Pauline Guéna, 18.3 Une année à la PJ

« Un soleil d’hiver, blanc, ras, aveuglant, pâlit les murs anciens et les pelouse gorgées d’eau. Palacio se gare dans une petite cour herbue à l’arrière du bâtiment. Le vent agite les têtes de quelques chardons entre les dalles de pierre.
La loi impose la présence d’un officier de police judiciaire durant la totalité de l’autopsie alors qu’il n’y sert à peu près à rien et que l’examen dure parfois cinq heures. »

C’est en entendant parler de La nuit du 12, film de Dominik Moll, que m’est venue l’idée de sortir de ma pile ce livre gagné il y a quelques mois à un concours. En effet, le film, sans reprendre tout le récit de Pauline Guéna, est inspiré par l’une des affaires qu’elle relate, celle d’une jeune fille retrouvée morte, son corps carbonisé. Le meurtre de Clara hante l’un des policiers de la PJ de Versailles où Pauline Guéna a passé un an en immersion. S’il s’agissait d’une fiction, le meurtrier aurait été confondu dans les dernières pages, malheureusement dans le quotidien d’une brigade, tout ne se passe pas forcément ainsi : il est constitué de longues heures de surveillance, d’écoute, d’enquêtes de proximité, assorties de peu de résultats. Et pourtant, c’est passionnant !

« Ludo prend la parole.
– Voilà comment se présente le buzin. Ouvrez vos esgourdes. Puisqu’on part de rien pour arriver nulle part, autant y aller vite. »

Pauline Guéna a pris, durant une longue période de 2015 à 2016, des notes dans plusieurs services, stupéfiants, brigade criminelle, grand banditisme. Les attentats de novembre 2015 prennent le devant de la scène au début du livre, obsèdent longtemps les enquêteurs, puis d’autres affaires leur sont attribuées : le meurtre d’un patron de magasin de bricolage, des trafics de drogue, la mort d’une jeune fille.
L’autrice, et c’est le gros point fort du livre, à mon avis, trouve le moyen d’allier le plus grand réalisme, avec des dialogues qui sonnent forcément juste puisqu’ils sont réels, et une langue joliment littéraire. J’ai trouvé cela remarquablement bien fait. On est à la fois loin du ton d’un reportage, fut-il écrit ou filmé, et loin d’un scénario de série policière. C’est la réalité d’un commissariat et plus que cela en même temps, et les presque 500 pages se dévorent, croyez-moi !
Bref, que vous ayez vu le film, l’intention de le voir, ou juste envie d’un très bon récit non fictionnel, alliant le drame à l’humour, ce livre est pour vous.
PS : 18.3 fait allusion à un article du code de procédure pénale qui précise les attributions de la PJ, notamment hors de leur juridiction.

18.3 Une année à la PJ de Pauline Guéna, éditions Folio, 2021, 490 pages.

25 commentaires sur « Pauline Guéna, 18.3 Une année à la PJ »

  1. Je ne savais pas que le film était tiré d’un livre. Je ne m’occupe pas trop des sorties ciné puisque mes salles sont en travaux depuis deux ans et les salles provisoires fermées depuis 3 mois (réouverture 7 septembre, enfin !). Je vais voir si le livre est à la bibli. Ça m’étonnerait qu’ils soient passés à côté de ça.

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    1. Le film semble très bien, c’est un très bon réalisateur, mais rien n’empêche de commencer par le livre, l’un n’est pas un décalque de l’autre…

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  2. Je suis intéressée par ce que tu dis sur le style de cette auteure. En ce moment aller au cinéma me semble impossible . Alors je note cette lecture.

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  3. Je ne suis pas sûre d’avoir le temps d’aller voir le film avant mon départ en vacances, du coup ce livre (dont j’ignorais l’existence, merci !) peut être une bonne consolation !

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  4. J’ai raté le film mais je suis ravie que tu parles de ce livre ici car je sens qu’il a tout pour me plaire !! Tu le vends bien en tout cas.^^

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  5. Je viens juste de lire un billet sur le film (qui a l’air très réussi) dans un blog et voilà donc le livre qui me paraît très intéressant aussi. Partir du vécu est évidemment un plus quand il s’agit d’un roman policier (comme Norek) … et là , le livre a l’air de ne se rattacher à aucun genre (ou un peu à tous) ?

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  6. Bonjour Kathel, il faut vraiment aller voir La nuit du 12 qui est selon moi (et pour d’autres), le meilleur film français de l’année. J’ai noté le livre. Bonne journée.

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  7. Je n’ai pas vu le film… parce qu’il a fait trop beau cet été pour que je m’enferme dans un cinéma, j’avais bien d’autres choses à faire ! Mais je suis bien tentée par ce livre que tu présentes. La police de l’intérieur, ça m’a toujours intéressée !

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