Dorothy M. Johnson, Contrée indienne

Le mois de mai est depuis quelques années dévolu au genre de la nouvelle, à l’initiative d’Electra et Marie-Claude, et c’est une très bonne idée… Le genre est souvent un peu négligé, et je suis la première à faire passer d’autres lectures avant un recueil de nouvelles. Et pourtant, c’est souvent l’occasion de belles découvertes. Je vais vous en présenter quelques-unes au cours du mois.

« Mahlon Mitchell vécut avec les Crows pendant cinq ans quand il était jeune homme, les quitta sans un adieu puis, vieux et vaincu, revint vers eux. »

Parmi les onze nouvelles qui composent ce recueil, quelques-unes commencent comme cela, par une phrase qui a elle seule résume tout le texte. D’autres débutent plus abruptement, en pleine action, pas sans violence : « Elle resta debout là où des mains brutales l’avaient poussée. Les Indiens lui avaient jeté une couverture puante sur la tête pour qu’elle ne puisse pas voir les soldats sur la colline, juste au-dessus d’elle. »
Certaines nouvelles racontent toute une vie, et d’autres, un épisode marquant, toutes sont d’une force assez incroyable, concises et percutantes, avec des personnages très forts, qui peuvent être des enfants, des femmes, des personnes très âgées. L’homme qui tua Liberty Valence et Un homme nommé Cheval ont donné lieu à des longs métrages de cinéma, et les autres nouvelles auraient pu l’être tout autant.
Elles racontent, de manière vive, et émaillée de dialogues, la conquête de l’Ouest, les affrontements entre Indiens, pionniers et soldats, les enlèvements, les relations parfois plus apaisées, les traditions Sioux ou Blackfoot, entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Si ces nouvelles s’apparentent au genre du western, c’est sans aucune caricature, et sans prendre parti pour un camp ou pour l’autre, exercice pourtant délicat.
Je crois que je n’avais pas été aussi emballée par un recueil de nouvelles depuis Flannery O’Connor et Les braves gens ne courent pas les rues. C’est une petite pépite, bien homogène au niveau du décor, avec des personnages singuliers et des destins incroyables.

Dorothy Marie Johnson (1905-1984) a passé son enfance dans le Montana, elle a été rédactrice dans des magazines à New York tout en écrivant des nouvelles. Retournée dans le Montana où elle enseignait, elle est devenue membre honoraire de la tribu Blackfoot.
Et vous, connaissiez-vous cet autrice ?

Contrée indienne de Dorothy M. Johnson, (Indian country, 1948 à 1953), éditions Gallmeister, 2013, traduction de Lili Sztajn, 230 pages.

Aimé aussi par le Bouquineur.

#maiennouvelles

36 commentaires sur « Dorothy M. Johnson, Contrée indienne »

  1. Je l’ai découverte avec un autre recueil « La colline des potences » et j’avais apprécié cette ambiance venue du grand ouest, les descriptions mais surtout les personnages proposés par D. Johnson.
    J’ai le recueil que tu présentes dans ma pal 🙂

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  2. Je ne la connais pas mais je ne demande qu’à la découvrir. D’autant plus que j’aime bien lire des nouvelles.

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    1. Je suis allée relire ton billet. Je n’étais pas prête à le lire à ce moment-là, d’après le commentaire ! 😉
      J’espère que sa disparition a au moins profité à quelqu’un… (ou alors il est enfoui dans un sol ou scellé dans un mur !)

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  3. Une jolie découverte, donc, que je m’empresse de noter. Et je suis rassurée de voir que je ne serai pas la seule à participer « clandestinement » à Mai en nouvelles 🙂 !

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    1. J’avais programmé ces nouvelles depuis un moment, d’autant plus que je prends toujours du temps avant rédiger les billets ! 😉
      Je suis contente de voir que je suis bien accompagnée.

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    1. Non, Electra et Hop sous la couette sont débordées par leur travail, l’une comme l’autre, et n’organisent pas cette année, mais nous sommes plusieurs à lire des nouvelles tout de même.

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  4. je m’aperçois que les nouvelles ne font pas partie de mes lectures de prédilection et c’est un tort car je découvre peu à peu qu’il y a de vraies pépites et ici cela semble le cas…. 🙂

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  5. J’ai un peu de mal avec les nouvelles à la base, les chutes qui vous laissent un peu sur votre faim, ou en plan, le fait d’enchaîner plusieurs courts récits en une fois – effet indigeste, mais il y a quelques exceptions aussi je ne les rejette plus toutes automatiquement. Ce recueil pourrait peut-être me plaire, j’y regarderai de plus près.

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  6. Je ne la connais pas mais je connais les films, adaptations de ses oeuvres : La colline des potences, entre autres ! Tu me donnes envie de les lire, ces nouvelles! C’est vrai que c’est un genre qui peut-être extrêmement fort, puissant, mais il faut pour cela un écrivain hors pair ! (comme les nouvelles de Raymond Carver!)

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  7. l’une des mes premières autrices de nouvelles au temps du western ! un très bon souvenir, ravie que tu aies aimé et merci pour ta participation à ce non challenge !

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  8. J’avais moi aussi adoré ce recueil, et cette découverte m’a entrainée pour un temps durable vers le genre du western … Souvent plus « modernisé », et qui prennent du coup un peu plus parti. Mais Dorothy Mac Joohnson, c’est du pur bonheur !

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  9. comment résister à un avis aussi positif?! et pourquoi résister d’ailleurs! 😉 tu me rappelles que j’ai justement le nouvel ouvrage de Pascal Dessaint en attente, qui est un recueil de nouvelles aussi. l’occasion de m’y plonger. Bonne semaine!

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