Ludovic Manchette et Christian Niemiec, Alabama 1963

« – Vous préférez qu’on dise de vous que vous êtes une femme noire ou que vous êtes une femme de couleur ?
– Je préfère qu’on dise que je suis une femme bien. »

Détective privé alcoolique passablement désagréable, Bud Larkin accepte de rechercher une fillette noire disparue dont la police ne se soucie guère. Lorsque d’autres disparitions suivent, Bud se rend compte qu’il a bien du mal à interroger les voisins ou les témoins éventuels, qui n’ont aucune intention de lui répondre.
De son côté, Adela, jeune veuve et mère de famille, cumule les heures de ménage pour des patronnes plus ou moins bien embouchées, et plus ou moins ouvertement racistes. C’est par un improbable concours de circonstances que Bud s’adjoint l’aide d’Adela, avec laquelle les langues se délient plus facilement. Ces partenaires que tout oppose vont faire le sel du roman.

« – T’es allée voir pour l’annonce ?
– Oui. C’était une porcherie. Et le type, soi-disant un détective… Agressif, grossier, sale. Et arrogant. Et fainéant.
– Un Blanc, quoi. »

Un duo d’écrivains français qui signe un polar situé comme son titre l’indique, en Alabama en 1963, voilà qui s’annonce plutôt intéressant, et qui l’est réellement ! Les personnages, avec leurs qualités comme leurs faiblesses, attirent volontiers la sympathie, et l’histoire est bien dosée, avec une trame policière intéressante, un contexte historique bien campé, et pas mal d’humour. Les relations entre patronnes et employées font penser à La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, il y a d’ailleurs dans le roman un petit clin d’œil aux personnages de l’autrice américaine. Il ne faut toutefois pas s’attendre à de grandes envolées littéraires, le style manque un peu de relief mais ce n’est pas si grave car les dialogues, fort nombreux, sont plutôt piquants et très réjouissants !
L’avantage est que le tout ne demande pas une grande concentration : une très bonne lecture d’été, donc !

Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec, Le Cherche Midi éditeur, 2020, 378 pages, sorti en Pocket, 2021.

repéré chez Anne et Dominique.

28 commentaires sur « Ludovic Manchette et Christian Niemiec, Alabama 1963 »

  1. Pareil, oui, plaisant, pas de billet chez moi. Ambiance réussie, mais bah, l’enquête et sa résolution ne sont pas l’essentiel.

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    1. Ce que j’ai préféré, ce sont effectivement l’ambiance, les personnages et les dialogues (ce dernier point est assez peu fréquent pour être noté et répété !)

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  2. Si je me fie aux commentaires laissés et à ta conclusion, c’est un livre parfait pour remédier aux pannes de lecture ou pour les périodes professionnellement très chargées. Et s’il ne bouleverse pas notre « vie de lecteurs », s’il permet au moins de passer un bon moment, c’est déjà pas si mal dans ces moments-là.

    Aimé par 2 personnes

    1. Tout à fait, je pense qu’il n’y a pas besoin d’être un « gros » lecteur pour l’apprécier : on y entre facilement et cela devient vite très prenant.

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  3. je connais déjà bien le sujet du coup je vais passer mon tour mais je pense qu’il pourrait plaire à mon beau-père du coup je note !

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  4. J’en avais fait un must-read à sa parution, et puis au fur et à mesure des avis, ça m’a semblé une lecture moins urgente, quoique le contexte historique et le thème me parlent beaucoup, donc je le lirai sans doute quand même un jour… Un jour.^^

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  5. tiens je viens justement de finir un roman sur une femme mathématicienne Noire en Virginie occidentale…un jeunesse plutôt bien fichu. Celui-ci me tente bien malgré le détective alcoolique (un personnage que j’ai pris en grippe il y a des années à force d’en avoir trop rencontré dans mes lectures polars.)

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