« C’est une chose étrange, de ne pas connaître la ville où l’on vit. Tout est décor. Tout est neuf. Tout est déjà en place, tout fonctionnait avant nous. C’est bien, pour les vacances. Pour ceux qui sont tombés là pour y vivre, c’est une autre affaire. »
Babylone, pour les membres de la communauté du Larzac où vit le jeune Esteban, ce sont les autres, ceux qui possèdent des téléphones portables, un emploi régulier et un pavillon bordé de sa petite pelouse… Eux vivent en quasi autonomie, d’élevage, d’artisanat et d’apiculture. Mais il faut bien que le garçon fréquente le collège, où il est souvent moqué, voire harcelé. Il peut heureusement trouver un peu de soutien du côté de Cassandra, une jeune placée dans une famille d’accueil, et un peu marginale elle aussi. Il ne faut pas grand chose pour être à la marge dans une classe de troisième !
Quand à Sophie, la nouvelle recrue de la gendarmerie de Millau, elle fuit la banlieue parisienne et un compagnon toxique qui la hante encore.
Lorsque des parents très inquiets viennent d’Albi pour déclarer la disparition de leur fille de 22 ans, l’adjudant prend l’affaire au sérieux et découvre que le portable de la jeune Jessica, activiste écologique, a borné pour la dernière fois aux abords des habitats troglodytes de la communauté.
« Personne n’avait jamais rien capté. La vérité, le mensonge : c’était pareil. On pouvait dire ce qu’on voulait, après tout. Les adultes s’en foutaient. Les adultes n’écoutent pas ce que les adolescents racontent. Les enfants, oui, à la rigueur, on les écoute un peu. Mais dès qu’on passe ses douze ans, on cesse d’exister aux yeux du monde. On est dans un autre univers. On n’a plus d’intérêt. »
J’avais été emballée par « Les singuliers », un roman épistolaire au côté des peintres de Pont-Aven, et je me faisais une joie de découvrir Anne Percin pour son premier roman policier, bien mis en avant par les Quais du Polar 2024.
Mais cette fois, le roman n’est pas le coup de cœur attendu. Bien écrit, de manière assez sage, il présente une galerie de personnages variés et intéressants, davantage du côté des suspects que de celui des policiers. L’autrice rend vivants et crédibles les dialogues entre ados ; avoir placé Esteban et Cassandra au centre de l’intrigue donne à l’enquête un côté attachant, et le sentiment que l’autrice connaît bien les jeunes de cet âge, ce qui est le cas.
Je suis moins convaincue par l’adjudant Sophie Cauchy et son lourd bagage, ni par les personnages secondaires, l’opposition entre les membres de la communauté et les habitants de la région, ou leur aversion pour tout ce qui représente l’état, semblant un peu caricaturales. Quant à la partie enquête, elle est plutôt rondement menée, à la fois par la gendarmette et par les deux collégiens, pas trop emberlificotée, avec tout de même un dénouement inattendu.
Ce roman donne l’impression d’un bon roman pour adolescents basculé dans la catégorie adulte pour on ne sait quelles raisons. Ce qui n’en fait pas un livre médiocre, pas du tout, mais un peu en deçà de ce que j’attendais, en tout cas.
Les loups de Babylone d’Anne Percin, éditions La Manufacture de livres, mars 2024, 336 pages.
Alex et Nicole sont plus enthousiastes…
Tu n’es pas assez enthousiaste, cela me rappelle un autre roman, en fait. Avec aussi une communauté, et raconté par une ado.
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ça me dit quelque chose aussi, mais c’était plutôt une secte, dans l’autre roman ? (que je n’ai pas lu)
D’autres ont aimé plus que moi, toutefois, j’en attendais peut-être trop !
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Je passe mon tour pour celui-ci mais je viens de lire ton billet sur Les singuliers qui me tente beaucoup, notamment par sa forme épistolaire.
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Je conseille plutôt Les singuliers, c’est sûr !
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C’est dommage pour les bémols. Le cadre de l’intrigue m’intéressait. Je note Les singuliers pour la même raison que Sacha
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Tu peux tenter tout de même, d’autres l’ont beaucoup aimé.
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Quel dommage que tu n’aies pas aimé autant que moi.
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Ben oui, on ne peut pas tout aimer, parfois une légère déception s’installe…
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Je comprends tes attentes par rapport à la lecture des Singuliers qui est un super roman que je continue à recommander régulièrement. Je pense aussi que je lis moins de polars que toi alors ça joue sans doute. Pas un coup de cœur non plus pour moi mais un fort bon moment.
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J’avais un peu trop d’attente, c’est clair. De plus, j’ai écouté Anne Percin lors d’une rencontre, et ai beaucoup aimé ce qu’elle a dit.
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Les Singuliers, ce serait une parfaite lecture de vacances, je vais pas loin de Pont-Aven.
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Effectivement, je l’imagine bien dans ta valise ! 😉
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Ah je vois que j’avais déjà noté Les Singuliers chez toi. Je pense que je me concentrerai plutôt sur celui-ci pour découvrir l’autrice. Dommage d’ailleurs que je n’y ai pas pensé pour le rendez-vous des romans épistolaires.
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Je me rends compte en te lisant, avec un œil sur mes étagères, que je n’ai plus Les singuliers ! J’ai du le prêter… ou alors il est mal rangé, mais ça m’étonnerait ! 🙂 Bref, un roman chouchou auquel j’aurais du prêter plus attention…
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J’étais enthousiaste en te lisant et puis tes bémols me découragent…je verrais car peut-être qu’il s’adresse en effet davantage à les ados ou lycéens, dans ce cas là les bémols s’atténuent parfois…Merci pour ton ressenti
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Ce n’est pas un mauvais roman, et c’est sans doute la comparaison avec d’autres romans policiers qui l’ont desservi.
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j’avais eu quelques réserves pour « les singuliers » pourtant un très bon roman, je ne pense pas retenir celui-ci.
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Tu fais sans doute le bon choix…
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