vu une partie de La Grande librairie avec lui, mais il y avait aussi Andreï Makine dont certaines réflexions m’ont mises vraiment mal à l’aise, alors j’ai changé de chaîne. Durant l’émission il y a eu une très belle interprétation du chant des partisans par Yaël Naïm, en rapport avec le livre de Dominique Bona.
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Il faudra que je regarde cette grande Librairie, tout de même, ou tout du moins des passages sélectionnés ! Merci de ton retour, cela va me guider.
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Bien sûr, avec l’actualité brûlante de ces derniers mois, ce livre ne m’a pas échappée. J’espère finir par arriver à le caser dans pas trop longtemps, mais ça fait un moment que je me dis ça.:)
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Il se lit assez rapidement, et n’est pas trop plombant grâce aux personnages pleins d’humanité.
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J’avais encore jamais entendu parler de ce titre de cet auteur. Par contre, j’ai noté « Le pingouin ».
Merci pour la découverte.
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Je suis une bonne élève, je note 😉
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Cela ne m’étonne pas de toi ! 🙂
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