« C’était un à-pic vertigineux, l’océan se déchaînait sur la paroi de basalte et le vent soufflait avec une telle violence qu’on peinait à se tenir debout. […] Entaillés de profondes crevasses, les bords dangereusement découpés du plateau de lave s’effondraient constamment sous les assauts de l’océan. »
Quatre hommes d’une même banque se promènent dans ce paysage aussi dangereux que magnifique, mais l’un d’eux fait une chute mortelle alors qu’il s’était éloigné du groupe. Cela pourrait être un simple accident si ce n’était lié à l’agression d’une femme dans sa maison, qui la laisse grièvement blessé. Il semblerait qu’elle ait essayé de faire chanter quelqu’un avec des photos compromettantes, et Sigurdur Oli, qui enquête, est mêlé par un de ses amis à cette histoire. Il faut ajouter un homme surveillé par un autre, qui paraît lui en vouloir pour des faits très anciens…
« De manière générale, il pensait que les gens portaient la responsabilité de leur malheur. Une fois qu’il avait achevé sa journée de travail et fait ce qu’il avait à faire, c’était terminé jusqu’au lendemain. »
C’est l’adjoint d’Erlendur qui se retrouve au centre du roman, puisque le héros récurrent d’Arnaldur Indridason ne donne aucune nouvelle à son équipe depuis les fjords de l’est où il est parti. C’est étonnant comme l’atmosphère du roman est différente lorsque c’est Sigurdur Oli qui en est le personnage principal. Il faut admettre qu’il n’est pas aussi attachant que son chef, même s’il semble s’humaniser parfois au fil des événements. On apprend aussi à mieux le connaître.
Sur fond de magouilles bancaires un peu complexes, la muraille de lave bien réelle est aussi la métaphore de la Banque Centrale. Comme d’habitude, la construction du roman est particulièrement soignée, elle permet de se creuser la tête, avec les renseignements collectés par les enquêteurs, voire un peu plus, pour tenter de comprendre où emmène l’auteur. C’est toujours un plaisir à lire, une traduction soignée rendant bien la poésie des journées sombres et des paysages somptueux, sans oublier les méandres psychologiques des personnages.
Un excellent auteur, qui ne me déçoit jamais, j’ai d’ailleurs déjà un de ses romans suivants en attente.
La muraille de lave d’Arnaldur Indridason (Svörtuloft, 2009) éditions Points (2013) traduit de l’islandais par Eric Boury, 402 pages.
Le challenge littérature nordique est chez Margotte.