
Rentrée littéraire 2022 (4)
« J’ai fermé la bouche et retenu les mots qui me brûlaient les mâchoires et la langue, le fond de ma gorge. Je les ai mâchés comme une poignée de minuscules échardes et j’ai tenté de les avaler. »
Tout commence quand Arama emménage avec Tante Kat et Oncle Stu, et voit son frère aîné prendre la route vers le nord du pays. Le petit garçon de huit ans se retrouve seul, coincé entre une tante manifestement malheureuse et un oncle qui n’exprime qu’agacement et brutalité. Heureusement, il y a leur voisin Tom et sa fille Beth, vive et délurée, habituée à la vie campagnarde, qui réussit à distraire le petit garçon de son chagrin. Parfois, du moins… Quant à Taukiri, parti avec seulement une vieille voiture surmontée d’une planche de surf et une guitare, les raisons de sa fuite et de sa quête acharnée n’apparaissent pas immédiatement…
La narration alterne entre les deux garçons, chacun à sa manière tentant de vivre avec l’idée que leurs parents ont disparu. Puis un couple, Jade et Toko, intervient aussi dans d’autres chapitres, amenant à se demander leur lien avec les deux garçons. Un couple qui s’aime sincèrement, mais n’arrive pas à se défaire de leurs vies précédentes. Le drame semble inévitable.
« Le côté sans fond de ma vie donnait le vertige. Les choix étaient aussi écrasants que cette terrible mer. »
Après lecture, il ressort que j’ai aimé l’écriture, sensible et parfois déchirante, et la construction qui met en scène une famille sans doute représentative des difficultés à vivre en Nouvelle-Zélande pour une partie de la population, qu’elle soit maorie ou sang-mêlée. L’alcoolisme, la dépendance aux drogues, les violences domestique ou sociétale sont bien présents dans ce roman, mais l’espoir n’en est pas totalement absent, grâce essentiellement aux plus jeunes des personnages.
Je ne pense pas que l’autrice évoque son vécu ou sa famille, mais peut-être s’inspire-t-elle du parcours de personnes qu’elle a croisées. Elle a su en tout cas donner chair à de très beaux personnages, transporter dans de magnifiques paysages, comme l’échappée maritime de Bones Bay qui donne envie d’aller voir par soi-même, là-bas, si loin. Il faut juste accepter que l’atmosphère soit très plombante pour le moral, et bien choisir sa période de lecture.
De nombreux prix ont couronné ce roman, qui devrait plaire à beaucoup de lectrices et lecteurs, je pense à tous ceux qui ont aimé Tropique de la violence de Nathacha Appanah ou Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel.
Bones Bay de Becky Manawatu (Auë, 2019) éditions Au vent des îles, septembre 2022, traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par David Fauquemberg, 432 pages.
J’avais aimé Tropique de la violence, un sacré bouquin. Je note celui-c
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Becky Manawatu a une très belle plume aussi, tu verras.
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Pas sur que je le trouve, la nouvelle Zélande, l’éditeur, c’st original!
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Je l’ai acheté, je pensais bien que mes bibliothèques ne l’auraient pas.
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J’ai adoré Nirliit, et apprécié Tropique de la violence malgré un petit bémol, je note donc, d’autant plus que les auteurs néo-zélandais ne sont pas légion (je n’ai lu à ce jour que Lloyd Jones, avec un résultat très mitigé…).
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Figure-toi que j’ai lu deux autres auteurs néo-zélandais dans les derniers mois et beaucoup aimé les deux : Fiona Kidman (Albert Black) et Carl NIxon (Une falaise au bout du monde).
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Je ne m’attendais pas à la comparaison avec Nirliit à la fin. Tu penses bien que ça me fait dresser l’oreille !
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C’est le grand écart géographique, c’est sûr, mais je crois à ma comparaison ! 😉
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Ce n’est certainement pas pour moi en ce moment !!
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Je préfère préciser quand un roman est vraiment sombre… Après, c’est une question de degré et de circonstances. J’ai abandonné des romans aussi sombres, et pourtant, j’ai terminé celui-ci sans trop broyer du noir. 😉
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J’avais repéré ce roman. D’ailleurs, il est dans ma liste de livres à lire… qui est très, très longue !
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Je connais ça, les listes à rallonge… 😉
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encore un livre qui me tente car j’aime bien ce qui se passe dans ce pays où je n’irai jamais
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Comme toi, je n’envisage pas d’y aller, je pense ne visiter ce pays que par mes lectures.
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Belle couverture! Evasion très, très loin!
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Dépaysement garanti…
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ai-je déjà lu un roman néo-zélandais? je ne crois pas ! Me voilà très très tentée par celui-là. (bientôt dispo à ma BM, dis donc!)
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Il va falloir que tu en profites, non ? 😉
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J’ai été attirée par la couv ! Un oiseau, je pense la sultane de talève. Mais tu dis que c’est plutôt plombant et qu’il faut bien choisir sa période de lecture… Je passe….
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J’ai été regarder une sultane de Talève, et on trouve ce très bel oiseau même en France !
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Je me laisserai bien tenter.
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Tu devrais ! 😉
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Je partage ton enthousiasme pour cet excellent roman. C’était d’ailleurs je crois la première fois que je lisais un récit sur ce pays et sa population.
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C’est une autrice que je suivrai, même si j’ai trouvé la barque un peu chargée…
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